Conjoncture: Le moral des ménages et des dirigeants s’améliore
Après une période morose engendrée par la crise du Covid-19, les indicateurs de l’Insee reprennent des couleurs. Dans ce sens, les dépenses des ménages français ont fortement augmenté en mai, même si elles restent inférieures de 7,2 % à leur niveau d’avant confinement. Le climat des affaires s’est pour sa part nettement redressé en juin, enregistrant un rebond historique. Voilà qui est de bon augure pour la croissance des prochains trimestres.
La consommation rebondit
En mai, la consommation des ménages a augmenté par rapport à avril, mais reste inférieure de 7,2 % à son niveau de février. Ce constat est confirmé par l’Insee dans sa note publiée le 30 juin dernier. Ce rebond s’explique mécaniquement avec le déconfinement progressif entamé à partir du 11 mai. Dans le détail, la consommation de biens fabriqués a progressé, sans pour autant retrouver son niveau d’avant crise. Celle-ci reste relativement faible vu le niveau bas des achats de biens durables (matériels de transport et équipements de logement) et des dépenses en habillement-textile. Le même schéma s’applique aux dépenses énergétiques restées en retrait par rapport à celles de février (- 14,3 %), en raison de la baisse des prix du pétrole et de la réduction des déplacements. D’autre part, une hausse de 4,1 % a été enregistrée au niveau des dépenses alimentaires. Cette augmentation peut notamment s’expliquer par le changement des habitudes nutritionnelles des Français pendant le confinement.
Des ménages plus confiants
Autre signal positif, les ménages reprennent confiance. Selon l’enquête mensuelle de conjoncture de l’Insee, publiée le 26 juin 2020, l’indicateur, calculé sur la base de soldes d’opinion, a grimpé de 4 points, atteignant 97 au mois de juin. Cette valeur reste toutefois, là encore, en deçà de sa moyenne de long terme, fixée à 100, note l’Institut. En outre, l’’opinion des ménages sur leur situation financière future s’est notablement améliorée (+ 12 points). De surcroît, l’opportunité de faire des achats importants a aussi nettement augmenté (+ 31 points), revenant ainsi à sa moyenne de long terme, après cinq mois consécutifs de baisse, souligne l’Institut de la statistique. Concernant leur situation économique, les Français ont exprimé leur optimisme vis-à-vis de leur futur niveau de vie, avec un indicateur en hausse de 17 points, par rapport aux données de mai. En revanche, les craintes des ménages concernant l’évolution du chômage se sont accrues légèrement, alors que l’on s’attend à une hausse significative des demandeurs d’emploi. Le solde correspondant a gagné 2 points, atteignant le pic de juin 2013. Dans ce contexte, l’opinion des Français sur leur capacité d’épargne a progressé d’un point en juin, s’établissant à un niveau inférieur à sa moyenne de longue période.
Le climat des affaires se redresse nettement
Côté entreprises, après le déconfinement et la reprise progressive de l’activité, les dirigeants reprennent espoirs : le climat des affaires en France s’est nettement redressé, en juin, enregistrant même un rebond historique. L’indicateur synthétique de l’Insee, calculé à partir des réponses des chefs d’entreprise des principaux secteurs d’activité marchande, a connu sa plus forte hausse mensuelle (+ 18 points) depuis son lancement en 1980, pour atteindre 78 points en juin. Cette amélioration s’explique notamment par le regard plus optimiste que portent les chefs d’entreprise sur leurs perspectives d’activité dans tous les secteurs. Le climat des affaires reste toutefois en deçà de sa moyenne de longue période (100 points). Simultanément, le climat de l’emploi continue lui aussi à se redresser. Son indicateur gagne en effet 13 points et s’établit à 66, soit sa plus forte progression mensuelle depuis 1991. Néanmoins, il demeure très éloigné de sa moyenne de long terme (100). Le moral des ménages et celui des dirigeants constituent des facteurs clés pour évaluer le redressement de l’activité. Il importe qu’ils gardent leur enthousiasme au fil du temps pour mieux résister aux conséquences économiques de la crise sanitaire.
Jihane MANDLI et B.L