Chili: Naissance d'une entreprise géante pour l'exploitation du lithium

L'entreprise publique chilienne Codelco, premier producteur mondial de cuivre, et le groupe SQM, l'un des principaux producteurs mondiaux de lithium, ont conclu vendredi un accord donnant naissance à une...

Vue aérienne des bassins de saumure et des zones de traitement de la mine de lithium de la société chilienne SQM (Sociedad Quimica Minera) dans le désert d'Atacama, à Calama, au Chili, le 12 septembre 2022. © Martin BERNETTI
Vue aérienne des bassins de saumure et des zones de traitement de la mine de lithium de la société chilienne SQM (Sociedad Quimica Minera) dans le désert d'Atacama, à Calama, au Chili, le 12 septembre 2022. © Martin BERNETTI

L'entreprise publique chilienne Codelco, premier producteur mondial de cuivre, et le groupe SQM, l'un des principaux producteurs mondiaux de lithium, ont conclu vendredi un accord donnant naissance à une société géante pour l'exploitation de lithium.

Le Chili est le deuxième producteur mondial du précieux métal blanc utilisé notamment pour la fabrication des batteries des voitures électriques et considéré comme essentiel dans la lutte contre les combustibles fossiles responsables du dérèglement climatique. 

Le partenariat vise à développer l'extraction de lithium dans le désert d'Atacama, une plaine brune et rocheuse dans le nord du pays qui dispose des réserves parmi les plus importantes du monde. L'accord, qui court jusqu'en 2060, devrait prendre effet "dans les premiers mois de 2025".

Grâce à cette nouvelle alliance, 300.000 tonnes de lithium supplémentaires viendront s'ajouter jusqu'en 2030 à la production actuelle de SQM (169.000 tonnes en 2023). Ensuite, la production annuelle du groupe devrait se stabiliser entre 280.000 et 300.000 tonnes.

Le projet permettra d'augmenter considérablement la production de lithium du Chili. En 2022, 243.000 tonnes de ce métal souvent qualifié d'"or blanc" ont été produites dans le pays.

Le groupe chinois Tianqi, propriétaire de 22% de SQM, a cependant déposé une demande auprès de la Commission chilienne des marchés financiers pour que l'alliance soit soumise au vote de l'assemblée des actionnaires de la compagnie minière privée.

Le partenariat constitue un élément central de la stratégie nationale pour l'exploitation du métal annoncée il y a un an par le gouvernement de gauche du jeune président Gabriel Boric. Au Chili, seul l'Etat peut en gérer la production. 

Le pays cherche à reprendre la première place mondiale dans la production du métal aussi surnommé le "pétrole du XXIe siècle", qui lui a été ravie par l'Australie en 2016. 

Controverse

Il possède les plus grandes réserves de lithium au monde, avec 41% du total, suivi de l'Australie (25,4%), de l'Argentine (9,8%) et de la Chine (6,7%), selon l'Institut géologique américain (USGS).

La société SQM "a l'envergure, l'expérience technique et humaine, les ressources financières et le réseau de commercialisation dont nous avons besoin pour ne pas manquer les opportunités qui nous sont offertes aujourd'hui", assure le président de Codelco, Maximo Pacheco, dans le communiqué annonçant l'alliance.

Selon la compagnie, cet accord permettra à l'Etat chilien de recevoir d'ici 2030 environ 70% de la marge d'exploitation de la nouvelle société et, à partir de 2031, plus de 85% de cette marge. 

"Qui, au début de ce gouvernement, aurait pu penser qu'avant sa fin, Codelco serait l'une des entreprises leader de la production de lithium dans le monde?", s'est félicité auprès des médias locaux le ministre de l'Economie Nicolas Grau.

Codelco possèdera 50% des actions plus une de la nouvelle société. SQM détiendra la majorité des droits de vote au directoire et décidera de la marche de la société jusqu'en 2031, année à partir de laquelle Codelco deviendra à son tour majoritaire au sein du directoire.

SQM exploite les salines du désert d'Atacama depuis 1993. Son contrat avec l'Etat devait expirer en 2030. 

Ce partenariat suscite cependant la controverse. 

Sous la dictature d'Augusto Pinochet (1973-1990), SQM a été privatisée et reprise par le gendre du défunt général, Julio Ponce Lerou. 

Le groupe a été sanctionné des années plus tard pour ne pas avoir respecté les termes de la concession qui lui avait été octroyée dans le désert d'Atacama et pour avoir financé de manière irrégulière des campagnes politiques. 

L'accord signé vendredi interdit à M. Ponce Lerou d'être membre du conseil d'administration de la nouvelle société.

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