Capital-investissement : vers un millésime 2015 "en forte progression"

Capital-investissement : vers un millésime 2015 "en forte progression"

 

D.R.

De gauche à droite, au premier rang, Bertrand Fontaine (bpifrance), Jean-Pierre Nuns, Stéphanie Malysse (Siparex), Thierry Dujardin (IRD), Philippe Traisnel, président d'Ambition capital (CMCIC investissement) ; debout, Grégory Sanson, président de Lille Place tertiaire, Christophe Deldycke (Nord Capital partenaires).

 “Nous avons la chance en région d’avoir une offre très large, voire assez abondante sur tous les segments du capital-investissement, ce qui n’est pas vrai pour toutes les régions françaises. Lille fait partie des trois régions les plus dynamiques avec Lyon et Nantes en matière d’accompagnement des entreprises en haut de bilan“, s’est réjoui Philippe Traisnel, président d’Ambition capital, club qui réunit les 18 acteurs du capital-investissement régional, lors de la présentation de la deuxième édition de son Observatoire du capital-investissement régional.

De 50 000 € à plus de 10 M€. Ce club, qui a rejoint en 2011 l’association Lille Place tertiaire, a pour objectif de promouvoir le capital-investissement auprès des entreprises régionales qui, tôt ou tard, peuvent avoir besoin de fonds propres pour assurer leur développement.

Activité de financement haut de bilan consistant pour un investisseur, privé ou institutionnel, à entrer au capital d’une société qui a besoin de capitaux propres, le capital-investissement concerne généralement l’investissement dans des sociétés non cotées pour financer leur développement ou leur transmission, soit par rachat de titres existants, soit par apport de nouveaux fonds propres par émission de nouveaux titres. L’offre présente en région permet de répondre à une large population d’entreprises, de la TPE à la PME et l’ETI, à différents stades de leur développement, capital-risque/capital amorçage, capital-développement, capital-transmission (hors capital-retournement, absent de la région), pour des montants d’intervention unitaires larges allant de 50 000 € à plus de 10 M€, sous formes d’actions, d’obligations convertibles en actions, de prêts participatifs ou de comptes courant d’associés.

Selon le stade du développement de l’entreprise, le capital-investissement permet d’apporter ou de renforcer les fonds propres de l’entreprise lors de certaines étapes phares de son développement (investissements lourds, constitution de réseau commercial…), d’accélérer son développement (croissance externe, international), de réorganiser la géographie du capital et/ou de faciliter la transmission, mais aussi d’améliorer sa solvabilité vis-à-vis de tiers (banques, fournisseurs), d’en faire évoluer la gouvernance et d’enrichir les réflexions stratégiques.

Les chiffres clés 2014. De 59 M€ en 2013, les capitaux investis par l’ensemble des capitaux-investisseurs présents en région (hors business angels et family office) ont totalisé 68,4 M€ en 2014, en progression de 16%. Cette augmentation en valeur s’est accompagnée en parallèle d’une augmentation de 10% du nombre d’entreprises accompagnées en fonds propres, passé de 97 à 107. “Ces chiffres traduisent la volonté des entreprises de s’ouvrir au capital-investissement“, note Philippe Traisnel, qui fait le constat d’une concentration des investissements dans le département du Nord (64,2 M€ après 54,6 M€ en 2013), la part du Pas-de-Calais n’étant plus que de 3,8 M€ après 4,7 M€.

Par segment d’intervention, hors le capital-retournement vraiment à la marge avec 0,1 M€, l’Obsersatoire fait le constat d’une “assez bonne présence sur les trois principaux segments“. L’essentiel des opérations a, en 2014, été consacré à la réorganisation du capital et au capital-transmission à hauteur de 40 M€, alors que ce segment ne totalisait que 7,9 M€ en 2013, une progression notamment attribuée à la hausse des tickets de LBO. Suivent le capital-risque capital-innovation, à 15,5 M€ contre 9,1 M€ en 2013, et le capital-développement, nettement moins concerné en 2014 : à 12,8 M€ alors qu’il affichait 42,2 M€ en 2013, “du fait de quelques opérations clés qui peuvent influer d’une année sur l’autre“.

Par taille d’entreprise accompagnée, ce sont celles dont le chiffre d’affaires se situe entre 50 M€ et 250 M€ qui ont consommé le plus de financements à 25,7 M€ (15,2 M€ en 2013), devant les CA inférieurs à 5 M€ à 22,7 M€ (12,1 M€ en 2013), les CA de 5 à 50 M€ qui ont mobilisé 18,5 M€ contre 32,7 M€ en 2013. Si les CA supérieurs à
250 M€ étaient absents en 2013, ils pèsent, de façon presque anecdotique, 1,4M€ en 2014.

2015 prometteur. Et Philippe Traisnel de laisser entrevoir “à nouveau une progression en 2015 du fait de l’accélération des opérations sur la partie haut de bilan et surtout sur la phase de capital-risque capital-innovation, tant en nombre d’entreprises qu’en montant de capitaux. À fin septembre, nous en sommes déjà à 15 M€ supplémentaires. 2015 va plutôt être un bon millésime“, d’autant qu’en “sciences de la vie et nouvelles technologies, il y a des besoins de financement en attente“. Un pronostic appuyé par Thierry Dujardin qui note, pour Nord Création, “être à fin juin au même niveau qu’à fin 2014, avec beaucoup d’opérations sur tous les segments“.

Ces heureuses perspectives ne demandent qu’à se vérifier, d’autant que l’outil régional de capital-investissement s’est encore renforcé en ce deuxième semestre 2015 avec les créations de Finovam gestion et du Fonds interrégional d’amorçage Nord-Est (FIRA) ; l’augmentation de capital à 30 M€ de Nord France amorçage, fonds public dont la mission est depuis 2013 de co-investir avec le privé sur des projets innovants en phase amorçage et post-amorçage ; sans oublier les réflexions en cours pour démultiplier les effets de la troisième révolution industrielle.

Et la demande ? Avoir cette offre de financements et des équipes décisionnaires en région participe à l’attractivité du territoire et à la volonté de Lille Place tertiaire“, s’est réjoui Philippe Traisnel, conforté par Thierry Dujardin (“la région n’a pas à rougir de ses tickets et de ses niveaux d’intervention tant en nombre qu’en montant“) et par Bertrand Fontaine, directeur de bpifrance Nord-Pas-de-Calais, qui a rappelé que NFA, qui n’a pas d’équivalent ailleurs en France, permet de multiplier par deux le montant d’accompagnement des entreprises sans alourdir le process de décision mais avec un impact significatif. Reste que si, comme l’a noté Bertrand Fontaine, “on est en capacité de suivre les besoins des entreprises” dans leurs levées de fonds, “ce qui manque après, a observé Stéphanie Malysse, directrice du bureau Siparex Lille, c’est le marché qui fait nos interventions. Il nous faut trouver davantage d’opérations à financer“.

ENCADRE

 Grégory Sanson, président de Lille Place financière 

Au même titre qu’Ambition capital, Lille Place financière est un club de Lille Place tertiaire. Tous deux ont pour ambition de fédérer les énergies liées au monde de la finance et de promouvoir une finance au service de l’économie. Plus spécifiquement, Lille Place financière travaille à développer les services à valeur ajoutée au bénéfice des institutions et des entreprises dans la région et, dans la compétition des territoires, faire de Lille et de sa grande région une place forte du tertiaire supérieur en Europe. Ce club compte quelque 300 adhérents, acteurs de l’écosystème financier, établissements financiers, sociétés d’assurances, professionnels du chiffre, associations professionnelles, monde enseignant, entreprises…

L’actualité du club, à la date du 11 juin 2015, c’est la désignation de Grégory Sanson, directeur financier groupe et membre du comité exécutif depuis 2008 du groupe Bonduelle, à la présidence du club. Il succède à cette fonction à Olivier Asselin qui l’a assumée de 2008 à 2015. Cette désignation traduit, a expliqué le nouveau président, “la volonté de Lille Place financière qu’au-delà d’avoir une forte proportion d’adhérents d’institutions financières, les entreprises prennent leur part à l’évolution de cet écosystème“. À l’actif du club, le nouveau président a rappelé les conférences annuelles de conjoncture – le 12 janvier 2016, avec Patrick Artus, à EuraTechnologies − et sur le projet de loi de finances – le 9 décembre 2015 à la Cité des échanges −, les cycles “droit et finances”, mais aussi, actualité plus récente, la sortie du “Guide des services financiers”, riche de 300 sociétés et organismes représentés à travers 18 thématiques, de l’assurance à la finance, du conseil à l’accompagnement. “En dépit de la mise à mal du secteur ces sept dernières années, nous avons noté une très bonne résilience des acteurs dans cette nouvelle édition, avec l’émergence de nouvelles offres comme le crowdfunding. Avoir une telle offre sur la région, avec une multiplicité d’acteurs et d’instruments, est un très bon signe.