Économie
Conjoncture : l’activité entre en mode résistance
L’Insee Grand Est vient de faire paraître sa note conjoncturelle du 1er trimestre 2022. Après plusieurs mois de relative bonne santé de l’activité elle apparaît aujourd’hui marquer le pas dans la quasi-totalité des secteurs. Une donne corroborée par les tendances régionales de la Banque de France du début du mois. Si une certaine stabilité semble se dégager les entreprises apparaissent, de nouveau, entrer en résistance.
L’activité et l’emploi marquent le pas ! Tout est dit, ou presque, dans le titre de la dernière note conjoncturelle régionale de l’Insee Grand Est parue le 12 juillet et concernant le 1er trimestre 2022. Premier signe indicateur de ce changement de cap certain (et durable ?) : l’emploi ! «Au 1er trimestre 2022, dans le Grand Est, l’emploi interrompt sa progression entamée début 2021. L’emploi salarié est stable après quatre trimestres de hausse. Entre fin mars 2019 et mars 2022, il a augmenté, grâce au fort démarrage de l’économie en 2021.» Reste que cette hausse enregistrée à l’époque est surtout le fait de la hausse du nombre d’alternants (salariés en apprentissage ou en contrat de qualification). «Ils ont contribué pour moitié à cette croissance de l’emploi.» Cette certaine stabilité de l’emploi révèle surtout des disparités départementales importantes. En Meurthe-et-Moselle, en Moselle et dans le Bas-Rhin il est en baisse (entre - 0,4 % et - 0,2 %) tandis qu’il continue d’augmenter dans l’Aube, le Haut-Rhin, les Ardennes et la Meuse (entre + 0,2 % et + 0,4 %).
La chute de l’emploi en intérim, de l’ordre de 2,7 % au 1er trimestre 2022, est également un indicateur révélateur d’une situation délicate qui semble s’installer. Le Grand Est avec la Guadeloupe sont les deux seules régions de France où l’emploi n’a pas augmenté au 1er trimestre (au niveau national, l’emploi est en hausse de 2,8 % sur cette période).
Incertitudes significatives
Côté activité économique des entreprises, «elle demeure à son niveau d’avant-crise au premier trimestre 2022 avec un volume de travail même supérieur dans les secteurs de la construction et des services tandis que l’industrie a continué de pâtir des difficultés d’approvisionnement et de la hausse des prix», soulignent les statisticiens de l’Insee Grand Est. Un premier trimestre dans des tendances changeantes par rapport aux trimestres de 2021 où la reprise était bien palpable. Quid de la situation à l’instant T ? Dans ses tendances régionales parues le 18 juillet, la Banque de France corrobore ses signes de changement. «L’activité industrielle progresse très légèrement en juin. Les branches de l’alimentaire comme de la fabrication d’équipements électriques, électroniques et autres machines enregistrent des cadences en retrait», note la Banque de France.
«Les services marchands marquent le pas après plusieurs mois d’embellie. Les prestations d’ingénierie études techniques comme de travail temporaire font exception, leur progression est toute bridée par des difficultés récurrentes de recrutement.» Côté BTP : «les chantiers de construction bénéficient de conditions climatiques favorables. Le courant d’affaires progresse d’un trimestre sur l’autre dans les travaux publics. Un fléchissement de l’activité dans le bâtiment et en particulier dans le second œuvre est à souligner.» Dans le chapitre perspectives, délicat de se projeter.
«Pour ce mois de juillet, l’activité serait en léger repli dans l’industrie et progresserait modérément dans les services marchands et évoluerait peu dans le bâtiment. Ces perspectives restent toutefois entourées d’une incertitude significative pour chacun des trois secteurs», note la Banque de France dans son point conjoncturel national de début juillet. «Dans un environnement difficile marqué par la guerre en Ukraine et les fortes tensions sur les marchés des matières premières, l’activité continue de résister même si les chefs d’entreprise font état de perspectives en demi-teinte», assure la Banque de France. Résistance et résilience semblent être les maîtres-mots de la rentrée prochaine...
Recrutement : l’impasse ?
58 % des entreprises assurent avoir des difficultés de recrutement. C’est le plus haut niveau enregistré par la Banque de France dans ses enquêtes mensuelles depuis qu’elle a débuté à interroger les entrepreneurs sur ce sujet en 2021. L’an passé en cette même période de fin juillet, elles étaient 37 % à affirmer rencontrer cette typologie de difficultés. Parmi les dix secteurs présentant les plus fortes proportions de difficultés de recrutement, huit correspondent à des activités de services.