Chicorée du Nord sort sa chicorée soluble

La famille Lutun est à la tête de Chicorée du Nord depuis 1934. Commercialisant – entre autres – la chicorée sous diverses formes, elle a récemment décidé de se lancer dans la chicorée soluble afin de conquérir un nouveau marché...

Chicorée du Nord sort sa chicorée soluble

Basée à Oye-Plage, Chicorée du Nord n’a pas changé de packaging depuis des années, nous confie Agnès Lutun, sa directrice commerciale. Alors quand il a fallu décider du visuel pour la chicorée soluble, nouveau produit estampillé Lutun, elle n’a pas mis longtemps à se décider… à reprendre le même thème, mais en plus moderne. «Ce nouveau produit est important pour nous, il faut qu’on parte à la conquête de nouveaux marchés. On nous le demande beaucoup dans la grande distribution, quand on va démarcher et qu’on présente la gamme», glisse Agnès Lutun. Le produit n’est pas vraiment local puisqu’il est fabriqué en Pologne. Mais la directrice commerciale a de bonnes raisons : «Pour produire de la chicorée soluble, il nous faut un atomiseur de plusieurs mètres de haut, ce dont ne dispose pas l’entreprise. Les seuls à avoir ce type de machine, ce sont nos concurrents directs (Leroux, ndlr).» Mais pas de panique : les neuf emplois (dont cinq familiaux) de l’entreprise ansérienne resteront sur place, pas de délocalisation au programme : «Le reste de nos produits à base de chicorée, comme la chicorée liquide ou en grains, est fait ici, sur place», rassure Agnès Lutun. La chicorée est donc achetée aux agriculteurs alentour, puis torréfiée, transformée et emballée sur le petit site de Oye-Plage.

Marchés 

La chicorée ne se consomme pas uniquement dans le Nord – Pas-de-Calais. «Nos consommateurs le croient souvent, mais notre activité s’étend dans toute la France. En Bretagne, par exemple, on en utilise autant que dans le Nord, et on a de très beaux débouchés dans le Sud et dans le Centre.» Pour la négociation avec les grandes surfaces, il n’a apparemment pas été trop compliqué de faire accepter cette nouvelle formule soluble de la marque. «Ils étaient plutôt contents d’avoir un nouveau concurrent à Leroux. Ça tire le marché vers le haut d’avoir d’autres produits. Jusqu’à présent, on avait l’étiquette ‘artisanal et local’ qui intéressait. Maintenant, ce nouveau produit est un peu différent, puisqu’il est importé, mais ça nous permet d’exister sur les linéaires. Sans ça, on pouvait abandonner les deux autres. C’est une question d’équilibre pour nous.» Concernant les autres produits, ils ont encore un certain succès : un million de paquets de chicorée en grains sont vendus chaque année. «Jusqu’à l’année dernière, 30% de notre chiffre d’affaires était en France auprès de la grande distribution et 70% à destination des industriels étrangers qui utilisent la chicorée comme ingrédient.» En bref, une petite entreprise familiale de 84 ans, qui fait deux millions d’euros de chiffre d’affaires grâce à des marchés variés et une diversification des produits, malgré une concurrence rude. Chicorée du Nord serait-elle du bois dont on fait des centenaires ?

Agnès Lutun, directrice commerciale de Chicorée du Nord.