Aménagement

Château-Thierry veille sur son urbanisation

Avec 1 000 habitants supplémentaires en quelques années, Château-Thierry entend garder un œil sur les projets immobiliers. Explications avec Sébastien Eugène, maire de la ville.

Château-Thierry voit sa démographie augmenter depuis plusieurs années. ©Antoine Fleury-Gobert
Château-Thierry voit sa démographie augmenter depuis plusieurs années. ©Antoine Fleury-Gobert

En atteignant les 15 500 habitants, Château-Thierry, dont la population a longtemps diminué, a dépassé son plus haut niveau, atteint en 1990. « Nous avons gagné environ 1 000 habitants », se réjouit Sébastien Eugène, à la tête de la municipalité depuis 2017. Mais, à ses yeux, il est impératif d’être prudent dans la politique d’urbanisation de la ville.

Fermeture de Belin

À l’origine de cette perte d’habitants, « la fermeture de plusieurs usines, en particulier celle de l’entreprise Belin qui employait presque 1 500 personnes », rappelle Sébastien Eugène. Le nombre de Castelthéodoriciens s’érode ainsi pendant plusieurs années. Puis, « le sud de l’Aisne a commencé à gagner des habitants, notamment en raison de la proximité avec la région parisienne », poursuit l'élu.

Avec une situation idéale, à une heure de la capitale et desservie par les TER et le Transilien, la ville voit sa population augmenter autour de 2014, selon les données Insee. « La ville connaît un renouveau d’attractivité », confirme le maire qui l’explique aussi par un embellissement, un désendettement et une maitrise de la fiscalité.

Une situation qui nécessite désormais, aux yeux du maire, d’être attentif aux projets immobiliers privés. « Le premier enjeu est de ne pas laisser les promoteurs construire trop vite » au risque de voir des logements sortir de terre en même temps sans coordination. 

Avec « la crainte que les habitants voient leur ville transformée radicalement ». Des échanges sont donc entamés et la municipalité veut mettre en place une charte, notamment dans le cadre des Actions cœur de ville. Face à un centre-ville en perte de vitesse, la municipalité a engagé ce projet cœur de ville, opération de restauration immobilière, sur dix ans. Il compte trois objectifs : rénover le parc de logements, aménager les espaces publics et dynamiser le commerce. En 2022, 600 000 euros seront consacrés à ces actions.

Château-Thierry travaille aussi son attractivité. © Antoine Fleury-Gobert

Une planification urbaine

« Le second enjeu concerne les bailleurs sociaux, très attirés par Château Thierry, en raison notamment des demandes de travailleurs de la région parisienne qui ont des difficultés à se loger », poursuit Sébastien Eugène. 

Avec 34% de logements sociaux, la municipalité entend stopper les nouveaux projets, sauf exceptions, comme en centre-ville. « Nous leur demandons déjà de rénover leur parc existant », souligne le maire. Lequel estime que les rénovations énergétiques des logements sont essentielles sur les deux quartiers prioritaires, créés dans les années 70.

Dernier enjeu, empêcher les constructions hors de la zone urbanisée actuelle. Une façon d’accélérer la reconversion de friches, « ces verrues urbaines » qui existent notamment dans le quartier de la gare et le centre-ville. « Aujourd’hui, nous avons besoin d’une véritable planification urbaine, ce qui n’était pas dans l’ADN de la ville jusqu’à présent », conclut Sébastien Eugène qui entend bien cultiver les attraits de Château-Thierry tout en préservant son charme.

L’espace d’activités U1, à l’intersection entre deux projets portés par la municipalité

Du XVIIIe au XIXe siècle, Château-Thierry connaît une industrialisation forte, notamment autour de la biscuiterie. Parmi les industriels qui font partie de l’histoire la ville, Belin et son emblématique usine U1. 

Celle-ci est située sur l’île formée par le creusement de la Fausse Marne au XVIIIe siècle, un lieu de passage, au cœur de Château-Thierry. En 1990, le site de production est fermé. En 1993, la signature d’un bail emphytéotique de vingt ans permet l’installation progressive d’activités sur la friche. 

« C’était un peu tiers-lieu avant l’heure », constate Sébastien Eugène. En 2016, la ville acquiert définitivement le site de la friche U1 (12 500 m²). En 2017, elle fait également l’acquisition de U1 bis afin d'agrandir le lieu. Cet espace culturel compte aujourd’hui une salle d’exposition (Le Silo), une salle de spectacle (La biscuiterie), un espace dédié à la danse contemporaine (L’échangeur CDCN) et plusieurs associations. 

Le lieu se trouve à l’intersection de deux projets portés par la municipalité : la revitalisation du centre-ville et l’aménagement du quartier gare. À partir de 2019, une étude et des rencontres avec les acteurs et les habitants du lieu sont organisés pour imaginer le futur de ce lieu. La ville consacre 25 000 euros, en 2022, pour la réalisation d’une étude urbaine pour le futur de la Vignotte qui englobe l’espace U1. 

« Aujourd’hui nous sommes en train de réfléchir, au-delà de ce tiers-lieu, à la façon d’organiser la circulation autour, le stationnement. Il s’agit de réorganiser ce quartier » résume Sébastien Eugène.

Le lieu se trouve à l’intersection de deux projets portés par la municipalité : la revitalisation du centre-ville et l’aménagement du quartier gare.(c)Ville de Château-Thierry