Cadeaux de fin d'année
Baudelaire
Alors que l’on commémore le 150e anniversaire de la mort de Baudelaire, cette passionnante biographie aborde des pans de la geste du poète romantique qui méritaient d’être à nouveau questionnés. Nourrie de sources premières – œuvres, correspondance, notes autobiographiques, témoignages directs… –, l’auteur accorde une place nouvelle à l’entourage de Baudelaire et en particulier à son éditeur Poulet-Malassis. Elle montre la pluralité de son talent, celui du poète, du traducteur, du critique littéraire et du critique d’art, dévoilant les contradictions déchirantes de celui qui n’est jamais bien là où il est, célèbre les vertus du travail et maudit sa fainéantise, rêve d’ordre et de luxe, mais mène une vie de «chien mouillé». La plume ciselée de Marie-Christine Natta restitue magnifiquement cette existence dont le cours paradoxal a favorisé l’éclosion d’une œuvre à la fois singulière dans sa conception et universelle par sa portée.
Baudelaire de Marie-Christine Natta (Editions Perrin).
Bach
Tout a été dit sur Bach, sa vie et son œuvre, mais pas assez sur ce qui fait aujourd’hui son urgence. Car, alors que règnent l’incommunicabilité, l’exclusion, le malentendu, seul Bach sait encore rassembler et réconcilier. Sa musique manifeste un ordre et un sens auxquels tous peuvent consentir, nous faisant citoyen d’un monde plus lumineux. Il faut ainsi découvrir ce Bach salutaire, en qui continue de rayonner l’authentique optimisme des Lumières. Explorant les pages essentielles du compositeur, l’auteur démontre à quel point ne font qu’un l’esprit souverain de Bach, qui conçoit et combine, et le Bach serviteur, sans cesse appliqué à faire de ses œuvres, pour tous, un pain quotidien – celui que célébreront après lui tous les grands génies de l’art. Cet essai magistral du plus grand penseur français contemporain sur la musique est en quelque sorte son testament spirituel.
Bach ou le meilleur des mondes d’André Tubeuf (Editions Le Passeur).
Marina Abramovic
Comment une jeune femme née dans la Yougoslavie communiste de Tito est-elle devenue, en quelques décennies, une icône mondiale de l’art contemporain ? Marina Abramovic raconte ici son extraordinaire aventure artistique et les péripéties de son parcours vers le succès, acquis en repoussant sans cesse les limites du corps humain, la peur, la douleur, la fatigue, dans une quête sans compromis de transformation émotionnelle et spirituelle où elle n’a jamais hésité à mettre sa vie en danger. Née d’un père membre de la garde d’élite de Tito et d’une mère directrice du musée de l’Art et de la Révolution, l’artiste raconte avec sincérité et passion – mais aussi avec un humour féroce –, son enfance, ses amours, ses complexes, ses débuts dans l’art, qui trouvent leurs origines dans ce pays qui n’existe plus. Soit un récit épique et émouvant où une femme s’affranchit d’une histoire toute tracée pour devenir l’une des plus importantes inspiratrices de l’esthétique de la pop culture du XXIe siècle.
Marina Abramovic. Traverser les murs (Editions Fayard – Traduit de l’anglais (États-Unis) par Odile Demange).
Jean Rochefort
Cette première biographie de l’un des derniers «monstres sacrés» du cinéma français retrace le parcours d’un comédien unique qui, enfant, rêvait déjà de monter sur les planches en écoutant des représentations théâtrales à la radio avec sa mère. Plus tard, il entre au Conservatoire et côtoie Jean-Paul Belmondo, Claude Rich, Bruno Cremer, Annie Girardot ou Philippe Noiret et échange bon nombre de rôles avec Jean-Pierre Marielle. Au théâtre puis au cinéma, Jean Rochefort glisse des emplois de clown à ceux de séducteur, de la légèreté à la gravité avec la même élégance. Avec comme signes reconnaissables sa moustache légendaire, son œil malicieux, sa fantaisie et un sens du verbe piquant. Née de huit ans d’une enquête minutieuse, cette biographie donne abondamment la parole à Jean Rochefort et dessine le portrait chinois d’un des acteurs préférés des Français dont la vie trépidante épouse six décennies de notre histoire hexagonale.
Jean Rochefort. Prince sans rire de Jean-Philippe Guerand (Robert Laffont Editions).