A Quaëdypre, la chaudronnerie CMTS se développe et investit grâce à la filière lin
Créée en 2012, la chaudronnerie CMTS s’est diversifiée trois ans plus tard dans la fabrication sur mesure de matériels destinés aux chaînes de production des teilleurs de lin. Aujourd’hui, ce secteur en pleine croissance représente 90% de son activité et amène l’entreprise à réaliser un investissement de 1,8 million d’euros.
Lorsqu’il crée CMTS en 2012, David Le Paumier n’imagine pas qu’un jour son entreprise sera reconnue dans le milieu très fermé du teillage de lin. Chaudronnier de formation et de profession depuis une vingtaine d’années, il ne connaît rien à ce secteur d’activité et ambitionne surtout de travailler pour un milieu qu’il connaît parfaitement : l’industrie.
«Et puis, les hasards de la vie professionnelle ont fait que j’ai rencontré Patrick Demarle, chaudronnier-traceur depuis 30 ans dans une entreprise qui fabriquait exclusivement du matériel destiné aux chaînes de production des teilleurs de lin. Nous avons sympathisé. L’entreprise de Patrick a fermé. Cela faisait trois ans que j’étais installé et travaillais seul. Je me suis dit : pourquoi ne pas embaucher Patrick et m’appuyer sur son savoir-faire et sur sa très grande connaissance du milieu pour me diversifier dans la filière lin», se rappelle David Le Paulmier.
Bien lui en prend. Tout de suite, le carnet d’adresses très fourni de Patrick Demarle permet, en effet, à CMTS d’engranger les premières commandes. «En fait, nous sommes très peu sur ce secteur d’activité particulièrement pointu et technique. C’est un marché de niche. La difficulté provient du produit qui est travaillé par nos clients : la fibre de lin qui s’accroche dans les moindres aspérités mais aussi les pierres et les cailloux qui sont ramassés dans le champ en même temps que les tiges de lin et qui peuvent provoquer de gros dégâts sur les chaînes de production. Beaucoup de chaudronniers s’essaient à ce secteur mais généralement peu persistent», commente David Le Paulmier.
CMTS fabrique sur mesure toutes les pièces qui entrent dans la composition d’une chaîne de production, sauf celles qui concernent la partie teillage, généralement produites en grande série et qui arrivent prêtes à être posées. «Nous fabriquons les dérouleurs, les machines de filtration de l’air et des poussières, les trieurs, les secoueurs : en résumé, tout ce qui sert à récupérer les sous-produits du lin, comme les anas», explique Patrick Demarle.
Des investissements et des embauches
Dès la première année de diversification, cinq personnes sont embauchées pour suivre la montée en puissance de l’entreprise dont le chiffre d’affaires explose. Aujourd’hui, CMTS compte des clients de la Normandie jusqu’au Pays-Bas, en passant par la Belgique, soit toute la zone de production du lin. Elle emploie une dizaine de salariés et réalise un chiffre d’affaires de 1,3 million d’euros, en constante progression, dont 90% pour le seul secteur du lin.
Les locaux de Quaëdypre sont désormais trop petits pour répondre aux besoins de l’entreprise. «Nous souhaiterions investir dans un atelier de 5 000 m² minimum, avec une grande zone de stockage», précise David Le Paulmier.
Un investissement immobilier, complété par un investissement dans de nouvelles machines, pour lesquels CMTS va pouvoir bénéficier d’une aide financière dans le cadre du plan de relance du gouvernement sur le volet «modernisation de l’outil de production français». «Nous allons investir dans un appareil de mesure numérique en 3D, mais aussi dans une presse-plieuse et une rouleuse automatique à commande numérique. Nous pourrons ainsi faire de la moyenne série tout en réduisant nos délais de fabrication et en améliorant les conditions de travail de nos salariés», commente le chef d’entreprise.
Un investissement total de 1,8 million d’euros qui sera accompagné de quelques embauches, chaudronniers et dessinateur industriel en particulier.