Construire une nouvelle région, à la hauteur des enjeux

Le conseil régional, la préfecture, les conseils départementaux ; la Mel et le Ceser vont plancher pendant trois ans sur la mise en œuvre du Schéma régional d'aménagement, de développement durable et d'égalité des territoires (Sraddet), qui sera adopté en 2019. Et les enjeux sont nombreux.

Coup d’envoi pour les travaux autour du Sraddet. Trois ans, c’est le délai fixé au conseil régional, et à tous ses partenaires, pour réussir à faire, très concrètement, du Nord-Pas-de-Calais et de la Picardie, une seule grande région. « Il faut établir le projet fondateur de ce nouveau territoire, exposait, en préambule d’un colloque organisé mi-novembre, Laurent Degroote, le président du Ceser. « Il faut que nous parvenions à vivre tous ensemble dans une région avec une identité forte, qui ne soit pas la simple addition de différents projets territoriaux. Il faut des orientations claires, structurantes, et ambitieuses. »

Problématiques multiples. 70 élus régionaux, de tous niveaux, ont été désignés pour travailler sur le sujet, de conserve avec les services de l’Etat, le Ceser, et la Conférence territoriale de l’Action publique. Et les travaux autour de l’élaboration du Sraddet devront s’attacher à résoudre des problématiques multiples, prévient Valérie Létard, la 1ère vice-présidente de la région, chargée de piloter le projet. « La grande région, c’est 6 millions d’habitants, 137 intercommunalités, une métropole, et six pôles métropolitains en création. On a d’un côté, le continuum urbain de la Mel, et de l’autre, l’hyper-ruralité de l’Aisne et de l’Oise. Il faut compter avec une  forte dynamique transfrontalière, une immense façade maritime, et une attraction francilienne… Surtout, pour l’instant, nous avons deux contrats de plan Etat-Région, et deux plans européens, pour une seule et unique région. Il va falloir les faire converger peu à peu, mais ils n’ont pas les mêmes contenus, pas les mêmes ambitions, pas les mêmes déclinaisons. Il va falloir les modifier autant que possible, mais sans courir le risque de perdre des fonds. »

Un exercice délicat, sur fond de contexte socio-économique plus que tendu. Mais la région saura se rassembler dans un élan commun, assure pour sa part Laurent Degroote. « Il faut bien sûr faire attention à la fracture des territoires.  Mais nous avons de la chance, puisque nous avons une vraie homogénéité dans la diversité, les habitants sont les mêmes ils ont la même volonté de s’en sortir. Et même les territoires ne sont pas si différents,  la Mel par exemple, est rurale à 43%, ce qui est assez exceptionnel en France. Et d’autre part, nos zones rurales ont bien des atouts à développer pour la région, avec notamment les enjeux de l’agroalimentaire et de la biochimie. Nous avons de nombreuses pépites dans tous les domaines, et il nous fait développer encore plus les réseaux et les synergies, pour avancer ensemble, loin de toute approche individualiste. C’est cela la priorité, du point de vue du Ceser. »

7 territoires. Dans cette réflexion, la région a identifié sept territoires qui, feront office de terrain d’observation et de laboratoire. Trop peu aux yeux du Ceser, qui regrette notamment que les départements picards tout entiers fassent partie de l’échantillon. « Il faut procéder au niveau chirurgical, au plus petit échelon possible estime Laurent Degroote. De toute façon, c’est du territoire que tout partira ensuite, le Sraddet ne pourra pas être quelque chose d’imposé, il doit être élaboré et mis en place dans le dialogue. » Un dialogue semble bien parti pour s’instaurer tout au long de ces trois années de réflexion autour du Sraddet. Rendez-vous en 2019.