Clara Corvée de Prêt à Pousser
Clara Corvée de Prêt à Pousser: «Comment faire plus local qu'une salade qui a poussé sur le comptoir de la cuisine ?»
Prêt à pousser, la start-up qui propose des petits potagers modulables d'intérieur, a vu ses ventes tripler lors du premier confinement. Au début du mois, elle s'est envolée pour Las Vegas, direction le CES, Consumer Electronic Show, salon grand public dédié aux produits high-tech et à l'innovation numérique.
Comment passe-t-on d'une «Boîte à champignons» en carton au plus grand salon high- tech du monde ?
En 2013, Romain et Jérôme, camarades de promotion d'une école de commerce, ont eu envie de monter un projet, qui corresponde aussi au goût de Romain pour la nature. Ils ont alors lancé la «Boîte à champignons», en carton, qui permet de les faire pousser. Puis, les fondateurs de Prêt à pousser ont eu envie d'aller plus loin. À partir de 2016, après ce premier produit low tech, ils ont proposé des potagers d'intérieur, basés sur un système breveté. Ils utilisent l'hydroponie, la culture dans l'eau. Et une application offre plusieurs services, dont la commande du dispositif de luminosité. Au fil des années, Prêt à pousser a proposé plusieurs versions de potagers, en diversifiant leur design. Le nouveau, Multo, présenté au CES de Las Vegas, sera commercialisé au printemps. Celui-ci bénéficie d'un saut technologique qui permettra aux plantes de vivre plus longtemps. Aujourd'hui, l'entreprise compte une vingtaine de salariés, dont quatre se consacrent à la recherche et développement.
Comment expliquez-vous la croissance de l’entreprise ?
Lors du premier confinement, entre mars et mai 2020, nous avons multiplié nos ventes par trois par rapport à la même période de l'année précédente ! Les gens avaient des envies de «vert», d'activités, de faire la cuisine... Or, nos produits proposent une activité ludique, de la décoration, de l'alimentation, y compris avec une dimension de traçabilité des ingrédients. Comment faire plus local qu'une salade qui a poussé sur le comptoir de la cuisine ? Mais cet engouement s'inscrit dans une tendance de fond : depuis plusieurs années, nous constatons une sensibilité croissante au naturel, au végétal. Le sujet touche de plus en plus de personnes. Une étude de Kantar sur «Les Français et le végétal», réalisée en 2021, le confirme. Cela se lit aussi dans le développement de l'offre : au début, les distributeurs ne savaient pas trop où positionner nos produits dans les rayons. Aujourd'hui, là où nous sommes présents, par exemple chez Boulanger ou Truffaut, les concurrents sont nombreux.
Qui sont vos clients, et quels usages font-ils de vos potagers d'intérieur ?
Pour l'essentiel, notre clientèle est urbaine. Toutefois, les potagers d'intérieur présentent des caractéristiques qui peuvent aussi intéresser des clients en milieu rural. En particulier, le fait que les plantes poussent toute l'année, car elles ne sont pas soumises aux aléas climatiques. Par ailleurs, certains de nos clients se servent des potagers comme «nurseries», pour démarrer la croissance des plantes qu'ils vont ensuite planter en pleine terre. Autre spécificité, pour l'essentiel, nous nous adressons aux particuliers : composé de trois ou quatre pots, un potager d'intérieur est adapté à l'usage d'un couple ou d'une famille. Et parmi les 70 variétés de plantes que nous proposons, basilic, menthe et ciboulette sont les plus demandés. Persil et coriandre viennent ensuite. Mais nous avons aussi fait un carton avec la fraise... Au-delà de notre clientèle de particuliers, des professionnels ont adopté nos produits : un restaurant parisien, et également d'autres entreprises, ont utilisé des Modulo, qui peuvent être accrochés au mur, afin de végétaliser leur espace.
Propos recueillis par Anne DAUBRÉE