Capeb 54 : entre reprise et inquiétudes

Remontée quasi historique de l’activité, reprise certaine et palpable. Conjoncture idyllique pour le secteur du Bâtiment ? Pas vraiment ! Les nuages de la pénurie de matériaux, des délais de livraison qui s’allongent et une situation de plus en plus tendue en matière de recrutement commencent à obscurcir l’horizon. Constat établi à l’occasion de l’assemblée générale de la Capeb (Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment) de Meurthe-et-Moselle le 24 septembre à l’Abbaye des Prémontrés.

Lénaïc Rauch (à droite), président de la Capeb 54 et Maurice Karotsch, président de la Capeb Grand Est assurent que les difficultés de recrutement sont de plus en plus importantes.
Lénaïc Rauch (à droite), président de la Capeb 54 et Maurice Karotsch, président de la Capeb Grand Est assurent que les difficultés de recrutement sont de plus en plus importantes.

«Quand le Bâtiment va tout va !» Arnaud Cochet, le préfet de Meurthe-et-Moselle reprend la célèbre expression de l’un de ses homologues du XIXe siècle, Martin Nadaud, maçon originaire de la Creuse devenu député puis préfet, à l’occasion du discours de clôture de l’assemblée générale de la Capeb de Meurthe-et-Moselle le 24 septembre à l’Abbaye des Prémontrés. Dans les chiffres, l’expression se confirme. «L’activité de l’artisanat du bâtiment a retrouvé le niveau d’activité de 2019, le premier semestre 2021 affiche une croissance de + 0,5 % par rapport à 2019. Ainsi, le deuxième trimestre 2021 enregistre, par rapport au même trimestre de l’année précédente, une envolée de croissance de + 37 %», peut-on lire dans la dernière note conjoncturelle nationale de la Capeb. La Meurthe-et-Moselle n’échappe pas à ce bon phénomène statistique. Un phénomène, soit mécanique, par rapport à la situation atone de 2020, mais une reprise certaine dans les chiffres. Reste que derrière les chiffres, la réalité apparaît tout autre. «Même au plus fort de la crise sanitaire, nous n’avons quasiment jamais arrêté notre activité. Aujourd’hui bon nombre d’inquiétudes sont présentes. À l’instar d’autres secteurs, nous sommes confrontés à une hausse des prix des matériaux et des difficultés d’approvisionnement dont la durée ne cesse d’augmenter», assure Lénaïc Rauch, le président de la Capeb de Meurthe-et-Moselle.


Recrutements sous tension

Bois, acier, cuivre, minerai de fer, zinc, «toutes les entreprises artisanales du secteur, quelle que soit leur taille sont impactées», révèle une enquête nationale de la Capeb. L’augmentation des prix impacte principalement les secteurs de la menuiserie-serrurerie, la couverture-plomberie-chauffage et l’aménagement-décoration-plâtrerie. Quant à la pénurie de matériaux, les métiers les plus marqués sont la maçonnerie et les entreprises générales, la couverture-plomberie-chauffage et la menuiserie-serrurerie. Conséquence directe : «nous avons de plus en plus de mal à anticiper nos achats de matériaux pour faire face à nos commandes.» Autre ombre au tableau que cet effet conjoncturel de flambée des prix : des difficultés de recrutement que les professionnels assurent être de plus en plus importantes. «C’est un sentiment général à bon nombre d’artisans. Le phénomène apparaît aujourd’hui encore plus accentué. Nous devons continuer à attirer vers nos métiers et notamment les jeunes. Aujourd’hui pour le seul département de la Meurthe-et-Moselle, 300 offres d’apprentissage ne sont toujours pas pourvues », assure Lénaïc Rauch. «L’apprentissage dans le bâtiment est une voie d’excellence avec des perspectives de développement professionnel. Il ne faut pas uniquement cibler les publics en difficulté et en déshérence comme peut le laisser penser la dernière campagne de communication de l’État sur le sujet.» Le dur chantier de l’image est toujours en cours…

Anticiper la reprise d’entreprise

«Un artisan sur quatre à plus de 55 ans dans notre secteur !» Constat établi par Lénaïc Rauch, le président de la Capeb de Meurthe-et-Moselle. «Dans dix ans, ce sont près de 25 % des entreprises artisanales de notre secteur qui seront à céder. Il devient impératif de palier le problème.» Une des solutions : «former nos jeunes. Nos apprentis d’aujourd’hui sont nos repreneurs de demain.» Reste à convaincre, encore et toujours, à s’orienter vers ces métiers.