Implanté à Réty près de Marquise
Chaux et Dolomie investit dans un marché instable
La semaine de l’Industrie a ouvert bon nombre de portes de sociétés phare des territoires littoraux. Exemple avec le site de production Chaux et Dolomie, filiale du groupe belge Lhoist à Réty près de Marquise.
Logée au sein du complexe des 4 carrières des contreforts du Boulonnais, l’usine Chaux et Dolomies fête ses 60 ans. Avec ses 9 fours, ses 72 salariés (dont 10 % d’intérimaires) et ses capacités annuelles de 700 000 tonnes, l’entreprise est la plus grosse usine de production de chaux de France.
Une activité qui perd en visibilité
Près de la moitié de sa production prend la voie ferrée vers les fours d’ArcelorMittal à Dunkerque et un tiers voyage en camions jusqu’au port de Boulogne-sur-Mer pour prendre la mer vers des papetiers scandinaves. Ses produits irriguent un nombre conséquent de secteurs d’activités : «On retrouve les chaux un peu partout : dans la sidérurgie, l’industrie verrière, les papeteries, le traitement des eaux, des fumées, la chimie, ou encore les travaux publics» égrène Yves Boraccino, directeur du site depuis près de 10 ans.
Aujourd’hui, le cadre constate une activité dont la stabilité disparaît : «Nous n’avons jamais eu aussi peu de visibilité», confesse-t-il. Après une Covid qui a fortement impacté l’activité, le site rebondit en 2021 jusqu’aux limites de la capacité du site de Réty : 700 000 tonnes dans l’année. «Depuis le début de l’année, on sent une forte baisse. Tous nos fours ne sont pas en activité. C’est le reflet du ralentissement de nos clients», déclare le directeur du site.
Mais qui continue d’investir
L’année 2020 et sa crise sanitaire ont fortement impacté le site dont le chiffre d’affaires dépassait alors à peine 50 millions d’euros (avec 75 salariés) avec des pertes de 3,1 millions. Mais 2021 (avec 73 salariés) fût une année rebond total avec 74,7 millions d’euros de chiffre d’affaires et une réduction des pertes à 1,3 million d’euros.
Pour éclaircir l’horizon, Chaux et Dolomie s’est lancée, en partenariat avec Air Liquide, dans un important projet de décarbonation. Lauréat d’un appel à projet auprès des institutions européennes, le dossier fait état d’une unité de traitement des gaz du site (les concentrer avant de les liquéfier) du Boulonnais et d’une partie d’un réseau de pipes pour les évacuer vers Dunkerque ou des navires doivent aller les injecter dans les sédiments marins.
Ce projet fait écho à celui d'Eqiom à Lumbres. En phase d’étude de faisabilité, le projet sera financé par des fonds européens et d’état bien qu’aucun chiffre n’ait été, pour l’instant, dévoilé. L’unité de décarbonation sera pilotée, à distance, par Air Liquide, «principal financeur» du projet d’après le directeur du site. La mise en service est prévue pour 2028 et nécessitera une convergence des calendriers d’autres sites de décarbonation et d’architecture de réseaux.