Charlitt voit grand
Le bois a de l'avenir dans le Calaisis. Avec l'inauguration de son second bâtiment, l'entreprise spécialisée dans la charpente et l'ossature en bois Charlitt prend résolument le tournant de l’écoconstruction. De charpentier-menuisier, elle passe à constructeur d’ossature en bois.
Que de chemin parcouru pour Charlitt. Installée à Guînes avant même la création de la zone d’activité du Moulin-à-Huile, l’entreprise spécialisée dans la charpente a grandi. Hervé Poher, président de la communauté de communes des Trois Pays, raconte : “Charlitt était dans le bourg avant 1988. Le fondateur cherchait un terrain pour se développer mais la ZAC n’était pas prête. On a trouvé une parcelle qui n’en faisait pas partie pour aller plus vite.” La seconde travée qu’inaugurait la direction et ses salariés est, elle, bâtie sur le périmètre de la zone du Moulin-à-Huile. L’inauguration concernait également une nouvelle machine à découpe qui permettra à l’entreprise de modeler plus rapidement les pièces de bois. François Maillet, dirigeant actuel, a racheté l’entreprise en 2008. Rappelons-nous la création de Charlitt en 1990 : quatre salariés d’une charpenterie guînoise qui fermait et un fournisseur rachètent l’outil. En 1995, un premier bâtiment est construit. Deux des cinq associés partent ensuite à la retraite, et les autres saisissent l’occasion de vendre. En 2008, François Maillet entre dans cette histoire locale avec quatre autres associés. L’histoire collective continue. Sa réussite n’y est probablement pas étrangère. L’entreprise bénéficie surtout d’une décision stratégique majeure. Le marché de la construction se dirige de plus en plus vers des matériaux alternatifs comme le bois et les questions environnementales amènent des clients plus ouverts à l’innovation dans le bâtiment. Le tournant de l’écoconstruction est désormais pris, la croissance future de Charlitt en dépend. Après avoir pris de plein fouet la crise en 2008/2009 (perte d’un million d’euros de CA tout en restant bénéficiaire), l’entreprise retrouve sa croissance.
Croissance et investissement. En 2010, le chiffre d’affaires de l’entreprise avoisine les 3 millions d’euros. Charlitt dégage un résultat conséquent. L’an dernier, le bond est spectaculaire. Charlitt facture 1,2 million de plus et franchit la barre des 4 millions d’euros. Dans le même temps, sa marge double, avec trois salariés de plus. Charlitt a mieux travaillé, sans surcoût et en gagnant fortement en valeur ajoutée. Le dirigeant l’annonce sans ambages : “Nous avons construit 50 maisons l’an dernier. Dans les cinq ans, nous voulons en construire une par jour. C’est un travail collectif.” Les associés sont aux manettes : Christian dirige la production, Didier préside au sort du bureau d’études et Chantal gère la partie administrative et comptable. Charlitt fait en outre travailler 25 autres personnes dont la moitié était là à l’origine. Sur les 20 dernières années, les entrants sont plus nombreux que les sortants se félicite François Maillet qui précise : “Nous n’avons pas déclaré un seul sinistre ces 15 dernières années. Notre assureur peut en témoigner. En 2008, nous avons instauré la démarche qualité CE. En 2012, l’achat de nouvelles machines améliore la qualité de nos assemblages. On attend aussi des nouvelles tables de presse en 2013 et 2014.”
Des murs et des charpentes. Il est temps : la demande en maisons à ossature bois augmente vite. “Nous en faisons depuis quatre ans et c’est un marché en très forte croissance.” L’autre destination du bâtiment concerne l’activité traditionnelle de réalisation de charpente. Le plan de travail est renforcé par une machine qui emboîte tout, sans clou ni vis. “Grâce à cela, nous allons développer un certain nombre de produits Charlitt, ajoute François Maillet. Nous ne voulons pas construire des maisons complètes. Des murs et des charpentes nous suffisent. C’est pourquoi nous développons un grand nombre de partenariats avec des constructeurs pour leur permettre de franchir le pas entre la maçonnerie et le bois.” Dans le cadre de sa politique de soutien à l’activité durable et responsable, le Conseil régional a soutenu financièrement le projet de développement de Charlitt.