Comité de bassin Artois-Picardie et de l'Agence de l'eau Artois-Picardie
«Continuer à se développer avec une ressource limitée»
Le SDAGE (Schéma directeur d’aménagement et de gestion des eaux) a été voté à l'unanimité fin mars 2022. «Du jamais vu» selon le Comité de bassin Artois-Picardie et l'Agence de l’eau Artois-Picardie qui nous dévoilent les grandes lignes de ce plan d'action à six ans et les enjeux à venir pour le territoire des Hauts-de-France autour de la ressource en eau.
Le
SDAGE voté à l'unanimité fin mars est un grand pas en avant pour
les acteurs de l'eau en région comme en atteste André
Flajolet, président du Comité de bassin Artois-Picardie :
«Cela
démontre la montée en puissance de la
conscience collective de la gouvernance de l'eau.» Construit durant deux ans et demi, le SDAGE intègre les nouvelles
missions fixées par le gouvernement. Il doit répondre à deux
enjeux majeurs d'ici les six prochaines années à la fois sur
l'aspect qualitatif et quantitatif de l'eau.
Améliorer les cours d'eau
Tripler le rythme
d’amélioration de l’état des cours d’eau sur les six
prochaines années en région figure parmi les objectifs majeurs du
SDAGE. Restaurer le bon état des eaux représente un
défi immense, néanmoins «possible» selon
Thierry Vatin, directeur général de l'Agence de l'eau Artois-Picardie : «Nous
avons réussi à gagner une vingtaine de cours d'eau en bon état sur
20 ans, les progrès sont remarquables car nous partons de très
loin. Le challenge est énorme, mais pour y parvenir il faut une
convergence des acteurs.»
Désormais, l'objectif est d'arriver à 50% de cours d'eau de
qualité en 2027 contre 22% en 2017. «Le Nord - Pas-de-Calais est un territoire spécifique avec beaucoup de
problèmes de pollution des eaux dû à son passé industriel et, par
la suite, une urbanisation qui est partie dans tous les sens. L'enjeu
est de faire coller les interventions avec les objectifs. Nous savons
exactement quelles actions mettre en place.»
Continuer à se développer avec une
ressource limitée
La quantité des eaux représente le deuxième enjeu colossal pour les acteurs de l'eau et pourtant il demeure un «enjeu invisible» selon l'Agence de l'eau Artois Picardie. Aujourd'hui, 95% de l'eau du bassin est pompée dans les nappes. Parallèlement, les usages agricoles ont triplé en cinq ans et on constate de plus en plus d'usages urbains. «Si les nappes ne se rechargent pas assez, on arrive à un point de rupture. Nous regrettons que les citoyens n'aient pas encore tous conscience que la ressource en eau est limitée.»
Si le monde agricole est en train de comprendre qu'on ne peut pas continuer sur le même modèle compte tenu du changement climatique, l'enjeu est de se demander «comment adapter nos cultures et comment innover» résume le Comité de bassin Artois-Picardie. Ainsi, le SDAGE vise à répondre à trois enjeux, à savoir continuer à se développer avec une ressource limitée, refaire des «villes éponges», autrement dit des villes perméables pour que l'eau puisse s'infiltrer, et enfin préserver toutes les zones naturelles. «Ce qu'il faut retenir, c'est que beaucoup de progrès sont faits alors que nous revenons de très loin sur le bassin», concluent les acteurs de l'eau.
Le saviez-vous ?
On compte aujourd'hui :
- 350 litres d'eau* utilisés par personne en France par jour
- 700 litres d'eau* utilisés par personne aux Etats-Unis par jour
- 10 litres d'eau utilisés par personne en Afrique subsaharienne par jour
*Cela comprend tous les usages (alimentaire, sanitaire, etc.).