Filière industrielle

Roubaix : Corrosia se fait un nom sur le marché de l'inspection

Spécialisée dans le contrôle de structures métalliques et de peintures anticorrosion, la société Corrosia installée à Roubaix a été sélectionnée dans le cadre d'un appel à projets portant sur la gestion innovante des ponts lancé par l'Etat et le CEREMA. Un tremplin considérable pour Corrosia dont le nom résonne désormais au delà des frontières régionales... et nationales.

Victor Rodriguez, dirigeant de Corrosia et ingénieur en qualité structures métalliques.
Victor Rodriguez, dirigeant de Corrosia et ingénieur en qualité structures métalliques.

Tout commence en 2014. Alors chef d'atelier dans la région lyonnaise, Victor Rodriguez décide de poser ses valises dans le Nord et fonde la société Corrosia spécialisée dans le contrôle de peintures anticorrosion. «Il n'y avait que très peu de contrôleurs sur le marché en France à l'époque. L'objectif était de répondre aux besoins d'une importante clientèle» raconte Guillaume Sloboda, assistant commercial. D'abord seul, le dirigeant est vite rejoint par un expert en qualité, sécurité et procédures, ce qui permet à la jeune pousse de franchir un cap rapidement. «Cela a permis à la société de passer plusieurs certifications notamment ISO 9001 sur le management de la qualité et sur le côté sécurité avec le MASE .

Une diversification qui a porté ses fruits

Depuis, l'entreprise installée à Roubaix a bien grandi. De six collaborateurs, l'équipe devrait passer à un effectif de 10 personnes d'ici fin septembre. «Nous commençons à grossir et surtout à nous diversifier» note Guillaume Sloboda. Si à l'origine, Corrosia est experte en contrôle de peintures anticorrosion notamment pour les plateformes pétrolières, elle a, au fil des années, adopté une stratégie de diversification. «Nous nous sommes aperçus qu'en arrivant sur les sites, le contrôle peintures était rarement suffisant, il était plutôt question de refaire toute la structure. C'est ainsi que nous sommes devenus experts en contrôle métal et soudure sur des structures métalliques». 

Outre cette expertise, Corrosia a également ajouté une corde à son arc à savoir le contrôle de la fabrication dans les ateliers de structures métalliques. «Nous pouvons aujourd'hui contrôler directement la fabrication dans les ateliers, puis contrôler les structures sur site et par la suite proposer un plan d'inspection de la structure à moyen terme ou même un accompagnement dans les plans de structures».

Clients dans le nucléaire, l'énergie, l'industrie...

«Nous souhaitons éviter de trop se diversifier pour pouvoir garder le côté expert du métier. Même si nous sommes encore petit en taille, nous commençons à avoir une renommée au delà de la région et des frontières». Depuis 2016, Corrosia intervient partout à travers l'Hexagone mais aussi en Espagne, en Italie ou encore en Belgique et aux Pays-Bas dans le secteur de l'éolien off-shore notamment. Dans son portefeuille clients, Corrosia compte principalement des grands comptes issus du nucléaire, de l'énergie, de l'électricité.

Mais elle accompagne aussi des collectivités comme la Métropole Européenne de Lille, quelques départements, des communautés d'agglomération... Celles-ci représentent actuellement 25% des clients. «Pour les collectivités comme la MEL par exemple, un client historique, nous sommes appelés pour tout ce qui concerne les ponts ou les passerelles ou encore les projets de rénovation afin de contrôler les structures métalliques comprenant à la fois le contrôle du métal, du plomb et de l'amiante».

Lauréat de l'APP portant sur les ponts connectés

Dans le cadre de l'appel à projets portant sur les ponts connectés et la gestion innovante des ponts lancé par l'Etat et le CEREMA en collaboration avec la MEL, Corrosia et la start-up technologique Weaverize ont été nommés parmi les 11 lauréats. «Nous étions le petit poucet des lauréats avec, en face de nous, des gros noms du contrôle. Nous avions répondu sans trop y croire et, finalement, c'est une belle surprise et un réel tremplin pour notre développement». 

Dans le cadre de cet appel à projets, Corrosia développe actuellement deux outils. A commencer par une Intelligence Artificielle qui, à partir d'images captées, va pouvoir détecter tous les désordres qui peuvent être présent sur des ouvrages (ponts, voiries, etc...). Dans un second temps, après avoir pu traiter les données, la société a l'ambition de créer des lunettes d'inspection avec de l'IA intégrée pour faciliter les missions des inspecteurs. A terme, Corrosia souhaite accélérer sur le développement de nouveaux outils tels que des perches ou des drones indoor notamment pour pouvoir contrôler les canalisations par exemple.

Sur un marché de niche important, mais jugé «insuffisamment développé par les donneurs d'ordres», Corrosia regrette le faible nombre de diplômés dans cette filière. Cependant, malgré les difficultés de recrutement, la société roubaisienne multiplie les projets et poursuit sa montée en puissance.  

Depuis la catastrophe du pont de Gênes en août 2018, une prise de conscience a été constatée et la demande de contrôle d'ouvrages a connu une forte hausse.