Aménagement

Cayeux-sur-Mer : des pieux en bois pour protéger la route blanche et les bas champs

Depuis un an, le syndicat mixte baie de Somme-Grand littoral picard test la mise en place de pieux en bois sur plus de 300 mètres pour retenir les galets. Les premiers résultats sont positifs mais il faudra cinq ans pour faire un vrai bilan.

Les élus sont venus sur le terrain.
Les élus sont venus sur le terrain.

Protéger les biens et les personnes, c’est une des missions du syndicat mixte baie de Somme-Grand littoral picard, dont le siège se trouve à Abbeville. Entre érosion de falaises, des dunes, mouvements de chenaux, ensablement… sur la côte picarde, les défis sont immenses et complexes. Président du Conseil départemental de la Somme et président du syndicat mixte baie de Somme-Grand littoral picard, Stéphane Haussoulier est venu faire un point sur l’expérimentation de pieux en bois installés sur plus de 300 mètres de long de l’emblématique route blanche au Hourdel sur la commune de Cayeux-sur-Mer, en présence notamment de Jean-Paul Lecomte, le maire.

Écologique, économique et touristique

Cette expérimentation douce entre dans le cadre de la stratégie Bresle Somme Authie et du Papi 1 (Programme d’action de prévention des inondations). Concrètement, 480 pieux en bois (en chêne) formant six épis ont été posés pour limiter le transits des matériaux et ainsi protéger à cet endroit la route blanche et les bas champs derrière. Préférée aux enrochements ou aux épis en dur, cette solution écologique se veut économique. Le coût de l’ensemble avec le rechargement en galets est de près de 400 000 euros, le Feder participe à hauteur de 25%, la Région 15%, l’État 40%, le Département et la Communauté d’agglomération de la baie de Somme à hauteur de 10% .

Un rechargement d’environ 4 282 m(soit 56 442, 20 euros, contre une facture annuelle de 110 000 euros auparavant) a été réalisé en décembre - il a été moindre que l’estimation qui était de 5 000 m3. Quant à la construction d’un épi en dur, elle est estimée à 300 000 euros. « On peut noter un léger résultat », se félicite Stéphane Haussoulier. « Il y a une vraie différence avec ce que je voyais il y a deux-trois ans, affirme lui Jean-Paul Lecomte. La route blanche a été détruite à plusieurs reprises,  il y a désormais une belle digue de dix mètres. »

Composer avec la nature

Il faudra attendre cinq ans pour avoir un vrai recul et observer les vrais effets : « Le cordon dunaire est faible, si on ne le gère pas, cela pourrait faire entrer l’eau dans les bas champs, explique Thierry Bizet, directeur adjoint à l’Aménagement au syndicat mixte. L’érosion est d’autant plus importante que le poulier, qui est une flèche de galets avançant naturellement dans la mer, a évolué de 60 mètres, ce qui est considérable. Nous ne pouvons rien faire car il abrite une zone d’intérêt écologique avec des plantes protégées. Nous rôle à nous est de composer avec la nature, de travailler avec la mer. Il nous reste plus de 800 mètres à protéger. Nous devrions poursuivre la mise en place des pieux en bois avec le Papi 2 qui débutera en 2025. »

Thierry Bizet, directeur adjoint à l’Aménagement au syndicat mixte baie de Somme-Grand littoral picard.

Les pieux en bois permettent aussi de sauvegarder l’un des sites emblématiques de la côte picarde, visité par un million de personnes chaque année et symbolisé par la présence du blockhaus où beaucoup de touristes aiment à admirer les couchers de soleil : « C’est un point d’attrait, un spot », assure Thierry Bizet, dont les services surveillent l’évolution du trait de côte avec grande attention, notamment après les grandes marées ou tempêtes.

Interrogé au sujet du projet de dépoldérisation de la ferme Caroline qui avait pour objectif d’entretenir le port du Hourdel et de conforter la digue de la Gaîté, Stéphane Haussoulier ne s’est pas montré très positif : « C’est un projet qui remonte à de nombreuses années, on nous demande sans cesse de faire de nouvelles études qui coûtent très cher, sans compter les mesures compensatrices qu’on nous imposent. Malgré l’urgence climatique, on ne sent pas d’assouplissement des règles pour agir. Demain, si un drame arrive, on accusera les élus locaux de n’avoir rien fait. Il serait temps d’accélérer ! » « On anéantit les énergies des élus, appuie Jean-Paul Lecomte. Les travaux de la digue de la Gaîté devraient déjà être faits. On prend des risques, les études comme les mesures compensatrices retardent l’opération, ce qui pourrait être fatal. »