Christian Namy, président du Conseil général de la Meuse : l
À l’heure où la réforme territoriale est annoncée par le Gouvernement avec un calendrier, qui pourrait être accéléré, le département de la Meuse réaffirme les spécificités de la ruralité. Mise au point avec Christian Namy, le sénateur et président du Conseil général de la Meuse.
Tablettes Lorraines : Quel est votre sentiment concernant la réforme territoriale, qui vise à supprimer les départements et à diviser par deux le nombre de régions ? Christian Namy : Avant de lancer cette idée, l’État aurait dû redéfinir son rôle et quelles sont les compétences exactes des collectivités territoriales. Renforcer les régions n’a de sens que si ces régions deviennent de véritables lands avec une compétence économique forte et des moyens suffisants pour intervenir. Je regrette clairement le manque de réflexion et je demande où sont les vraies économies de cette réforme ? Je ne suis pas hostile aux changements, car ils sont nécessaires pour favoriser une meilleure lisibilité sur le fonctionnement des différentes structures. Je pense d’ailleurs que ces changements devraient concernés tous les niveaux des communes aux régions. J’ai demandé au Premier ministre, lors d’une récente entrevue, du temps pour tout remettre à plat.
Quel est le risque de cette réforme, notamment pour les territoires ruraux ? CN : J’aimerais que l’on fasse une différence entre les territoires ruraux et semi-urbains, car évidemment les moyens ne sont pas les mêmes. Si c’est pour délayer ce que fait le département sur des collectivités de 15 000 habitants (comme c’est le cas en Meuse), ça n’a pas de sens. On va arriver à des aberrations et que dire de la péréquation. Pour l’instant, on est encore dans le flou et on a l’impression que les annonces ont été faites sans mesurer toutes les conséquences. Lors de récents déplacements, j’entends de nombreuses interrogations des maires, qui se demandent qui sera là pour les accompagner si les départements disparaissent.
Quelques questions sur l’actualité meusienne et notamment sur la zone autour de la gare Meuse TGV, qui reste désespérément vide. Des annonces ont été récemment faites. Êtes-vous enfin optimiste ?
CN : Je rappelle que contrairement à la SNCF, nous avons toujours cru à la gare Meuse TGV, qui accueille 200 000 voyageurs par an, malgré l’incapacité de la SCNF de répondre à nos demandes tant sur l’amélioration forte des cadences que sur la nécessité d’agrandir la gare alors que nous sommes prêts à participer financièrement. Le département avait acquis 95 hectares pour profiter justement de la proximité de Paris. Cette zone a une vocation tournée vers la recherche, le développement de l’intelligence et les nouvelles technologies. La démonstration est faite aujourd’hui, puisque la société Arélis a annoncé sa volonté de s’implanter sur 10 000 m2. Le département s’engage sur l’aménagement d’une première zone de 10 hectares et appuiera cette installation en partenariat avec la région. Une course contre la montre est engagée pour une inauguration prévue en 2016. Dans le même temps, l’Andra installera également 500 m2 de bureaux de recherche dans le cadre du dossier Cigéo (Bure). Ces deux dossiers devraient être des locomotives, qui pourraient attirer d’autres entreprises. Je rappelle qu’Arélis, c’est à terme près de 200 emplois et l’Andra une trentaine. Quand on cumule Safran, Arélis, Cigéo, c’est clairement un changement d’image pour la Meuse. Maintenant, il ne doit pas y avoir de déséquilibre entre le Sud et le Nord du département pour lequel on doit concentrer tous nos efforts.