Climat: 25°C à 30°C début avril en France, un phénomène de moins en moins rare
Le bref pic de chaleur prévu samedi, au-dessus de 25°C dans la majeure partie de la France et jusqu'à 30°C dans le Sud-Ouest, n'est pas inédit pour un début avril. Mais ces événements précoces se multiplient...
Le bref pic de chaleur prévu samedi, au-dessus de 25°C dans la majeure partie de la France et jusqu'à 30°C dans le Sud-Ouest, n'est pas inédit pour un début avril. Mais ces événements précoces se multiplient compte-tenu du réchauffement climatique provoqué par l'activité humaine.
Le seuil de 25°C, qui caractérise un "jour de chaleur" pour les climatologues, est d'habitude atteint pour la première fois dans la saison "entre le 20 avril et le 10 mai" sur la moitié nord, affirme Météo-France. Et la barre des 30°C, synonyme de "forte chaleur", est franchie en général "entre la mi-mai et la fin juin" sur l'ensemble de la métropole.
"30°C, c'est quelque chose qui résonne comme une température estivale mais dans un climat qui se réchauffe, c'est quelque chose qui va arriver de plus en plus précocement au printemps", explique à l'AFP Julien Cattiaux, climatologue au Centre national de recherches météorologiques (CNRM) à Toulouse.
Observer ces seuils dès avril est rare, mais n'est pas du jamais-vu. Les 30°C ont été atteints ou approchés en mars 1990 dans le Sud-Ouest et près de la Méditerranée. Il y a 69 ans déjà, en 1955, les 25°C ont été dépassés dès le 25 mars à Paris comme dans l'Indre (28°C à Châteauroux).
"Ce qui a changé depuis 1955, c'est que le climat s'est réchauffé: ces épisodes de chaleur précoces sont devenus plus probables dans le climat actuel, ce qui se voit d'ailleurs dans les statistiques puisque la plupart des événements similaires sont postérieurs aux années 2000 voire 2010", contextualise Julien Cattiaux.
"Dans un climat qui se réchauffe, les événements chauds vont être soit plus fréquents, soit plus intenses", explique-t-il.
Risque de gelées tardives
Non seulement les journées au-dessus de ces seuils de chaleur sont plus nombreuses en dehors de l'été, mais elles surviennent de plus en plus tôt au printemps et de plus en plus tard en automne.
Entre 1950 et 1970, les Parisiens attendaient en moyenne jusqu'au 6 mai pour connaître les 25°C. Un demi-siècle plus tard, entre 2000 et 2020, c'est le 19 avril, soit presque trois semaines en avance.
La tendance est observée aussi dans le Sud, comme à Perpignan, où le premier jour de chaleur est passé en moyenne du 24 au 11 avril sur ces périodes. Dans le nord du pays, les Lillois expérimentent les 25°C dès le 7 mai en moyenne, au lieu du 19 mai lorsque le général de Gaulle était président.
L'épisode de samedi pourrait toutefois faire tomber des records: les 30°C les plus précoces à Agen remontent au 30 avril 2005 et à Bordeaux au 17 avril 2003, deux villes où cette barre n'est atteinte en moyenne qu'autour du 10-11 juin.
Ce pic de chaleur survient à la faveur d'une "dépression assez creuse dans l'Atlantique, un peu au nord des Açores" qui entraîne "un flux du Sud qui fait remonter des masses d'air plutôt chaudes sur l'Europe" depuis l'Afrique, décrit Julien Cattiaux.
"Cette masse d'air est assez chaude, c'est quelque chose qui est remarquable. Et donc y compris en altitude, dans les Pyrénées, on va peut-être avoir des records d'avril battus", prévient le climatologue.
Selon Météo-France, les températures vont toutefois "commencer à baisser par l'Ouest dimanche" et "cette baisse sera marquée, avec une chute de l'ordre de 6 à 10°C par rapport à la veille", sauf dans certaines région de l'Est.
"On est début avril, au début du printemps, et avec la variabilité climatique, on peut avoir 10°C au-dessus des normales de saison comme -10°C", souligne Julien Cattiaux.
Certes "le dernier jour de gel a aussi tendance à avancer dans le calendrier" à cause du réchauffement climatique et "il est moins probable d'avoir des épisodes de gelées en avril, mais ils peuvent encore arriver", avertit le scientifique.
Ce cas de figure s'est présenté deux fois récemment, début avril 2020 et surtout, 2021, lourd de conséquences pour les plantes et les arboriculteurs.
Cette année-là, explique le climatologue, "l'épisode de gelée suivait des records de chaleur fin mars et avait été dur pour la végétation dont la croissance avait déjà démarré".
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