Coiffure: Vicky coiffe authentique
Victoria Schweitzer est artisan depuis bientôt neuf ans. Voyage dans un quotidien où coiffure veut dire bien plus de cho
«À quinze ans, j’ai accompagné ma mère chez le coiffeur et c’est là que j’ai eu le déclic», se souvient Victoria Schweitzer, que tous ses clients appellent Vicky. Ses années d’apprentissage, elle les passe auprès de maîtres qui lui inculquent tant les bases que les valeurs de la profession, aussi bien chez Sergio Coiffure à Villers-lès-Nancy que chez Patricia Mulet à Colombey-les-Belles. L’élève est douée, apprend vite et bien. Après l’obtention d’un CAP, elle se dirige vers un brevet professionnel. Autres décors mais même rigueur à l’école Mireille à Nancy et chez Sylvie à Toul. Brevet professionnel en poche, Victoria Schweitzer ponctue son cursus par une formation en maquillage professionnel, spécifque notamment pour les mariages. La suite ? Elle la raconte avec enthousiasme : «Tout de suite, j’ai eu cette ambition d’être à mon compte alors je me suis installée !» Nous sommes en 2007. Elle a vingt ans quand elle ouvre «Vicky Coiff ». Rapidement, le bouche à oreille fonctionne. On cause en bien de ce salon situé dans le cadre médiéval de Toul. En 2011, déménagement pour des locaux plus vastes, non loin de là. La clientèle suit et l’esprit convivial demeure. Il est une chose à laquelle Victoria Schweitzer tient avant tout : «Trois jours par semaine, je coiffe les personnes handicapées à leur domicile». Coiffeuse au quotidien, c’est quoi ? La professionnelle répond avec l’expérience qui est la sienne : «Un métier où il faut faire preuve de polyvalence. On y apprend d’abord les techniques avant de s’attacher au côté artistique. Je fais trois formations tendances par an. Deux de mes fournisseurs, Royale Coiffure et Schwarzkopf, les assurent.» En somme, ne jamais se reposer sur ses lauriers et demeurer en recherche des innovations.
Les valeurs de l’artisanat
De son parcours, Victoria Schweitzer tire presque une leçon de vie : «À 20 ans, on veut tout déménager puis on se calme». Au gré de ses mots se dessine l’existence de la jeune maman artisan qu’elle est. Sans langue de bois, pas le style de la maison, elle note : «Je dois faire quelque chose comme 50 à 60 heures hebdomadaires. J’ai appris à organiser ma vie de famille et mon travail. C’est un choix.» Puis, jetant un regard, parfois désabusé, sur la relève de sa profession : «Beaucoup de jeunes ne sont pas aptes pour évoluer dans le milieu du travail. Le décalage me semble immense entre la théorie de leurs études et la réalité professionnelle. Je leur donne d’abord le conseil d’être à l’écoute de leurs patrons et d’être humble. Sur ce que j’observe, les notions d’efforts et de travail bien fait ne sont plus si évidentes aujourd’hui que lorsque j’ai débuté.» Actuellement, elle suit avec la Chambre de métiers et de l’artisanat de Meurthe-et-Moselle des modules tant pour manager une équipe que gérer un apprenti. Sur le sujet des charges qui pèsent sur tant d’artisans, elle lâche, laconique : «Cela ne me pose pas de souci. J’ai intégré rapidement qu’il fallait que je paie ma liberté.» Récemment, Victoria Schweitzer a coiffé les participantes d’un défilé de mode à Nancy. Quant aux années futures, elle ne manque pas d’ambitions légitimes : «Passer un brevet de maîtrise pour à mon tour dispenser des formations, trouver un collaborateur fable et éditer un livre de mes modèles de chignons réalisés. «J’en ai créé 150 ! » conclut la pétillante Vicky.