«Nous travaillons sur le temps long, le politique agit sur le temps court»
Mercredi 20 décembre, lors de la clôture de la huitième mandature de l’assemblée, Laurent Degroote, président du CESER Hauts-de-France, est revenu sur les travaux menés par ses membres au cours de ces deux années. Tout au long de la matinée, le président a présenté la publication qui reprend les différents rapports et avis adoptés, mais a également évoqué les perspectives de l’institution. Entretien.
La Gazette Nord-Pas-de-Calais : Quel est le bilan que vous tirez de ces deux années ?
Laurent Degroote : D’abord une reconnaissance importante des travaux du CESER de la part de l’Etat et du Conseil régional. On a une vocation à travailler en direction de tous les acteurs de la région, et on peut dire, comme l’ont rappelé le préfet et le président du Conseil régional, que ces travaux sont non seulement attendus, mais entendus. Ensuite, n’oublions pas que nous avons beaucoup travaillé, beaucoup produit. En deux ans, plus de 40 rapports-avis et études, plus de 30 réunions d’information qui concernent toute la région ! Nos conseillers ont énormément œuvré. En plus, ces rapports sont utiles, car ils ont été repris par le Conseil régional pour être glissés dans certaines de ses politiques. Il s’agit d’une grande satisfaction, même si on considère qu’il nous faut aller plus loin. Un dernier point : on souhaite, dans le prochain CESER, mettre en place un plus grand suivi de nos travaux pour qu’ils soient le plus utiles possible, et participer aux évaluations des politiques publiques, ce qui est d’ailleurs une des missions de tous les CESER, définie dans la loi NOTRe (Nouvelle organisation territoriale de la République) et votée à l’Assemblée nationale.
Quels exemples pouvez-vous mettre en avant pour souligner l’intérêt de vos travaux ?
Il y a quelques années, en ce qui concerne la politique du livre, le CESER avait défini des propositions très claires, et le Conseil régional avait repris le projet dans son ensemble, et l’avait voté. Dans ce que nous avons proposé plus récemment, on peut évoquer le produit ou matériau biosourcé pour lequel un certain nombre de propositions ont été reprises, comme l’organisation de manifestations nécessaires pour sensibiliser sur ce thème. On peut souligner aussi l’illettrisme contre lequel le CESER s’est mobilisé. Ces travaux ont été présentés avec ceux de six autres CESER à Paris devant les instances ministérielles.
Le Conseil régional est très attentif à vos propositions et avis…
Oui, et sans pour autant que ce soit des commandes. Le CESER est saisi de façon systématique par le Conseil régional en ce qui concerne notamment les schémas obligatoires et les budgets, et tant que nous n’avons pas donné notre avis, il ne peut pas y avoir de vote. Ensuite, la plupart de nos travaux résultent de l’auto-saisine sur des sujets aussi variés que la culture, le tourisme, le sport, la santé, etc. En fait, notre champ d’action concerne toute la société, il est beaucoup plus large que le seul champ d’action du Conseil régional. Sur l’ensemble de ces domaines d’activité, nous choisissons un, deux ou trois sujets sur lesquels nos groupes de travail vont plancher dans l’année. Comme nous représentons la société civile, nos travaux débouchent sur des propositions riches et complètes, tandis que lorsque vous demandez à une instance politique de se positionner, les élus ne sont pas forcément représentatifs de toute la société du territoire. Nous, oui ! Ce qui explique l’autorité naturelle qu’ont les CESER de par leur représentation.
Y’a-t-il des dossiers qui ont été abordés de manière particulière ?
Tous les dossiers ont été abordés de manière égale. Nous avions trois priorités que j’avais émises : d’abord, les travaux doivent amener des propositions pour maintenir ou favoriser l’emploi ; ensuite, les travaux doivent concerner l’ensemble des territoires ; enfin, il faut être dans une démarche d’innovation pour être force de proposition nouvelle. Ce sont les trois critères qui ont présidé à tous nos travaux. Comme ce sont des propositions pour l’avenir, elles ne sont pas applicables tout de suite. Nous travaillons sur le temps long, le politique agit sur le temps court, donc certaines de nos idées n’auront d’effet que dans deux ou trois ans.
Laurent Degroote.