«Travailler ensemble pour avoir des résultats ensemble»

Les présidents du Conseil régional et des cinq Conseils départementaux de la grande Région ont entamé un dialogue commun pour «lier» au mieux les dossiers, les projets et les thématiques qui leur sont communs. Un partenariat inédit d'actions et - c'est la promesse de ce «G6»- de résultats mesurables auquel il faudra s'habituer.

Lors de la rencontre du 13 janvier à Lille.
Lors de la rencontre du 13 janvier à Lille.

 

D.R.

Nicolas Fricoteaux, Édouard Courtial, Xavier Bertrand, Jean-René Lecerf, Michel Dagbert et Laurent Somon.

 Les uns ont leur G10, d’autres leur G20, G23… La nouvelle grande Région Nord – Pas-de-Calais – Picardie a, depuis le 13 janvier, son G6, un groupe des Six qui réunit les présidents du Conseil régional − Xavier Bertrand, nouvellement élu − et des cinq Conseils départementaux, Aisne, Nord, Oise, Pas-de-Calais et Somme − respectivement Nicolas Fricoteaux, Jean-René Lecerf, Edouard Courtial, Michel Dagbert et Laurent Somon. Objectif de ce G6 : «travailler ensemble pour avoir des résultats ensemble». Une première rencontre s’est tenue à l’hôtel du département du Nord à Lille, le 13 janvier 2015, neuf jours après l’élection de Xavier Bertrand, pour échanger sur leurs problématiques communes, du retour à l’emploi au canal Seine Nord, en passant par les transports scolaires ou encore l’agriculture.

Tous les six ont rivalisé d’éloges sur cette première rencontre, à commencer par l’hôte du jour, Jean-René Lecerf (Nord), qui a rappelé les objectifs : «voir comment se coordonner au vu des textes nouveaux qui s’appliquent, notamment la loi NOTRe, et surtout comment faire jouer la synergie la plus totale pour que 5 + 1 ne fasse pas 6, mais bien davantage...». Edouard Courtial (Oise) a retenu de cette initiative qu’elle «montre une grande vertu, notre capacité à se parler au sein d’un petit cénacle au bénéfice d’une grande Région», quand Michel Degbert (PS, Pas-de-Calais) se réjouit de «la volonté (du président de la Région) de travailler dans le respect de la pluralité de ce qu’est la Région» et «regarde avec beaucoup d’intérêt les points d’appui qui peuvent faire avancer nos territoires», annonçant que «le territoire du Pas-de-Calais prendra toute sa place dans le travail» qui s’annonce, jusqu’à revisiter les politiques départementales à l’aune des politiques régionales. Si Nicolas Fricoteaux (Aisne) a, lui, salué «l’entente très forte des représentants élus pour apporter ensemble des solutions aux grands défis de l’insertion et de l’emploi», Laurent Somon (Somme) a mis en exergue le partenariat que Xavier Bertrand entend nouer avec les départementaux et l’entrée rapide «dans une politique d’action qui doit être mesurée sur son efficacité».

Et Xavier Bertrand de préciser leur feuille de route : «Nous allons travailler ensemble (…) pour sortir nombre d’habitants de la grande Région de leurs difficultés et pour faire sortir et avancer mieux et plus vite les projets.» Ce, sans ostracisme : «Les Départements sont toujours là et bien là avec des compétences appréciées par les habitants. Comme président du Conseil régional, je continuerai à parler avec les communes, avec les intercommunalités, mais on ne m’empêchera pas d’avoir un dialogue avec les présidents de Conseils départementaux et chacun conservera son identité départementale et même politique (…). Les Départements ne s’en sortiront pas seuls. Aujourd’hui, plus personne n’est dans une querelle de clocher ou de beffroi. La logique, c’est de faire en commun si on peut le faire. Ce n’est pas possible partout, mais quand c’est possible, cela a du sens. On ne peut pas vous livrer une règle de mutualisation en tous points et tous lieux du territoire. Nous avons décidé de faire perdurer le format de la réunion de ce jour et de pousser le plus loin possible la réflexion autour de la mutualisation.»

Les intentions réaffirmées, les membres du G6 régional ont évoqué leurs échanges du jour.

Lors de la rencontre du 13 janvier à Lille.

Lors de la rencontre du 13 janvier à Lille.

RSA. «Le A de RSA doit être le A de “activité”. Il ne s’agit pas de donner un coup de main financier aux Départements, mais de redonner toute sa force au A de RSA. La Région peut les aider en finançant davantage, par exemple, l’économie sociale et solidaire, les chantiers d’insertion, les chantiers-écoles, sur la formation» au bénéfice des allocataires du RSA… Une convention sera signée dans les prochaines semaine». «Je suis sûr qu’on aura des résultats (à la condition d’un) travail en commun et sur mesure.»

Schéma régional des formations. «Il est plus ouvert en Nord – Pas-de-Calais qu’en Picardie. Nous allons appliquer la règle du mieux-disant.» Les Picards pourront accéder à l’éventail de l’ensemble des formations existantes. 

Apprentissage. Les Départements sont invités à faire connaître l’apprentissage auprès des collégiens dans le trimestre qui précède les vacances scolaires pour éviter les ruptures à la rentrée.

Transports scolaires. Si la loi a confié cette compétence à la Région, elle retournera par convention aux départements qui «font bien». Sans changement ni de politique ni de tarifs pour ses bénéficiaires.

Canal Seine-Nord. Projet auquel il «tient comme à la prunelle de ses yeux», Xavier Bertrand veut en «bousculer le calendrier (…), passer à la vitesse supérieure» parce qu’il «est synonyme d’emplois et de développement économique».

Agriculture. Un plan d’urgence sera voté fin janvier pour les éleveurs et les producteurs de lait. Sur la question de l’approvisionnement des cantines et autres lieux de vie, «on a quelques mois pour être opérationnels à la rentrée prochaine, et avant si possible».

Mutualisation de locaux. Xavier Bertrand souhaite partager des locaux avec les départements dès ce mois de février pour mettre en œuvre les premiers rendez-vous physiques dans le cadre de l’opération «Proch’emploi».

Contrats de plan. Le président du Conseil régional a rencontré le Premier ministre, «favorable à la renégociation» du contrat de plan État/Région. Il entend que l’État soit davantage au rendez-vous sur la question des infrastructures. Il ne s’interdit pas de contrats Région/Départements sur les routes d’intérêt stratégique régional. Il a cité la RN2, la liaison Cambrai-Montreuil, le CD 200 (axe Creil-Compiègne)…

Commission européenne. Une rencontre «importante» est programmée en février avec la Commission et les parlementaires européens. «La fusion doit permettre l’alignement de la Picardie sur le statut du Nord – Pas-de-Calais. Je n’imagine pas un instant qu’elle puisse nous dégrader, nous coûter. Si certains zonages peuvent être discutés, je peux le comprendre, mais je ne veux pas perdre ce statut qui a permis d’obtenir des crédits de reconversion.»

Les sujets traités n’ont donc pas manqué quand d’autres n’ont été qu’effleurés : les équipements sportifs, la culture. L’occasion de rappeler que, s’ils ne sont pas, sur tous les sujets,rentrés dans le détail, «notre travail en commun n’est pas une occasion de se désengager au profit de l’autre». Prochains rendez-vous de ce prometteur G6 : “toutes les six semaines à peu près».