«C'est une période difficile, mais nous n'avons pas la tête sous l'eau»
David Iroz, directeur général de LME-Beltrame Group, a dressé le bilan 2018 de son activité. L'aciérie de Trith-Saint-Léger est sortie de la crise, mais subit toujours les effets de la spéculation. Le dirigeant reste optimiste et mise sur l'avenir pour se démarquer de ses concurrents.
Avec une hausse de son chiffre d’affaires de 17% (soit 309 millions d’euros générés en 2018), David Iroz, directeur général de LME-Beltrame Group, le confirme : l’aciérie, située à Trith-Saint-Léger, s’est bel et bien remise de la crise qu’elle avait subie de 2008 à 2015.
Le défi de la
spéculation
En 2018, 500 000 tonnes d’acier ont été produites. Une production moindre par rapport à 2017 et surtout par rapport à la capacité de production maximale de l’usine (750 000 tonnes). «C’est dû à un manque de visibilité des commandes, décrypte David Iroz. On ne peut planifier notre travail que 15 jours à l’avance, et il n’est pas question de produire plus que la demande.» Selon lui, la situation n’est pas particulière à LME, mais au secteur sidérurgique dans sa globalité. «Ça fait quatre ans qu’on travaille avec 15 jours de visibilité, ça ne nous fait pas peur. On compense en offrant d’autres services comme la livraison en 48 heures et le stockage des produits finis.» En 2019, LME prévoit de
produire encore moins d’acier laminé. «C’est
une période difficile, mais nous n’avons pas la tête sous l’eau, on
reste en ligne avec notre budget»,
rassure le DG.
Économie circulaire
Cette année, l’aciérie consacrera 12 millions euros à son développement. «Cette somme sera utilisée pour le renouvellement des machines, l’amélioration des conditions de travail ainsi que de notre performance écologique et énergétique», indique David Iroz. LME se félicite déjà de valoriser 98% de ses déchets. Son objectif est d’atteindre les 100% d’ici deux ans. L’acier étant un matériau recyclable à vie, la production de l’usine est uniquement issue de ferraille recyclée. Les résidus créés par la fusion sont quant à eux broyés pour être réutilisés en sous-couche routière, notamment pour le projet de contournement Nord de Valenciennes et pour la construction de la sous-plateforme de l’entrepôt Amazon à Lauwin-Planque. Des pneumatiques usagés sont également broyés pour remplacer une partie du charbon qui alimente le four électrique du site. Autre défi de l’entreprise : réduire sa consommation énergétique de 4 à 5% pour 2021 en investissant dans des nouveaux procédés. Pour le moment, LME consomme 300 Gwh par an. «C’est un engagement auprès des pouvoirs publics, et ça permettra de réduire nos factures par la suite, ce qui n’est pas négligeable», concède le DG.
Moins d’intérimaires
Côté conditions de travail, David Iroz vise le zéro accident. Ce qui n’est pas une mince affaire au vu des dangers liés à la manipulation de l’acier liquide. La sécurisation des employés passe entre autres par la formation, notamment pendant un «safety day» organisé chaque année. L’année dernière, l’entreprise a par ailleurs ouvert son propre centre de formation, «CAP LME». L’objectif premier de cette école interne est d’assurer la pérennité des emplois sur le site. Les CDI sont à présent favorisés et l’intérim ne représente plus que 3% de la masse salariale alors qu’il représentait encore 12% en 2016. «Plus de 100 collaborateurs ont été embauchés ces deux dernières années. Notre équipe est de plus en plus jeune pour assurer notre avenir : la moyenne d’âge de nos employés est de 35 ans.» Trois personnes issues de CAP LME ont été embauchées l’an passé. Une vingtaine de nouvelles embauches sont prévues avant la fin de l’année.
LME-Beltrame Group en chiffres
- 500 clients nationaux et internationaux
- 535 salariés
- 6 700 tonnes de broyat de pneus générées
- 600 000 tonnes de ferraille recyclées
- 70 000 tonnes de produits finis stockées