Entreprises

Car Avenue s'engage pour un apprentissage de la performance

À Woippy, le groupe automobile Car Avenue organise actuellement, avec le soutien de l'OPCO Mobilités, des formations d'une journée pour les tuteurs de ses apprentis. Au cœur de l'initiative, des enjeux importants qui dessinent le futur de l'entreprise.

La session animée par Florence Josselin, consultante et formatrice au sein d'Itaque Conseil.
La session animée par Florence Josselin, consultante et formatrice au sein d'Itaque Conseil.

On le mesure depuis maintenant plusieurs années, l’apprentissage connaît un net regain d’intérêt. Si les mesures incitatives étatiques ont bien sûr accéléré le processus, force est de constater que les lignes bougent, les mentalités évoluent. On serait tenté de dire "enfin", tant nous revenons de loin. Longtemps, trop longtemps, sans vraiment que l'on sache vraiment pourquoi, l'apprentissage, les métiers de la main, furent vus "comme une voie de garage". Dommageable pour les filières et finalement peu respectueux pour ceux qui s'y engageaient et ceux leur distillent les bases et les métiers. La roue tourne favorablement à présent. D’ici 2027, l’objectif de l’État est d’atteindre le million de contrats par an. L’an passé, on a dénombré plus de 800 000 contrats, soit 14 % de plus qu’en 2021.

«On ne forme plus uniquement un savoir-faire»

Khira Boudjella, déléguée régionale Grand Est d’OPCO Mobilités (automobile, logistique, services et transports), confirme cet élan pour l’alternance : «Nous avons plus d’apprentis, c’est indéniable. De plus en plus par choix des familles, quand l’orientation se pose. De plus, on observe un nombre croissant de filles aller vers des métiers que l’on voit traditionnellement comme masculins. C’est très encourageant. Ainsi, dans les transports en commun, beaucoup d'employeurs embauchent des conductrices, car les femmes, c'est prouvé, ont des comportements moins accidentogènes. Ils y voient là un gage de sécurité et de fiabilité. Face à cette montée en puissance de l'apprentissage, il est indispensable d’accompagner les tuteurs. En effet, on ne forme plus uniquement un jeune sur un seul savoir-faire technique. Le grand changement par rapport il y a quelques années est que l’entreprise doit prendre aujourd’hui davantage en compte l’environnement extérieur de l’apprenti, lui créer un parcours individualisé en son sein. Je dirais presque le «cocooner». Car l’objectif est qu’il reste dans son entreprise. Il faut donc lui donner envie du métier et de son lieu de formation.» L'analyse de Khira Boudjella se concrétise en prise directe sur le terrain au sein du groupe automobile Car Avenue, avec le soutien de l’OPCO Mobilités. De septembre à novembre quinze journées de formation se déroulent dans les locaux du site SWA à Woippy, dirigé par Olivier Simonnet, pour les tuteurs de ses apprentis. Une formation non obligatoire. Le groupe Car Avenue a mené une étude en interne sur les causes de ruptures des contrats d’apprentissage et les aspects à améliorer quant à l’accompagnement de l’apprenti par le tuteur. Le groupe a sollicité OPCO Mobilités qui prend en charge financièrement ces formations en présentiel - qui sont aussi possibles en distanciel -. Ce sont une dizaine de personnes par formation qui se succèdent, soit entre 130 et 150 tuteurs formés au total. C’est un nombre conséquent qui fait se rendre compte de la taille de l’enjeu pour l’entreprise.

«Mieux transmettre»

Ce qu’explique bien Franco Cuglietta, responsable de la cellule de recrutement à Car Avenue : «En termes de formation, il y a bien sûr ce qui tient du législatif et de l’obligation. Mais, aussi, tout ce qui est propre à une entreprise comme la nôtre, à sa culture, à son histoire, à ses valeurs. Il nous a semblé primordial de mener ces formations. Je dis souvent qu’un tuteur est un «père métier». J’entends par là qu’il accompagne l’apprenti dans son évolution au sein de l’entreprise, mais qu’il va être amené à s’intéresser à tout ce qu’il y a autour de lui, parfois en dehors du cadre de l’entreprise. On peut toucher des problématiques diverses, du transport au logement, à des difficultés familiales, à du harcèlement scolaire. Le tuteur, plus largement l’entreprise accueillante, doit prendre en compte cela. C’est même notre devoir de ne pas laisser tomber un jeune. Des apprentis nous arrivent parfois sans repères, sans structures. Ils sont pourtant travailleurs, doués : à nous de les valoriser, de les soutenir. Car Avenue a un volume d’apprentis de plus de 350 jeunes, dont cette année 87 nouveaux. Ces jeunes arrivés à 15-16 ans disposent d’un volet de formations varié, du CAP à la licence. Pour nous, cela peut représenter un parcours dans l’entreprise de 5 à 7 ans. Et le but reste bien de les embaucher. Nous avons de beaux métiers qui intéressent, porteurs d'évolutions et de belles carrières. Personnellement, je vais partout où cela est possible, en milieu scolaire, dans les missions locales, dans les forums d’emploi, pour les promouvoir. Je me félicite de voir des jeunes filles vouloir devenir carrossières, mécaniciennes, responsables logistique… De toute façon, la compétence n'a pas de sexe. Le mot clé de la formation que nous déroulons actuellement est «mieux transmettre».

Rendre proactif les tuteurs

Ce matin-là, dans la salle de formation, Florence Josselin, consultante et formatrice chez Itaque Conseil, mène la session. Une journée dense pour appréhender des items importants, parfaire ses méthodes, les affiner, en découvrir, autour de deux questions fil rouge : comment accueillir un jeune ? Quelle approche pédagogique ? Florence Josselin revient sur la méthodologie adoptée : «Il n’y a rien du cours magistral. Tout est axé sur des temps d'échanges. Des mises en situation, des travaux pratiques permettent de bien situer les choses, de les mettre en perspective. Il y a des sujets transversaux et complémentaires.» Des thèmes centraux donc : la stratégie d’alternance du groupe Car Avenue, les missions clés du tuteur, la transmission des savoirs et de l’expérience, le suivi et l’accompagnement, l’évaluation des compétences, le vivre ensemble intergénérationnel, la plan d’action. À l’issue, chacun, de retour sur son lieu de travail spécifique, pourra l’appliquer. Le groupe Car Avenue souhaite rendre proactif ses tuteurs, mettre en avant leur engagement dans chaque garage et concession. La forme demeure à définir. Au travers de cette formation, l’ambition individuelle et collective repose sur ce socle fondamental : que les apprentis soient mieux accueillis, intégrés… et fidélisés. Un levier majeur de la marque employeur. Dans ses composantes territoriales, Car Avenue lie ici présent et futur. Car, ne l’oublions pas, les apprentis d’aujourd’hui sont les salariés et collaborateurs de demain. Ce n’est pas le moindre des challenges. Il est tout autant ardu que passionnant à relever. Se réfléchit et se travaille ici l’avenir de l’entreprise.

Donner les outils pour rendre plus efficace le rôle essentiel du tuteur de stage.