Consommer moins pour produire plus : un nouveau mantra chez Etex
Le 9 novembre, Olivia Grégoire, ministre des PME et PMI était à Auneuil, en visite chez Etex France pour découvrir les projets de décarbonation de la production de plaques de plâtre.
La décarbonation de l'industrie ? Cette fois c'est vraiment parti. Trente-deux ans après le premier rapport du GIEC sur les changements climatiques, et alors que se tient la 27e COP à Charm-El-Cheikh, les ministres français sont envoyés sur le terrain pour mettre en lumière l'action gouvernementale dans les industries françaises. Ainsi le 9 novembre, Olivia Grégoire, ministre déléguée chargée des Petites et Moyennes Entreprises, du Commerce, de l’Artisanat et du Tourisme, est sortie un peu des prérogatives de son ministère pour visiter l'entreprise d'Etex France à Auneuil.
Ici, 160 tonnes de gypse sont amenées chaque jour par 100 camions, puis transformées quotidiennement par 170 salariés (en cdi ou intérimaires) 355 jours par an. Au total, 48 millions de m² de plaques de plâtres de la marque Siniat y sont produits chaque année et en repartent chaque jour vers des points de distribution dans tout le nord de la France, du Finistère à la Belgique, en passant bien sûr par l'Île-de-France. L'usine consomme ainsi 40 mètres cubes d'eau par heure et une quantité de gaz importante pour, notamment, sécher les plaques. Un terrain idéal pour lancer un grand chantier de décarbonation. « Nous avons une politique RSE très poussée et très volontaire, dans laquelle nous avons intégré le projet de décarbonation de notre process de fabrication qui est très énergivore », expose Valérie Lebon, la Directrice générale d'Etex France Building Performance.
Un nouveau séchoir à 18 M€
Cela n'a rien d'un petit effort... À Auneuil, ce sont 30 millions d'euros qui sont mobilisés sur le site de 24 hectares. Pour l'optimisation du stockage et de la logistique, d'abord, mais aussi et surtout pour le remplacement du séchoir. 18 M€ (soutenus à hauteur de 4,4 M€ par l’État) sont engagés pour remplacer ce mastodonte de 200 m de long. Le nouveau matériel, qui devrait être opérationnel en janvier, permettra de réduire de 20% la consommation de gaz de l'usine, mais aussi d'augmenter la vitesse de séchage et donc la productivité.
« Il y a ici un outil impressionnant et tout est en train d'évoluer, a commenté Olivia Grégoire à l'issue de la visite du site industriel. On peut voir concrètement qu'on peut produire plus, tout en consommant moins d'énergie. La croissance durable, ce n'est pas un concept, mais bien une réalité. » Et la hausse des coûts de l'énergie de ces derniers mois n'est pas sans motiver un peu plus les industriels à évoluer.
D'ailleurs, Etex France envisage de réduire encore davantage ses consommations de gaz, grâce à l'utilisation de la chaleur qui serait émise par une PMI peut être amenée à s'installer sur la zone de Simancourt. « La récupération de cette chaleur nous permettrait de diminuer encore de 60% notre consommation de gaz »,défend le directeur du pôle industriel Nord chez Etex.
1 milliard d'euros fléché sur les PME/PMI
Ces évolutions, l’État entend bien continuer à les accompagner. Cinq milliards d'euros ont ainsi été mis sur la table par Emmanuel Macron le 8 novembre à l’Élysée, devant les 50 entreprises les plus polluantes de France. « C'est, je crois, le rôle de l’État que d'impulser cette stratégie, et de co-investir aux côtés des acteurs économiques pour leur permettre de se décarboner », a commenté Olivia Grégoire.
Elle insiste aussi sur le rôle moteur que doivent jouer les grands groupes dans cette évolution, auprès des PME/PMI dont elle a la tutelle. « Nous avons ici une entreprise très inspirante et qui fait travailler des entrepreneurs en aval et à leurs côtés et qui les embarque dans cette décarbonation. Au cœur des cinq premiers milliards, annoncés par Emmanuel Macron, 20 % sont directement consacrés aux PMI, qui sont un peu moins de 30 000 en France, pour aussi les engager dans la décarbonation ».
Neuf sites en Hauts de France parmi les 50 les plus émetteurs de gaz à effet de serre
Parmi les 50 sites industriels les plus émetteurs de gaz à effet de serre, réunis, le 8 novembre à l’Élysée, neuf sont situés dans les Hauts-de-France.
Dans le Nord, on trouve ainsi le site Arcelor Mittal à Dunkerque, Versalis France à Mardyck et Aluminium Dunkerque. Du côté du Pas-de-Calais, il s’agit du site de Chaux et dolomies du boulonnais à Réty, celui d’Eqiom à Lumbres, de Roquette à Lestrem, la Verrerie d’Arques et Tereos à Lillers. Enfin, le dernier site appartient à Tereos à Orgny, dans l’Aisne.
En comptabilisant l’ensemble des émissions de gaz à effet de serre que rejettent ces sites, les Hauts-de-France se hissent à la deuxième place des régions les plus polluantes de France, juste derrière le Grand-Est. La totalité des 50 sites les plus émetteurs représentent aujourd’hui 43 millions de tonnes équivalent CO2 c’est-à-dire 55% des émissions de l’industrie. L’objectif pour ces 50 sites est de diviser par deux leurs émissions de gaz à effet de serre d’ici dix ans.