Cible de LFI après son voyage en Israël, Braun-Pivet reçoit le soutien de Borne

La présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet, cible d'un tweet de Jean-Luc Mélenchon jugé par certains antisémite après son voyage en Israël, a reçu lundi le soutien de la Première ministre Élisabeth...

Le leader de LFI Jean-Luc Mélenchon, le 25 août 2023 à Châteauneuf-sur-Isère, dans la Drôme © JEFF PACHOUD
Le leader de LFI Jean-Luc Mélenchon, le 25 août 2023 à Châteauneuf-sur-Isère, dans la Drôme © JEFF PACHOUD

La présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet, cible d'un tweet de Jean-Luc Mélenchon jugé par certains antisémite après son voyage en Israël, a reçu lundi le soutien de la Première ministre Élisabeth Borne qui a dénoncé des accusations "ignobles".

Victime depuis des années de menaces antisémites, Mme Braun-Pivet s'est interrogée sur France Inter sur le lien entre son "identité juive" et les critiques de sa visite en Israël, accusant Jean-Luc Mélenchon de lui mettre "une nouvelle cible dans le dos". 

"Très choquée", elle a rappelé qu'elle était "Française", "pas pratiquante", "pas croyante". 

"Je ne comprends pas pourquoi c'est l'identité juive qui ressort (...) mais certains ne voient plus que ça", a déploré cette avocate de formation de 52 ans, descendante des immigrations juives polonaise et allemande, avec des grands-parents arrivés en France dans les années 1930.

Le leader de La France insoumise (LFI) avait estimé dimanche que Mme Braun-Pivet était en train de "camper à Tel-Aviv pour encourager le massacre" à Gaza. "Pas au nom du peuple français!", avait-il protesté sur X (anciennement Twitter), en postant une vidéo du rassemblement parisien de milliers de manifestants pro-Palestiniens appelant à l'arrêt des opérations militaires israéliennes contre Gaza.

"Connaissant un peu Jean-Luc Mélenchon, je suis convaincue qu'effectivement le mot +camper+ n'a pas été choisi par hasard", a-t-elle estimé.

"Absurde police des mots", a répondu lundi M. Mélenchon à la quatrième représentante de l'État, rejetant toute connotation antisémite.

Yaël Braun-Pivet a été placée sous protection policière renforcée à la suite de l'attaque le 7 octobre du mouvement islamiste Hamas qui a tué 1.400 personnes, en majorité des civils tués par balle, brûlés vifs ou morts de mutilation. 

La présidente de l'Assemblée avait déjà déposé de nombreuses plaintes pour des courriers antisémites et menaces de mort reçus avant cette attaque.

Antisémitisme électoral

Comme une grande partie de la gauche, M. Mélenchon a jugé que le voyage de Mme Braun-Pivet en Israël durant le week-end était "une faute politique", le député LFI Sébastien Delogu allant jusqu'à demander la démission de la titulaire du perchoir.

Lundi, la présidente du groupe LFI à l'Assemblée, Mathilde Panot, a renouvelé ces critiques en reprochant à Yaël Braun-Pivet d'avoir affirmé la veille que "rien ne doit empêcher Israël de se défendre", "au moment même où la Rapporteure spéciale des Nations Unies alerte sur le risque de nettoyage ethnique à Gaza".

En réponse, la présidente de l'Assemblée nationale a reçu le soutien de l'oratrice LR Michèle Tabarot, du président de la commission des Affaires étrangères (MoDem), Jean-Louis Bourlanges, ou encore du député Renaissance Mathieu Lefèvre, qui lui a fait part de son "soutien affectueux" et dénoncé les "petits profiteurs de l'antisémitisme électoral".

Mme Braun-Pivet avait déjà déclenché une polémique lors d'un discours prononcé dans l'hémicycle en préambule d'une minute de silence en mémoire des victimes des attaques du Hamas, le 10 octobre, notamment pour avoir affirmé, "au nom de la représentation nationale, notre totale solidarité et notre soutien inconditionnel" à l'Etat hébreu.

Lundi matin, elle a expliqué que ce "soutien inconditionnel" - une formule qu'elle a été la seule à employer à ce niveau de l'État - s'appliquait à "l'existence d'Israël", et non au "gouvernement d'Israël", dirigé par une coalition d'extrême droite favorable à la colonisation en Cisjordanie. 

"Israël a le droit de se défendre (...) dans le respect du droit international et du droit humanitaire", a ajouté Mme Braun-Pivet, appelant à "secourir des populations innocentes qui souffrent et qui sont utilisées par les terroristes comme bouclier".

Emmanuel Macron avait d'abord exprimé un soutien sans faille aux Israéliens et leur "droit à se défendre". Mais devant le tollé dans les pays arabes, il a ensuite ajusté progressivement son propos en appelant à "épargner" les civils à Gaza et en évoquant la recherche d'une solution pacifique.

Cette prise de position de Mme Braun-Pivet, avec laquelle le chef de l'État a eu de nombreux différends depuis son accession au perchoir, ne contribue pas à la clarté du discours français, que la gauche notamment voudrait voir davantage équilibré entre les deux camps. 

"Il eut été préférable que la voix de la France s'exprimât seulement par la voix du président de la République", a ainsi réagi sur FranceInfo l'ancien Premier ministre socialiste Bernard Cazeneuve.

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