Coup d’arrêt ?
La France à l’arrêt, il ne faut pas le souhaiter, mais cela en prend le chemin ! Si bon nombre n’y croyaient pas la semaine dernière lors des journées de mobilisation contre la réforme des retraites des 7 et 11 mars, les voyants contestataires virent rapidement au rouge vif en matière de blocage en tous genres.
Certaines prémices se sont faites ressentir ces derniers jours avec des blocages de raffineries, des actions sur les grands axes routiers, des coupures d’électricité intempestives et ciblées. Le 15 mars, une nouvelle journée de mobilisation est programmée, le jour même d’une réunion de la commission mixte paritaire réunissant sénateurs et députés. Dans la région et notamment à Nancy, la manifestation lors des deux dernières journées de mobilisation a été forte, plus importante que celle enregistrée le 31 janvier dernier. Au total de Metz, à Nancy en passant par Toul, Longwy Épinal, Saint-Dié-des-Vosges, Bar-le-Duc ou encore Verdun, ce ne sont pas loin de 50 000 manifestants comptabilisés en Lorraine. Si les rues étaient donc bien remplies, les différentes zones d’activité des agglomérations avaient quasiment leur lot classique de collaborateurs à l’image du technopôle de Brabois dans l’agglomération nancéienne où la cohorte traditionnelle de véhicules était bien présente. Signe d’un paradoxe de taille ! D’un côté une France qui se veut fortement mobilisée, et qui peut se mobiliser, contre cette réforme des retraites sur laquelle on commence réellement à perdre son latin et de l’autre des collaborateurs de TPE et de PME (réel moteur de l’économie des territoires), tout autant opposés à la réforme, qui tentent vaille que vaille d’accéder à leurs postes de travail pour faire tourner, et dans certains cas, remettre à flot des entreprises déjà bien fragilisées par la conjoncture actuelle. «L’économie locale ne peut pas se permettre d’être prise en otage», interpellait dans un communiqué du 6 mars Richard Papazoglou, le président de la CCI Meuse Haute-Marne. «Bloquer notre économie et nos centres-villes s’apparente ni plus ni moins à un suicide collectif (...) Covid, flambée des factures énergétiques, trésorerie fragile, inflation galopante, nos entreprises souffrent. Un signe qui ne trompe pas : nos tribunaux de commerce ne chôment pas.» Aujourd’hui, les discours s’opposent, la colère monte de tous les côtés et le fossé continue inexorablement à se creuser. Un vrai dialogue de sourds...