Tiers-lieu rural

Courte Échelle fait revivre la friche Carmichael

Depuis près de quatre ans le collectif Courte Échelle est installé sur le site de l’ancienne usine Carmichael à Ailly-sur-Somme. Là il a créé un tiers-lieu ouvert à tous qui promeut l’artisanat et l’expression artistique. La vétusté des lieux et le mauvais état de la toiture poussent cependant le groupe à s’interroger sur son avenir.

Félix, Flore, Lucille, Audrey et Larouille. ©Aletheia Press/ DLP
Félix, Flore, Lucille, Audrey et Larouille. ©Aletheia Press/ DLP

« Nous avions déjà l’expérience d’une occupation d’une friche puisqu’avant le site d’Ailly-sur-Somme nous étions sur une friche à Pont-de-Metz jusqu’à son rachat » explique Flore du collectif Courte Echelle. Après des négociations avortées pour s’installer sur le site Cosserat à Amiens, le groupe a été contacté par le gestionnaire de la SCI propriétaire de l’usine Carmichael à Ailly-sur-Somme. « L’endroit était à l’abandon et régulièrement vandalisé, c’était une façon de lui redonner vie et de l’entretenir aussi » ajoute-t-elle.

Un lieu d’ouverture

Courte Echelle, qui regroupe 10 associations est un tiers-lieu à mi-chemin entre l’artisanat et l’expression artistique. Architecte, peintre, street-artiste, ferronnier, tapissier, ébéniste, menuisier… les compétences développées par Courte Echellessont multiples. Toutes peuvent servir pour des prestations marchandes. Par exemple pour le festival de la BD d’Amiens, la réalisation de décors de théâtre ou pour des ateliers à destination du grand public. « Ici nous sommes vraiment sur un territoire rural où les habitants sont peu habitués à la pratique artistique. La première année nous avons monté un festival de fanfares qu’ils ont aidé à préparer » raconte Flore.

Courte Échelle est installé à Ailly-sur-Somme depuis quatre ans. ©Aletheia Press/ DLP

Un premier contact qui a permis au collectif de 180 adhérents de pousser la démarche dès l’année suivante. « Nous avons proposé des ateliers, organisé le tournage d’un clip sur trois jours », ajoute-t-elle. Une médiation culturelle et artistique rurale qui s’accompagne aussi d’accueil de stagiaires, issus notamment du lycée professionnel de l’Acheuléen pour les accompagner sur des projets spécifiques. « Nous ne faisons pas ça pour nous amuser, nous avons une méthodologie, une rigueur et une vision professionnelle de tout ce que nous proposons », pointe Choko, un autre membre du collectif.

Une situation précaire

Identifié comme ressource aussi bien technique que sociale, Courte Échelle a cependant souffert des deux années de crise sanitaire et montre une certaine fatigue devant le peu d’intérêt des pouvoirs publics. 

« Des villes comme Nantes ou Bordeaux ont compris ce que pouvaient apporter des tiers-lieux comme le nôtre. Ici, nous pouvons compter sur le soutien de la mairie et nous avons obtenu des financements de la Direction régional des affaires culturelles (Drac) sur certains projets, mais globalement les moyens manquent, détaille Choko. Avant d’ajouter : Il faudrait refaire la toiture parce qu’aujourd’hui, sur les 7 000 m² de l’usine, la moitié seulement est utilisable. »

Le collectif évalue le besoin de travaux à 4 ou 5 millions d’euros. « On se demande s’il est acceptable de recevoir des stagiaires ou du public dans ces conditions. Clairement la question de notre départ est sur la table », reconnaît Flore. Amiénois et attachés à ce territoire, les membres Courte Échelle n’envisagent cependant pas de s’installer ailleurs que dans le Grand Amiens, là où ils exercent depuis plus de 15 ans.