Ceta voir… ou pas
Sommes-nous arrivés à un point d’inflexion en matière de libéralisme commercial ? La question se pose plus que légitimement aujourd’hui depuis la mise sous les projecteurs médiatiques du refus de la Wallonie de parapher le traité Ceta visant à renforcer les échanges commerciaux entre les pays de l’Union européenne et le Canada. Blocage purement provocateur de la part de cette province de Belgique version : «Le Ceta ne passera pas par moi !» Pas si sûr et cela serait trop réducteur de limiter l’analyse à cette réponse. L’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada est dit de «nouvelle génération» car il va au-delà de l’aspect purement commercial. Il prévoit notamment une convergence des normes réglementaires dans de nombreux domaines comme la santé, l’environnement ou encore les marchés publics, l’agriculture ou sur les mécanismes de règlement des différends entre investisseurs. Ces points cristallisent aujourd’hui les tensions (et pas seulement en provenance de la Wallonie) et la grande question d’avenir qui semble se poser est de savoir comment tout ce beau monde va réussir à façonner la mondialisation dans les années à venir. Car c’est bien de la mondialisation qu’il s’agit et elle est jugée inéluctable même si elle a montré ses limites dans le cadre de la libéralisation à outrance. La position de la Wallonie peut s’apparenter à celles des irréductibles Gaulois dans leur village défendant bec et ongles leur territoire face aux hordes de multinationales qui pourraient accélérer le processus et faire main basse sur ce protocole. Cette position, jugée par bon nombre d’observateurs comme tout simplement scandaleuse car bloquant un dispositif travaillé depuis plus de sept ans, soulève malgré elle la question de la réelle humanisation de l’économie de marché. Et côté humanité, il semble que l’on ait tout un chacun beaucoup à faire et pas seulement d’un point de vue purement commercial…
emmanuel.varrier