Clotilde Renauld la baroudeuse

Clotilde Renauld est l’une des rares femmes gérantes de carrosserie automobile.
Clotilde Renauld est l’une des rares femmes gérantes de carrosserie automobile.

Clotilde Renauld est l’une des rares femmes gérantes de carrosserie automobile.

Patronne d’une carrosserie ? Clotilde Renauld n’y avait jamais pensé. Pourtant, elle a réussi un audacieux défi, perpétuant une affaire familiale ancienne de plus de 90 ans. Regard sur un itinéraire atypique et un caractère affirmé. 

«J’adore ce que je fais. Ce qui m’intéresse c’est l’humain.» Clotilde Renauld sait transmettre d’emblée un allant communicatif à son interlocuteur. Depuis le 1er janvier 2010, elle est la patronne de la carrosserie des 2 Ponts, rue de Malzéville à Nancy. Rien au départ ne la prédestinait à ce dessein. Avec une pincée d’humour, elle confirme : «Ah non pas du tout, je n’étais en rien passionnée par les voitures ou la mécanique.» Effectivement, la native de Nancy débute son parcours professionnel, après une maîtrise en communication, par une expérience qui lui fait découvrir les balbutiements de la visioconférence. Puis, c’est le grand saut. Bye bye la cité de Stanislas et la Lorraine ! Clotilde Renauld part au bout du monde, en Nouvelle-Calédonie. Sur ces terres océaniques, elle s’installe à Nouméa et saisit sa chance, d’abord impliquée dans un projet bancaire puis comme responsable d’une boutique de déco. Le toboggan de la vie la ramène cinq ans plus tard en métropole. En 2006, de retour dans sa ville natale, elle se pose la question élémentaire : «Que faire maintenant ?» Son sas de transition professionnel la mène à occuper un poste d’assistante de direction. Avant le virage qui va transformer son existence. Clotilde Renauld conte la suite : «Mon grand-père avait fondé une carrosserie en 1924. Mon père, Pierre, avait poursuivi l’affaire. L’opportunité de devenir la gérante de l’entreprise, en prenant sa succession, s’est présentée. Je lui ai acheté la société.» Un sacré pari. Elle qui a cet atout de posséder un sens inné du commerce découvre un univers qu’il lui faut domestiquer.

Le service de proximité avant tout

La néo-gérante s’enquiert de sa tâche avec tact, humilité et respect, apprenant jour après jour, auprès de l’équipe qu’elle dirige désormais, en particulier ses carrossiers et mécaniciens. Clotilde Renauld précise, enjouée : «J’ai mis ma touche perso en déco !» De bel effet assurément : la porte d’accueil ouvre sur un vaste espace clarteux. Aux murs, une couleur rouge clinquante et quelques portraits d’aïeuls. Au cœur de cet open space teinté de modernisme et d’authenticité, deux véhicules en exposition – une Fiat mini et une rutilante Ferrari -, et un jeu d’échecs taille XXL. «Ce grand échiquier, c’est une idée de mes enfants», note-t-elle. Dans sa vie entrepreneuriale, Clotilde Renauld est aussi à l’aise qu’un poisson dans l’eau… et très organisée. Elle détaille : «Mon temps est partagé entre 1/3 d’atelier où je m’assure qu’il n’y ait pas de problèmes, 1/3 de bureau entre gestion administrative et comptable et 1/3 de sorties extérieures, comme pour aller récupérer des véhicules par exemple.» La société s’adresse à des entreprises et grands comptes, à des particuliers. En véritable chef d’orchestre, Clotilde Renauld met en musique sa partition quotidienne. La tête sur les épaules et pragmatique, elle assure : «Personne n’est parfait, surtout pas moi ! Mais on peut dire que tout se déroule de belle manière.» Bien sûr, au début, beaucoup l’attendaient un peu au tournant. Six ans après, les doutes originels se sont évanouis. Collaborateurs comme clients sont tombés sous le charme de sa méthode : un lien direct et une réactivité permanente aux demandes. Ses projets : «Développer les investissements, moderniser quelques machines. Sinon, tout est très bien comme cela», conclut celle qui s’est trouvé un binôme pour la seconder : Aline, recrutée voilà trois ans. Les deux femmes sont hyper complémentaires. Du côté de la carrosserie des 2 Ponts, pas de doute, tout roule.

laurent.siatka