Calais veut passer du fondde la classe au premier rang

La zone d’activité La Turquerie, dédiée aux transports et à la logistique, était à l’honneur le 29 septembre dernier. Accueillis dans l’entreprise All 4 Trucks, premier investisseur arrivé il y a trois ans dans la zone, les acteurs économiques, les élus et la direction du groupe DCB international ont dévoilé les premières lignes de leur projet. Ainsi, 200 millions d’euros devraient être investis à la Turquerie. Grand-messe devant un parterre de journalistes français et britanniques.

Les atouts du Calaisis n’en finissent pas d’être soulignés : position géographique, dessertes autoroutières, lien transmanche maritime, lien transmanche ferroviaire, au coeur de l’eurorégion, disponibilité foncière importante, ressources humaines disponibles à foison… Le paradis de l’investisseur en somme. Mais les 16% de chômeurs, une désindustrialisation pluri-décennale et une population paupérisée ont vite fait de rebuter l’observateur : le territoire va mal et sortir de l’ornière exige de nombreux projets. Le groupe d’immobilier d’entreprise DCB veut y croire. En effet, cette PME rhônalpine spécialisée dans l’immobilier logistique compte investir massivement – on parle de 200 millions d’euros – dans un périmètre de 160 hectares qui font face à l’autoroute A16 et jouxtent la rocade portuaire. “Franchement, un espace pareil, d’un seul tenant, ça ne se trouve pas beaucoup en France”, s’enthousiasme Didier Caudard-Breille, le PDG. La communauté d’agglomération du Calais se rend maître du foncier depuis trois ans. “La déclaration d’utilité publique a été signée ce mois-ci”, se réjouit Philippe Blet, le président de la communauté de communes. DCB arrive donc à point nommé. La longue bande d’espaces fonciers fait l’objet d’un projet ambitieux : “une plate-forme multimodale de dernière génération” doit sortir de terre dans les prochaines années. Une première phase vise à construire, sur les 50 premiers hectares, deux très grands bâtiments totalisant 220 000 m², “dont 2 bâtiments embranchés fer de 48 000 m² chacun”.

Deux bâtiments “en blanc” pour commencer. Dans un second temps, DCB augmenterait son potentiel avec l’adjonction d’autres bâtiments. En tout, l’ensemble pourrait comporter plus de 600 000 m², dont 11 000 m² de bâtiments tertiaires. Equipé ainsi, le Calaisis deviendrait un énorme noeud dédié à la logistique de flux comme le montrait déjà en 2006 une étude de l’agence de développement économique Calais développement. Les étendues vierges du bord de l’A16 offriraient l’image d’un parc multimodal avec une offre immobilière complète (bureaux, stockage…). Les surfaces à louer ou à acquérir seraient taillées entre 1500 et 50 000 m². L’un des avantages réside aussi dans le prix. A cet égard, Didier Caudard- Breille insiste sur l’attractivité : “On aura des bâtiments dont le coût est français et la location située quasiment en Grande-Bretagne… mais sans le prix anglais !” Une économie qui devrait intéresser les grands logisticiens. “Le prix de location sera compris entre 42 et 48 euros le mètre carré.” Bien qu’unique au nord de Paris, la zone n’a pas encore été retenue par des clients transporteurs, logisticiens ou grands distributeurs, hormis Norbert Dentressangle, installé à quelques encablures de la Turquerie. Mais DCB a confiance et construit ses deux premiers bâtiments “en blanc”. Didier Caudard-Breille l’assume : “On prend sur nous les investissements mais nous avons de nombreux contacts avec des acteurs logistiques, étrangers notamment.”

Un potentiel de 2 000 nouveaux emplois. Les premiers permis de construire doivent être déposés avant la fin de l’année. Ensuite, le calendrier table sur une période d’instruction de quelques mois avant les premiers coups de pelle. La première tranche pourrait être livrée fin 2014/début 2015. Le nombre d’emplois attendu serait de 2 000 dans le cadre du projet global. Un chiffre que le PDG de DCB justifie de manière “empirique” : “On se base sur un ratio selon l’affectation des surfaces. Dans la première tranche, on aurait environ 1 000 emplois créés.” DCB déclare s’engager sur des “nouveaux emplois”. A quoi il faut ajouter quelques centaines d’emplois induits. L’architecture infrastructurelle du territoire a encore du potentiel. Avec l’électrification de la ligne ferroviaire Calais-Dunkerque, avec les embranchements ferroviaires portuaires, fort des investissements du projet Calais port 2015 et de l’élargissement attendu du trafic, le projet de DCB semble s’inscrire dans un timing parfait pour le territoire et ses élus. Pour autant, le groupe n’a investi à ce jour que 500 000 euros (études, ingénierie…). Le temps des grandes décisions approche et l’on saura alors vraiment quel sera l’étiage de départ du projet.

Un groupe en expansion. Depuis sa création en 1999, DCB international se positionne sur l’immobilier tertiaire haut de gamme en centre-ville et sur les parcs tertiaires en périphérie. Le groupe “entend asseoir son développement sur deux ambitions : l’approfondissement d’une démarche de développement durable de qualité et une diversification géographique”. Ce sera chose faite avec “Calais premier”. En outre, DCB a livré l’an dernier la première tranche d’un parc tertiaire de 7 000 m² dans l’ouest lyonnais. D’après la direction, “l’année en cours devrait également voir le démarrage de plusieurs chantiers dont celui de l’Atrium Gerland (8 500 m² de Shon), déjà loué par Pôle emploi qui l’occupera en 2011 ; celui de la deuxième tranche d’un parc (Business Airport de 5 800 m² Shon), ainsi qu’un projet de rénovation (2 500 m² de Shon), au sud de Lyon. Enfin, en 2011, le groupe a déposé le permis de construire d’un ensemble de 18 000 m² de bureaux dans l’est lyonnais. Un immeuble supplémentaire doit être livré l’an prochain”. Aujourd’hui, DCB atteint un niveau de surface de 260 000 m² dans les deux ans. Avec la zone de la Turquerie à Calais, le groupe doublerait son potentiel et donnerait une perspective positive et durable au Calaisis. Pour marquer encore plus sa confiance, la direction de DCB chercherait des bureaux à Calais.