C’est l’histoire de 10 singes …
Après cette série d’articles au cours desquels nous avons pu découvrir plusieurs clés pour développer durablement et sainement la motivation de nos collaborateurs, se pose la question du changement. Et plus précisément, de la résistance au changement. En effet, quand vous allez mettre en oeuvre les actions suggérées, même si celles-ci sont destinées à faciliter la vie de votre équipe, celle-ci va d’abord passer par une phase de résistance. Pourquoi résistons-nous plus ou moins à chaque fois que nous nous trouvons confrontés à un changement ? Comment gérer cette résistance quand elle nous touche ou comment l’accompagner chez les autres quand ils sont impactés par notre décision ? C’est l’objectif de ces prochains articles que de répondre à ces questions.
Mais avant cela, laissez-moi vous raconter l’histoire des 10 singes. Je l’ai entendue dans une conférence à laquelle j’ai assistée il y a déjà quelques années. Elle illustre pour moi à merveille notre façon de fonctionner face au changement et surtout, pourquoi nous lui résistons. Une université américaine avait tenté l’expérience de mettre 10 singes dans une pièce dont le plafond était transparent. Une ouverture y avait été pratiquée et on pouvait accéder à ce plafond, qui était en fait une mezzanine, par une échelle. Juste avant que les 10 singes ne pénètrent dans la pièce, un régime de bananes fut déposé sur le plafond, de telle façon que les singes puissent le voir par transparence. Bien évidemment, une fois dans la pièce, tous les singes se ruèrent sur l’échelle pour aller récupérer le régime de bananes. Ce qu’ils ne savaient pas, c’est que le second barreau de l’échelle avait été piégé : dès que l’on mettait le pied dessus, la totalité de la pièce était immédiatement aspergée par plusieurs pommes de douche. Très vite, il ne resta que 2 ou 3 téméraires pour continuer à essayer de monter sur le plafond. Mais à chacune de leur tentative, tous leurs autres congénères étaient également arrosés. Ceux-ci décidèrent donc de sauter sur le premier qui s’approchait d’un peu trop près de l’échelle. Et finalement, plus aucun des 10 singes n’essaya de grimper.
Améliorer la situation
L’habitude, bien que frustrante, est plus forte que le risque à prendre pour améliorer la situation… Le lendemain, on fit sortir un des singes pour le remplacer par un nouveau et on désactiva discrètement le piège à eau. Le nouveau singe, dès qu’il aperçut le régime de bananes, s’approcha de l’échelle. Voyant cela, les 9 autres se précipitèrent sur lui pour l’empêcher d’aller chercher les bananes. Après plusieurs tentatives, le petit nouveau cessa de vouloir grimper alors qu’il n’avait pas été arrosé une seule fois. Le jour d’après, on fit sortir un des 9 anciens singes pour le remplacer par un second nouveau. Et le même manège se reproduisit à l’identique. Et chaque jour, les chercheurs procédèrent au remplacement d’un singe du 1er jour par un nouveau singe. Et chaque jour, les anciens sautaient sur le nouveau avant qu’il ne déclenche l’arrosage. Le 10ème jour, il n’y avait donc plus que 10 singes «nouveaux» dans la pièce dont aucun n’avait été arrosé le 1er jour. Le 11ème jour, on introduisit un 11ème singe qui, bien évidemment, se précipita sur l’échelle. Mais avant qu’il ne puisse l’atteindre, les 10 autres lui sautèrent dessus pour l’en empêcher, alors qu’aucun d’eux n’avait été arrosé une seule fois ! Il y a certainement beaucoup de conclusions à tirer de cette expérience. Personnellement, je retiendrai que nous faisons probablement beaucoup de choses par habitude, sans trop nous demander si les conditions qui ont dicté ces habitudes n’ont pas changé. Et donc que nous préférons souvent une situation insatisfaisante mais connue à une situation potentiellement plus satisfaisante mais incertaine. Cela s’appelle rester dans sa bulle de confort.
Changement inéluctable
«La nature est en perpétuelle transformation. Sans changement, aucune croissance n’est possible» (Lise Bourbeau). Et pourtant, le changement est inéluctable car il est la nature même de la vie. Nous savons tous que ce qui stagne meurt. Je me rappelle avoir lu un article scientifique qui expliquait que toutes les cellules de notre corps, excepté nos cellules grises, se régénèrent et se renouvellent en permanence et qu’au bout de 7 ans, la moindre de nos cellules a été changée, et que nous habitons donc un corps complètement neuf. Je suis sûr qu’intellectuellement, vous êtes d’accord avec moi. Mais il n’empêche que nous résistons quand même. Alors pour quelles raisons, et surtout, que faire pour que ça se passe mieux ? C’est ce dont nous traiterons dans notre prochain article. En attendant, prenez bien soin de vous … et de votre équipe !