Christophe Masson des meubles d’artiste
Trente ans que Christophe Masson donne vie à du mobilier haut de gamme, dans la plus pure tradition de l’ébénisterie d’art. Ce personnage aux accents authentiques a séduit une clientèle de par le monde. Son credo : il n’est pas interdit de rêver.
«J’aurais aimé devenir un musicien !» Christophe Masson n’exprime nullement ici un regret mais simplement une possibilité qu’aurait pu lui permettre une trajectoire hors norme. À bientôt 66 ans, celui qui se définit lui-même comme un artiste, et non comme un ébéniste, dans le sens littéral du terme, est animé depuis toujours par le sens d’un certain esthétisme et le goût du beau. Rien d’illogique au contact d’un père, André, qui confectionna des panneaux de céramique monumentaux, et d’une mère, Denise, qu’il vit peindre. Christophe Masson grandit à Saint-Malo, dans ce décorum artistique. De sa Bretagne natale, il se convainc bien vite qu’il lui faut prendre le vent du large. Non pas sur un chalutier mais dans la direction qu’il veut donner à son existence : «Très tôt, j’ai recherché ce sens. J’avais vingt ans dans les années 70. Ce souffle de liberté sur les esprits m’a forgé. J’ai fait un essai en lutherie mais la suite allait me surprendre.» En effet, un beau jour, le Breton, venu en Lorraine, est sollicité par un ami restaurateur de mobilier. Coup d’essai, coup de maître : «Cela a été mon tout premier meuble coloré. Il a été remarqué. Puis, j’ai fait un salon à Paris», se souvient-il.
Transmettre aux jeunes
En 1986, Christophe Masson, ouvre un atelier à Nancy, suscitant curiosité et intérêt. Mais en 1990, le choc pétrolier constitue un frein pour l’activité dans le périmètre hexagonal. Conscient que son salut passe par l’export, l’artiste va durant quinze ans, faire le tour du monde et exposer dans des salons de mobilier contemporain, en Europe, de New York à Dubaï jusqu’à Tokyo. «À partir de ce succès à l’international, j’ai été sollicité en France.» Après l’expérience d’une SARL, où il compta plusieurs salariés, Christophe Masson choisit de continuer en solo. Sans doute qu’en ce début des années 2000, la cinquantaine venue, l’homme, dans son introspection, bifurque sur le chemin qui lui sied le mieux : «Je sais ce que je ne voulais plus», explique-t-il. Dans une ancienne carrosserie aménagée en atelier fonctionnel, il ne fait désormais plus que des pièces uniques et sur mesure. Tables, armoires, meubles de rangement, bibliothèques, travaillés de ses mains expertes, avec passion et patience, ont une patine commune dans l’association de matériaux et l’audace des formes : dorure à la feuille, laques, techniques de peinture au glacis lumineux. Christophe Masson l’avoue : «Je ne supporte pas l’échec !» Son leitmotiv : transmettre aux jeunes. Il le fit, il y a quelques années avec des apprentis, et aujourd’hui, poursuit cette volonté vers des étudiants à cursus élevés en ingénierie et doctorat, lesquels en quête d’un autre désir professionnel, passent par son atelier pour ensuite espérer créer leur propre chance dans le domaine de l’ébénisterie. Christophe Masson se berce de musique classique. L’une de ses plus grandes satisfactions ? Que ses deux fils aient emprunté la voie des instruments et des partitions. Une autre opportunité de partage pour cet homme, croyant aux valeurs d’une certaine tradition, résolument tourné vers la modernité, affichant une indéfectible soif d’apprendre.
laurent.siatka