Canal Seine-Nord reconfiguré : la (trop longue) attente

Rémi Pauvros a remis à Frédéric Cuvillier son rapport de 220 pages qui réaffirme la pertinence et la faisabilité à ce stade du canal Seine-Nord. La balle est dans le camp de l’exécutif national.

Canal Seine-Nord reconfiguré : la (trop longue) attente
D.R.

Rémi Pauvros.

Mission accomplie pour le député-maire de Maubeuge, Rémi Pauvros, qui a rendu le 11 décembre à Frédéric Cuvillier, ministre délégué chargé des Transports, de la Mer et de la Pêche, son rapport à l’issue de la mission qu’il lui avait confiée par lettre en date du 17 avril 2013 de reconfigurer le canal Seine-Nord Europe. «Mon rôle était d’amener le dossier le plus près possible de la décision éventuelle de faire ou de ne pas faire ce grand projet qui date en termes d’idée de 30 ans. Je rends ma copie, l’exécutif appréciera…»
Que dit ce rapport ? Qu’il s’agit d’une «infrastructure attendue, qui se justifie par son intérêt économique, européen (…), source de développement économique à court, moyen et long terme (…) permettant de relancer la culture fluviale et contribuer ainsi à la transition énergétique par le report modal». Loin de s’inscrire dans des schémas polémiques qui ont pu prévaloir dans le passé, Rémi Pauvros a travaillé à rendre réalisable ce projet en s’appuyant sur le déclaration d’utilité publique qui actait le tracé sans rouvrir le débat et en en élargissant la vision, au-delà des 106 km du chantier, à la notion de bassin corridor Nord de l’Europe, du Havre à Rotterdam.
Dans le même temps, exit le fameux PPP (partenariat public/privé), source d’un coût devenu exorbitant à 7 Mds€ dont 3 à charge de l’Etat, pour fort opportunément découvrir les vertus d’une possibilité de financement fléchée par l’Europe à hauteur de 40% pour le chantier et de 50% pour les études, soit 1,8 Md€, mais pour laquelle, prévient Rémi Pauvros, «on prend notre tour ou on la perd». Soit 2 Mds€ de moins par l’abandon du PPP, 550 M€ gagnés par le redimensionnement du projet technique (une écluse de moins, 8 km repris sur le canal du Nord, accessibilité aux convois de classe Vb, 4 400 t, soit 180 camions…), 1 Md€ apporté par les collectivités, Région et conseils généraux, 1 seul demandé à l’Etat : l’addition s’en est trouvée allégée et le financement conforté. Sans oublier «une grande perspective économique» avec notamment, au-delà des 13 000 emplois du chantier, les 20 000 à 50 000 créations d’emplois progressives en bord à canal.
«Là où j’en suis arrivé, je ne peux pas aller plus loin en termes de consensus, d’investissements, de financements, a indiqué Rémi Pauvros. Le projet du canal Seine-Nord est un des dossiers qui arrivent à un moment où on peut proposer, en accompagnement de la croissance − dont il est raisonnable de penser qu’elle va progresser−, un grand chantier. Il appartient à l’exécutif d’en faire son affaire.» A quelle date ? «Le calendrier s’impose par deux éléments : les négociations qui s’ouvrent sur les crédits européens 2014-2020 et les contrats de plan Etat/Région. C’est la fenêtre de tir pour une décision de principe relativement rapide en 2013, 2014. Il appartient à l’Etat de prendre position sur les sept propositions contenues dans mon rapport (création d’une société de projet, affinement du plan de financement, complément de DUP…), pour un démarrage éventuel des travaux connexes en 2015 et du cœur du projet dès 2016/2017, pour se terminer fin 2022.»