Ce réseau d’experts-comptables les incite à s’adapter

Au Quesnoy (Avesnois), il s’agissait de la première réunion d’information sur les aides publiques et outils comptables que les éleveurs laitiers doivent connaître, leur dit-on, pour faire face à la crise et s’adapter à la logique libérale.

Olivier Vanpeperstraete, président de Cerfrance Nord, Pas-de-Calais, au micro, entouré de Marie-Sophie Lesne, maire du Quesnoy et surtout vice-présidente de la Région chargée de l’agriculture, et de Grégory Denys, directeur général.
Olivier Vanpeperstraete, président de Cerfrance Nord, Pas-de-Calais, au micro, entouré de Marie-Sophie Lesne, maire du Quesnoy et surtout vice-présidente de la Région chargée de l’agriculture, et de Grégory Denys, directeur général.
D.R.

Olivier Vanpeperstraete, président de Cerfrance Nord − Pas-de-Calais, au micro, entouré de Marie-Sophie Lesne, maire du Quesnoy et surtout vice-présidente de la Région chargée de l’agriculture, et de Grégory Denys, directeur général.

Le 29 septembre, à l’hôtel de ville du Quesnoy, dans l’Avesnois, Cerfrance Nord − Pas-de-Calais (conseils et expertise comptable) a organisé la première réunion d’information d’une série destinée aux éleveurs laitiers : «Eleveurs laitiers, comment agir face à la crise ?». Le but n’était pas de remettre en cause le système agroalimentaire industriel, mais d’inciter les agriculteurs adhérents à le comprendre, au besoin en remettant en question leurs façons de faire…

Cerfrance a présenté des indicateurs et outils élaborés à leur intention. Buts : les faire gagner «en valeur ajoutée», en «rentabilité», en «efficacité»… Bref, «faire de l’argent et rembourser leur banquier».

En fin de réunion, Olivier Vanpeperstraete, président de Cerfrance Nord − Pas-de-Calais, a convenu qu’il n’y avait pas de «solutions toutes faites» mais des «pistes de réflexion». 

À vif. Dès le début de l’exposé, technique et financier, illustré de graphiques, courbes, chiffres, les éleveurs ont réagi. Pour eux, la clé du problème, c’est le prix du lait et le comportement des laiteries, animé, disent-ils, par la seule logique financière. Cet aspect du débat a été cependant écarté, car Cerfrance tient à rester neutre dans ce qui oppose les producteurs et les laiteries. Tout en compatissant.

De cette réunion, on retiendra que les exploitants agricoles ne sont décidément pas des entrepreneurs comme les autres : de tous les acteurs de la filière agricole, sans oublier les administrations et services qui gravitent autour, ils sont sans doute les seuls à ne pas vivre (normalement) de leur travail, alors qu’ils sont les premiers maillons de la chaîne et qu’ils ont toujours la mission officielle de nourrir la planète.

Quel chef d’entreprise accepterait de vendre en dessous de son prix de revient, sans dégager de revenus, d’être à ce point soumis à des cours mondiaux capricieux ou aux exigences de l’industrie ou des administrations ? C’est ce qui est demandé aux exploitants qui restent, en outre, dépendants des aléas de la météo et des rythmes de la nature qui échappent à la rationalisation.

 

Aides. Donc, pour qu’un agriculteur laitier conventionnel vive, ou survive, dans la logique libérale et ses mécanismes implacables, il a besoin d’aides publiques, d’allègements, de délais de paiement, qui occupent une grande place dans leurs trésoreries. L’objet de la réunion était de les aider à en tirer le meilleur parti.

Celle-ci se déroulait au Quesnoy, dont le maire est Marie-Sophie Lesne, qui est aussi vice-présidente à l’agriculture au Conseil régional.

Parmi les aides et primes présentées ce jour-là aux éleveurs, il y a l’audit pris en charge à la fois par la Région (80%) et Cerfrance (20%). Cerfrance a également mis en place un numéro vert et prévu un report des créances de 18 à 36 mois (avec critères et conditions), ainsi que ces réunions d’information et de formation.

Côté Région, Mme Lesne a dit qu’un plan d’urgence pour l’élevage avait été annoncé en janvier et que la Région avait prévu 4 millions d’euros. Adoptant le même discours que Cerfrance, l’élue a estimé que les éleveurs manquaient parfois de «technicité» et de «connaissances» en agronomie. Selon elle, «70 % des éleveurs en Thiérache ne connaissent pas leurs coûts de production», et la rationalité économique et comptable doit remplacer la gestion au «feeling».

 

Quelles solutions ? L’élue régionale a lancé des pistes qui se voulaient plus rassurantes : la création d’un lait des Hauts-de-France issu de l’économie herbagère, l’instauration d’un prix équitable (sans préciser comment il pourrait être établi), l’invitation à se réunir faite aux éleveurs afin qu’ils «chassent en meute».

De son côté, Cerfrance a évoqué des ouvertures possibles : passer de l’agriculture conventionnelle à l’agriculture biologique (en croissance et plus rémunératrice), tirer parti de l’AOP maroilles… On peut en ajouter d’autres, déjà choisies par des éleveurs : se diversifier pour sortir de la mono-activité, faire de la transformation, de la vente directe, lancer des appels aux consommateurs pour qu’ils raisonnent «commerce équitable»… Ou abandonner le métier, la mort dans l’âme !

Sans illusion mais combatif, un éleveur a dit que les jeunes agriculteurs, sauf à être déjà pris dans la toile d’araignée des remboursements de prêts, n’avaient pas forcément envie de se laisser faire par le système agroalimentaire à qui, notons-le, le politique ne demande jamais de se remettre en question.