«Je veux que chacun de mes collaborateurs soit épanoui»

Philippe Krause a créé en 2011 la société Lussiol spécialisée dans le luminaire à destination de la grande distribution. À cheval entre Toul, en Lorraine, où il a développé son activité, et Hardifort, près de Cassel, où il a installé siège social et showroom, ce chef d’entreprise nordiste de 51 ans a finalement décidé en novembre 2016 de centraliser son activité sur l’ancien site d’Arc international à Blaringhem. Ce créateur d’entreprise explique les raisons qui l’ont poussé à revenir dans la région, alors que son chiffre d’affaires en 2015, un peu moins d’1 million d’euros, a été multiplié par quatre l’année suivante.

Philippe Krause et Lussiol ont commercialisé près de 250 000 luminaires en 2016.
Philippe Krause et Lussiol ont commercialisé près de 250 000 luminaires en 2016.

 

La Gazette : Pourquoi avoir décidé de déplacer votre entreprise dans la région ?

Philippe Krause : Ce choix a été relativement facile pour nous. Notre croissance nous a amené à prendre la décision de recentrer toutes nos activités et notamment la chaîne logistique. Nous nous sommes mis à la recherche d’entrepôts dans la région, car ici nous sommes à un carrefour autoroutier avec beaucoup de marchés ouverts autour. Le parc industriel à Blaringhem s’est avéré le meilleur outil pour nous, compte tenu notamment de sa surface et de ses possibilités d’agrandissement.

 

Pour quelles raisons, vous n’avez pas décidé tout de suite de vous installer dans le Nord quand vous avez créé votre entreprise ?

Car avant j’avais une activité de salarié dans une entreprise basée à Toul et quand j’ai décidé de me lancer, le savoir-faire se trouvait là-bas. Lorsque vous bâtissez un modèle économique, il faut s’appuyer sur les forces en présence et les gens qui ont des savoir-faire. En l’occurrence, à l’époque, tout cela se trouvait en Lorraine. 

 

Comment expliquez-vous votre succès ?

Il faut toujours être modeste, surtout dans l’univers de la décoration de la maison. Nous essayons juste de nous entourer de compétences. Maintenant, notre activité fait qu’il faut être très prudent. Si une année, vous présentez une moins belle collection, ça risque de coincer. Moi qui ne suis en aucun cas créatif, j’ai coutume de dire que le beau, c’est ce qui se vend. Ça ne plaît pas toujours. Nous travaillons avec cinq designers freelance, des gens qui viennent du prêt-à-porter et de l’univers de la décoration de la maison. Je pense très sincèrement que les fonctionnements d’entreprise sont des projets d’hommes et de femmes qui tirent dans le même sens. 

 

C’est quoi votre philosophie entrepreneuriale ?

À titre personnel, j’ai voulu une structure à taille humaine, permettant d’avoir beaucoup de proximité avec mes collaborateurs. J’ai souhaité leur apporter deux choses : une clarté sur la mission qui est la leur et la possibilité de libérer leurs forces sur les prises d’initiative. Je considère que ce qui freine les entreprises, c’est le manque d’initiative de la part des salariés. Pourquoi ? Parce que bien souvent, ils ont peur de perdre leur emploi. Je veux que chacun de mes collaborateurs soit épanoui et n’hésite pas à faire preuve d’initiative quelle que soit sa place dans l’entreprise. 

 

Pourquoi vous être lancé ?

D’abord, si vous vous lancez pour être indépendant et gagner de l’argent, arrêtez tout ! Vous ne gagnerez pas d’argent, en tout cas au début et tant que votre modèle ne sera pas assis et que vous aurez vérifié qu’il est rentable. Les premières années sont des années de sacrifice sur les plans personnel et financier. Aujourd’hui, mon rôle est de mettre autour de moi des savoir-faire que je ne possède pas et, à titre personnel, de me mettre dans mes zones d’expertise, c’est-à-dire le produit et le côté commercial. Donc, il y a une taille d’entreprise au-dessus de laquelle je n’irai pas si je dois un jour devenir uniquement un manager et un financier. Je veux rester dans l’opérationnel. 

 

Vous étiez auparavant dans la filière hôtelière du groupe Bouygues. Quel a été votre déclic ?

J’ai été animé et managé par des gens qui avaient des cultures différentes. Mon défaut ou ma qualité, c’est être curieux. À leur contact, j’ai été curieux d’apprendre, curieux de m’approprier ce qu’ils savaient et, dans ces vingt-cinq années de parcours professionnel, cette alchimie m’a amené à être plutôt du côté entreprendre, mais entreprendre avec des hommes, et mettre en œuvre mon outil de management comme je le pensais, avec les expériences que j’ai vécues, positives et négatives. 

D.R.

Philippe Krause et Lussiol ont commercialisé près de 250 000 luminaires en 2016.