CENFE : les atouts d’une banque de plus en plus "multiple"

Engagée dans la diversification et l’approfondissement de ses activités, la Caisse d’épargne Nord France Europe a de moins en moins l’image de l’écureuil replié sur ses noisettes et de plus en plus celle d’un écureuil offensif dans son développement.

Alain Denizot, président du directoire, Daniel Brika, pôle BDD, Léon-Sylvain Lentenois, président du comité de gouvernance de la RSE et secrétaire du conseil d’orientation et de surveillance, Philippe Lamblin, président du COS, François Codet, pôle finance.
Alain Denizot, président du directoire, Daniel Brika, pôle BDD, Léon-Sylvain Lentenois, président du comité de gouvernance de la RSE et secrétaire du conseil d’orientation et de surveillance, Philippe Lamblin, président du COS, François Codet, pôle finance.
François Codet, pôle finance, Alain Denizot, président du directoire, Philippe Lamblin, président du COS, Daniel Brika, pôle BDD, et Léon-Sylvain Lentenois, président du comité de gouvernance RSE et secrétaire du COS.

François Codet, pôle finance, Alain Denizot, président du directoire, Philippe Lamblin, président du COS, Daniel Brika, pôle BDD, et Léon-Sylvain Lentenois, président du comité de gouvernance RSE et secrétaire du COS.

“Ce que sera le paysage bancaire dans six ans, j’ai du mal à l’imaginer“, a reconnu Philippe Lamblin lors de la présentation des résultats de la Caisse d’épargne Nord France Europe le 23 avril 2015, à la veille d’une convention qui s’est tenue à Valenciennes le 25 avril. Reconduit la veille à la présidence du conseil d’orientation et de surveillance pour un deuxième mandat de six ans, il n’entend pas voir la Caisse rester les bras ballants pour ne pas avoir à subir le syndrome de la VPC (“plus personne qui prend le catalogue“) : pour la banque, “plus personne dans les agences“… “On se prépare une stratégie, incontestablement on va conduire un changement dans le temps“, explique-t-il, mobilisateur.

Banque physique et numérique. A ses côtés, Alain Denizot, président du directoire, complète : “être à de vrais carrefours, réglementaire avec la BCE comme régulateur depuis cette année, conjoncturel ou structurel avec des taux à des niveaux jamais connus, et numérique avec tout au bout du regard et du doigt“. Se refusant à être de “la banque, sidérurgie de demain“, il revendique “par conviction et par modèle” de pouvoir “rester une banque très implantée territorialement et qui fait de ses agences territoriales des atouts pour développer la relation clientèle, qu’elle soit physique ou numérique. Notre cible, c’est que demain, et déjà aujourd’hui pour certaines, toutes nos agences soient à la fois physiques et numériques. C’est ce chemin-là que nous prenons avec toutes les évolutions de compétences, d’organisation, d’accessibilité qu’il faut mettre en œuvre“. Et, bonne nouvelle, “le corps social (de la CENFE) est en train d’y adhérer“, constate Philippe Lamblin en animateur d’une «banque qui a assis ses positions, qui a accru sa pénétration et se prépare à une vraie réflexion stratégique partagée“.

C’est aussi qu’au-delà d’instances rajeunies, féminisées et qui “n’ont pas été élues pour regarder les trains passer“, mais avec l’enjeu de “faire équipe avec le directoire“, la CENFE dispose dans ce contexte d’atouts qui comptent : elle a “un énorme réservoir de clients” (1,8 million dont 500 à 600 000 de très proches) ; elle est une banque multi-marchés au service de clientèles multiples ; et elle présente des résultats plus que positifs sur le premier mandat de Philippe Lamblin, de l’implantation à Bruxelles (“révélation d’un Nord France Europe qui a pris tout son sens, on est en Europe !“) au coefficient d’exploitation qui s’est bonifié d’une demi-dizaine de points pour atteindre 58,9 % parmi les trois meilleures performances du groupe BPCE, mais aussi un PNB par collaborateur amélioré, des capitaux propres à 2,093 Mds€ (+156 M€) et un ratio Tier One de 19,87 % à même de rassurer ses clients sur sa capacité à disposer de fondamentaux “pour accentuer l’aide au développement du territoire“.

Alain Denizot, président du directoire, Daniel Brika, pôle BDD, Léon-Sylvain Lentenois, président du comité de gouvernance de la RSE et secrétaire du conseil d’orientation et de surveillance, Philippe Lamblin, président du COS, François Codet, pôle finance.

Alain Denizot, président du directoire, Daniel Brika, pôle BDD, Léon-Sylvain Lentenois, président du comité de gouvernance de la RSE et secrétaire du conseil d’orientation et de surveillance, Philippe Lamblin, président du COS, François Codet, pôle finance.

Relais de croissance. Pour avoir un aperçu des évolutions conduites par la CENFE depuis six ans, un bon indicateur est celui de la composition de son produit net bancaire. Stable à 486 M€ (+0,5 % par rapport à 2013), il s’inscrit dans une conjoncture économique nationale et régionale “qui a du mal à repartir“, mais avec “relais de croissance puissants à portée de main“. Certes, la CENFE est encore largement une banque de particuliers − ses 350,5 M€ de PNB banque de détail en attestent −, mais elle développe aussi “de belles réussites” sur le marché des professionnels (+ 13,7 % à 36,3 M€),  sur le marché patrimonial (+ 1,4 % à 86 M€ où “elle commence à compter“), et sur les marchés de la Banque des décideurs qui affiche 63 M€, dont 14 M€, +3,7 %, en entreprises.    

Sur le marché de la banque de détail, “l’activité n’a pas été très importante en production de nouveaux crédits à 2,4 Mds€ contre 2,8 Mds€ en 2013“, du fait notamment d’une baisse de 20 % des crédits immobiliers à 1,2 M€, mais en reprise de 30 à 35 % au premier trimestre 2015 sur la même période de 2014. La production de crédit consommation a progressé de 15 % à 400 M€. Les encours fins de crédit ont néanmoins progressé de 2,2 % à 12,639 Mds€, quand les encours d’épargne s’affichent à 23,8 Mds€, dont 45 % de collecte bilan.

La clientèle de la Banque des décideurs en région a bénéficié de près de 660 M€ de crédits contre près de 880 M€ en 2014. Les encours moyens de crédit n’ont que peu progressé à +1 % du fait des collectivités locales qui se sont positionnées en retrait. Par contre, la BDR a enregistré l’ouverture de plus de 240 nouveaux comptes courants, les clients entreprises passant ainsi sur cinq ans de 300 à plus de 600.

Belgique aujourd’hui. Picardie demain ?Une entrée en fanfare“, c’est ainsi que Philippe Lamblin a qualifié l’ouverture en août 2014, avenue Louise à Bruxelles, du “fort avancé” portant son enseigne. Ciblant le marché des grandes entreprises d’un chiffre d’affaires supérieur à 50 M€, cette succursale y totalise un encours global de collecte de crédits de plus de 100­ M€ sur sept opérations réalisées. De premiers résultats qui, outre d’être porteurs du recrutement d’un quatrième collaborateur, attestent de l’intérêt des acteurs belges pour les crédits en syndication, mais aussi poussent la CENFE, qui compte déjà 11 000 clients qui représentent 100 M€ d’encours, à “explorer comment développer une relation avec une clientèle de particuliers et professionnels“, dans un premier temps frontalière.

Alain Denizot a aussi annoncé la création de CENFI, Caisse d’épargne Nord France investissement, structure de capital-risque et de capital-développement qui vise à apporter des compléments de fonds propres à des PME dans le cadre de leur développement, de la préparation de leur transmission ou de la réorganisation de leur capital. Sa cible d’intervention porte sur des tickets allant de 0,7 à 1,5 M€. Cette structure s’inscrit en complémentarité avec le lancement d’une structure nationale, Caisse d’épargne développement, dédiée aux tickets allant de 0,7 à 6 M€ pour des entreprises régionales ayant un CA compris entre 10 et 100 M€, et de façon prioritaire supérieur à 50 M€. “Nous visons deux à trois opérations par an pour un objectif de capitalisation de 10 à 20 M€.”

Interrogé sur un éventuel rapprochement avec son homologue picarde, la Caisse d’épargne Picardie, dans le cadre de la nouvelle grande région, Alain Denizot, qui a relevé la profitabilité de ces deux caisses, a indiqué que “s’il y avait alliance à rechercher“, il faudrait “une volonté partagée” et “une alliance équilibrée pour ne pas perdre l’atout de la proximité… Dans l’instant, la CENFE, c’est la taille idéale. Le sujet de la création d’une grosse structure, c’est l’effet de polarisation vers la ville principale. Il n’y a ni urgence ni conflit. Souvent, c’est quand on est libre et consentant qu’on fait le bon choix“. Comme l’avait dit précédemment Philippe Lamblin, “on pourrait nous attendre en Picardie, nous arrivons en Belgique… L’objectif n’est pas de s’étendre territorialement, mais d’être meilleur sur notre territoire“.