Entreprises

Christelle Duval : «les neuro-atypiques sont un atout pour l’entreprise»

Christelle Duval fait partie de ces hauts potentiels intellectuel. Au travers d’une association dédiée et la construction de son propre métier, elle veut aller à la rencontre des entreprises et des professionnels de la formation et du recrutement pour les sensibiliser à ces profils encore trop méconnus.

«Le profil neuro-atypique a besoin d'être challengé en entreprise», affirme Christelle Duval.
«Le profil neuro-atypique a besoin d'être challengé en entreprise», affirme Christelle Duval.

«Nous sommes en décalage, on a du mal à nous comprendre, hypersensibles, idéalistes.» Dans les mots de Christelle Duval, la locution «nous» évoque ces femmes et des hommes au profil neuro-atypique. Ils représenteraient presque 10 % de la population hexagonale. Bien difficile de définir cette typologie de personnes. Elle présente une grande diversité, du haut potentiel intellectuel (HPI) au haut potentiel émotionnel (HPE) en passant par les TDAH (troubles du déficit de l'attention/hyperactivité), l’autisme, les dys (dyslexie, dyspraxie, dyscalculie). Faisant partie de ces multipotentiels, Christelle Duval a vécu une scolarité compliquée : «Je m’isolais, j’allais sur un banc, je rêvais.» Le rapport au travail n’est pas simple non plus : «J’ai vendu des pianos, été dans l’administratif. Mais, dans le fonctionnement traditionnel d’une entreprise, je m’ennuie au bout de six mois.» Elle l’avoue : «30 ans que je galère. La naissance de ma fille (19 ans) m'a aidé à ne pas m'effondrer. Sans elle, où serais-je ? Sous un pont ? Je me suis acceptée à partir de 40 ans, j'en ai 45.»

«En mission»

Artiste dans l’âme, pianiste de formation donnant des cours privés, elle chemine de rencontres en rencontres. Celle qui possède les permis voiture, bus et moto va prendre réellement conscience qu’elle n’est pas la seule à être neuro-atypique. Se considérant «en mission», Christelle Duval largue les amarres ces derniers jours, lassée de ce qu’elle appelle «le syndrome de l’imposteur», quittant l’Alsace où elle était salariée pour revenir s’établir à Thionville. De là, elle porte sur les fonts baptismaux une association «Adopte un TDAH». Objectif : réaliser des accompagnements personnalisés à destination des particuliers, des séances de sensibilisation en entreprise, auprès des recruteurs, des sessions pédagogiques dans les centres de formation vers les professionnels formateurs et les étudiants. Avec à terme cette ambition de créer son propre métier : «accompagnatrice me correspond mieux que coache», assure-t-elle. En entreprise, les multipotentiels sont jugés trop efficaces par rapport à leurs collègues, ce qui génère des malentendus et des jugements erronés.

À la rencontre des entreprises

Christelle Duval est convaincue : «Quand nous trouvons notre place en entreprise, c’est un atout pour l’employeur. Il faut nous stimuler, nous donner des défis avec du sens. Nous avons besoin de nous épanouir dans un cadre professionnel bienveillant et motivant.» Elle va désormais prendre son bâton de pèlerin et toquer aux portes des décideurs territoriaux pour leur expliquer ce qu’est cette réalité et cette potentialité des neuro-atypiques. «Faire le lien, générer de l’écoute et de la compréhension. Il faut sensibiliser à la fois les chefs d’entreprise et leurs équipes, sont mes buts», affirme-t-elle. Quant à leur particularisme, les neuro-atypiques gravitent souvent dans la création d’entreprise, dans la galaxie start-up, particulièrement. Le monde de l’innovation, du numérique, des nouvelles technologies sied bien à ces profils vivant en mode accéléré, dont le mode de pensée est hyper-structuré et logique. C’est un paradoxe : c’est leur trop plein de compétences qui peut les desservir, comme cette propension à travailler rapidement, trop rapidement. Christelle Duval en est un exemple vivace. Dynamique et positive, elle va de l’avant, jamais avare d'un trait d'humour : «Les choses avancent. Le terme «neuro-atypique» entre dans le dictionnaire en 2025.»

Pour aller plus loin : https://www.adopteuntdah.fr/

«Je suis rarement restée plus de six mois en entreprise, car très rapidement je m'ennuie», explique Christelle Duval.