«Vous êtes invités par le futur...», thème de la 4ème Université des entrepreneurs

«Vous êtes invités par le futur...» : c'est la thématique retenue par le Medef régional pour la 4e édition de son Université des entrepreneurs. L'occasion pour le millier d'entrepreneurs attendu d'échanger et se mobiliser sur les nouvelles technologies, les nouvelles sources de financement, l'ubérisation de l'emploi, l'alimentation et les transports de demain, sur les futurs possibles qui touchent et impactent les entreprises. Entretien avec Frédéric Motte, président du Medef Lille Métropole et Hauts-de-France.

«Vous êtes invités par le futur...», thème de la 4ème Université des entrepreneurs

 

D.R.

Frédéric Motte, président du Medef Lille Métropole et Hauts-de-France.

 

La Gazette : L’heure est déjà à la quatrième édition de l’Université des Entrepreneurs…

Frédéric Motte : La vie de l’entreprise, c’est toujours se remettre en cause, avancer, réfléchir. Notre syndicat patronal a plusieurs missions. Une de lobbying pour faire valoir les idées de l’entreprise qui sont nos solutions ; une de représentation des chefs d’entreprise autour de tous les enjeux du paritarisme, de la représentation devant les prud’hommes et les tribunaux de commerce, et donc de défense des intérêts de nos adhérents ; et enfin une troisième qui est celle d’animer nos chefs d’entreprise. C’est dans ce cadre que, parmi toutes nos animations annuelles, pour la quatrième année consécutive, nous organisons cette Université des entrepreneurs le 6 juillet. Cette Université est résolument celle des entrepreneurs, pas seulement et plus que celle de nos adhérents. Elle est ouverte à tous les chefs d’entreprise, petits et grands, métiers traditionnels et métiers de haute technologie, ingénieurs et commerciaux…

Après avoir traité les sujets «Les jeunes prennent la relève» ou encore «Les mutations, c’est possible !» cette année le thème choisi est «Vous êtes invités par le futur…», parce que le futur est déjà présent dans les entreprises avec la révolution du numérique, les nouveaux modèles économiques, la révolution de la mondialisation. De tous ces éléments, soit on se fait un château de sable autour de nous, mais on n’y croit pas beaucoup, soit on plonge, sauf qu’on ne plonge pas comme cela. Il faut apprendre, appréhender, partager les expériences des uns et des autres. C’est ce que nous voulons proposer aux chefs d’entreprise tout au long de cette journée et d’une manière tout à fait dynamique, avec à la fois des ateliers, des plénières très interactives, sans pour autant négliger quelques têtes d’affiche ni surtout les nombreux acteurs qui viendront montrer et indiquer comment ils appréhendent le futur, comment ils le mettent en œuvre dans leurs entreprises aussi bien dans la production que dans l’organisation, le management, bref dans tous les domaines de l’entreprise.

 

Vous cherchez à épater ? 

Nous aurons la présence de Pierre Gattaz, mais aussi de Nathalie Bala, d’Edouard Roquette, de Didier Leroy, de Marc Ingla, de Thierry Mallet de Transdev, d’acteurs des secteurs de la banque, de la recherche comme Laura Magros du CEEBIOS à Senlis qui travaillent sur le biomimétisme, de start-up : autant de têtes d’affiche et beaucoup d’autres qui vont essayer de nous épater ! D’autant que la journée aura débuté par un «Parcours inédit des futurs» à travers les stands de vingt entreprises qui permettront de découvrir comment elles ont imaginé la mise en œuvre de nouvelles formes de management, de nouveaux produits… La finalité de cette journée n’est pas de rassembler 1 000 personnes pour les rassembler, mais bien de permettre aux chefs d’entreprise ou de se rassurer de voir leurs confrères confrontés aux mêmes défis et aller dans la même direction, ou d’ouvrir les yeux, ou encore de partager leurs questions, leurs inquiétudes, leurs défis pour être plus forts demain.

Nous sommes convaincus que, pour répondre aux défis que la France a à relever – et on l’a vu avec les dernières élections que ce soit dans la participation, dans les votes de rejet, dans les inquiétudes des Français –, une des solutions parmi celle que nous mettons en tête, c’est l’entreprise. Nous aimons notre territoire, mais notre territoire ne se développera que si s’y développent des acteurs économiques qui peuvent entraîner la population, créer du lien social, générer de la croissance et des recettes qui permettront ensuite la solidarité, l’investissement public, etc. C’est bien l’entreprise qui en est à la genèse. Nous avons envie que nos acteurs du territoire profitent des opportunités de cette mondialisation, qu’ils se développent. Nous estimons que notre job, c’est de les rassembler pendant une journée pour, en quelque sorte, picorer, tout en développant leur réseau.

Les chefs d’entreprise sont souvent la tête dans le guidon. Gérer une entreprise, c’est compliqué, prenant, difficile. Ils ne se rendent pas compte que dans la commune d’à côté, quelqu’un pourrait les aider. Nous voulons profiter de ce grand rassemblement pour leur permettre d’échanger, de faire du relationnel. Les jeunes sont friands de ce genre d’opération. 

 

Des politiques sont annoncés. Quel message souhaitez-vous leur faire passer et entendre ?

Après le temps des ateliers-débats qui verront en début d’après-midi des témoins experts dans leur domaine confronter, toujours sur un mode dynamique et interactif, les chefs d’entreprise sur les enjeux de santé, de transport, de transformation numérique, d’emploi, d’habitat, de financement, de digitalisation, d’échanges entre entreprises centenaires et start-up, ce sera le temps de la seconde plénière sur le thème «Et si le futur c’était nous ?». Si nous sommes convaincus que c’est l’entreprise qui peut créer de la richesse qui permettra de créer de l’emploi et de la solidarité, nous le sommes aussi que l’entreprise – et c’est le sens de la RSE – n’est pas seule sur son territoire. Elle vit dans un écosystème et notre volonté est de développer les passerelles entre l’entreprise et son environnement. Ce sera l’occasion de partager la vision du futur de Marc Ingla, Patrick Kanner et Philippe Lamblin à travers leurs regards croisés sur le sport, la politique et l’entreprise au service du territoire, puis de Didier Leroy sur les futurs que Toyota est en train d’écrire, et d’Agnès Verdier-Molinié qui donnera son regard sur le futur de la politique.

Si la présence de Xavier Bertrand, notre interlocuteur de référence, est acquise, celle de Gérald Darmanin, le régional de l’étape au gouvernement, est attendue en conclusion de cette journée. S’il n’est pas notre ministre de référence à proprement parler (c’est Bruno Le Maire), la présence de Gérald Darmanin porte trois sujets importants pour le monde de l’entreprise que sont la fiscalité, le prélèvement à la source au poids des impôts de production ; le budget, tant il me semble indispensable que l’entreprise France allège sa dépense publique et s’engage dans la spirale vertueuse du moins de charges ; et, enfin, la fonction publique qui doit être business friendly, plus soucieuse de conseiller, de soutenir, d’encourager que de sanctionner, contrôler, pénaliser. Je reste convaincu que nous sommes tous dans le même bateau. Si nous ramions tous dans le même sens, cela contribuerait à créer le climat de confiance dont a besoin le chef d’entreprise. Si nous sommes de prime abord bienveillants à l’égard du gouvernement, nous restons vigilants. Voilà l’état d’esprit dans lequel nous abordons ce début de mandature. Si nous avons entendu un certain nombre de déclarations d’amour qui vont dans le bon sens, le monde de l’entreprise attend avec impatience des preuves d’amour, les premières mesures notamment sur la réforme du travail. Pour qu’il y ait ce choc de confiance, il faut aller vite et fort dans les réformes. Il n’y a pas de raison que la France continue à s’enfoncer. Le propre d’un chef d’entreprise, c’est d’être optimiste, de relever les défis. Ce ne sera pas facile, mais c’est au gouvernement de créer l’environnement favorable pour ce chantier. 

 

Quelques mots sur la conjoncture économique… 

La situation est un peu meilleure : pour preuve les indicateurs économique et les résultats des entreprises. Mais on voit encore beaucoup d’entreprises dont les bénéfices seraient inexistants sans le CICE. Les banquiers nous disent que les investissements repartent un peu, ce qui est un signe plutôt positif de confiance et de pari sur l’avenir, mais cela reste fragile tant nous ne sommes pas sur des pentes énormes. Si on pouvait mettre un peu de visibilité politique, chiche ! D’autant qu’il y a pour l’État obligation à réformer et pour les entreprises à se transformer. Tous les défis, mondialisation, révolution technologique, attente des collaborateurs et des jeunes générations, toutes les transformations, le chef d’entreprise doit les gérer en marchant. Toute l’ambition de notre Université des entrepreneurs, c’est de l’aider en l’accompagnant, en lui proposant des animations, des conférences, des rencontres avec d’autres acteurs…