Clouterie Rivierre : la dernière clouterie de France

Créée en 1888 à Creil, la Clouterie Rivierre est toujours là et dans les mêmes locaux. C’est même la dernière clouterie de France car l’activité a subi une baisse des demandes et donc de production. Seule Rivierre a su se diversifier et créer de nouvelles gammes de clous pour résister au temps. Elle est dirigée depuis 2006 par Luc Kemp.

François Beguyn, outilleur depuis plus de 30 ans, fabrique les pièces qui iront dans la machine.
François Beguyn, outilleur depuis plus de 30 ans, fabrique les pièces qui iront dans la machine.

 

François Beguyn, outilleur depuis plus de 30 ans, fabrique les pièces qui iront dans la machine.

François Beguyn, outilleur depuis plus de 30 ans, fabrique les pièces qui iront dans la machine.

Les chiffres parlent pour l’entreprise Rivierre : 125 ans d’existence, 2 800 clous différents, 325 machines qui fonctionnent non-stop. La Clouterie Rivierre s’est fait un nom dans le monde de l’artisanat, au niveau national mais aussi international, notamment chez les tapissiers, avec son symbole au lion. « Nous avons conservé le savoir-faire d’époque et une fabrication unique », explique Camille Sanchez, animatrice du patrimoine. Car fabriquer des clous requiert une grande expertise mais aussi une grande adaptation aux clients et à leur façon de travailler. Si au XIXe siècle les clous Rivierre étaient très utilisés chez les cordonniers et les tapissiers, aujourd’hui il est plus rare de trouver des clous dans le processus de fabrication des chaussures. L’entreprise a dû se diversifier et étendre son activité à d’autres secteurs. « Nous travaillons beaucoup pour des monuments historiques, les cordonniers toujours, les tapissiers, ou encore pour le secteur du luxe, notamment pour les sacs », explique Camille Sanchez.

Un grand savoir-faire
Aujourd’hui, la société fabrique 2 800 clous différents. Si le savoir-faire est d’époque, les machines également. La plus ancienne date de 1852 et la plus récente de 1925… Ce qui reste un avantage pour Rivierre : les machines ont été créées et fabriquées par la même entreprise, il est donc plus facile de les réparer et d’en prendre soin. Les machines ont également été adaptées pour créer de nouveaux clous, notamment des clous très petits ou spéciaux. « Il suffit de créer une nouvelle pièce et de l’adapter à celle de la machine et nous arrivons à créer d’autres clous, toujours de la même façon et beaucoup à la fois », explique la chargée du patrimoine de chez Rivierre. Il existe également différentes matières de clous, là encore pour s’harmoniser avec le besoin des artisans (la clouterie ne fournit pas les magasins de bricolage mais uniquement les artisans et les grossistes) : aluminium, acier… Des clous sur mesure sont aussi fabriqués pour la construction d’engins de chantier, les maquettes ferroviaires, les instruments de musique, les éléments réfrigérants, etc. Les clous Rivierre se retrouvent dans beaucoup de domaines, souvent discrets mais néanmoins indispensables.

Développer l’exportation
Si Rivierre est la seule clouterie de France, elle n’est pas la seule au monde et elle connaît une concurrence de plus en plus accrue. La Chine reste ainsi son principal concurrent en réussissant à fabriquer une pièce en grand nombre et pour beaucoup de clients. « La concurrence en Chine nous touche un peu car elle fabrique le même clou très vite et peut donc vendre à beaucoup de monde mais les clous sont de moins bonne qualité. Aujourd’hui nous avons adapté nos machines avec les moyens technologiques actuels et nous sommes capables de produire dans des délais très rapides des clous très différents des normes habituelles grâce à un parc de machines spécifiques », note-t-elle. Il n’existe que très peu de clouteries en Europe, elles ont subi le même sort que celles en France. C’est pour cela que Rivierre cherche à se développer en Europe car actuellement elle exporte ses produits, surtout en Afrique ou Amérique du Sud. Le clou requiert une grande technique. Aussi, pour tous les curieux, la clouterie Rivierre se visite… pour garder en mémoire la maîtrise industrielle française.