«J’ai juste un CAP de maçon briqueteur»

Après un parcours de salarié, Christian Lefebvre a lancé, en 1986, une première entreprise spécialisée dans le gros œuvre. Elle a grandi et fait des petits. Faut dire que le patron aime son métier.

Christian Lefebvre, le maçon devenu chef d’entreprise.
Christian Lefebvre, le maçon devenu chef d’entreprise.
D.R.

Christian Lefebvre, le maçon devenu chef d’entreprise.

A 53 ans, Christian Lefebvre dirige la SARL qui porte son nom et emploie une cinquantaine de salariés auxquels il faut ajouter une vingtaine d’intérimaires. Son domaine, c’est le bâtiment et il n’est pas peu fier de dire qu’il arrive aujourd’hui à damer le pion à des entreprises du BTP plus grandes. «Lorsque j’ai créé ma société en 1986, je ne pensais vraiment pas faire un jour un chiffre d’affaires de 10 millions hors taxes !», confie-t-il.

 

Vocation précoce. Ses débuts sont tout simples : «Ma vocation m’est venue en mettant la main à la pâte chez des voisins fermiers. J’avais 12 ou 13 ans et j’ai rejointoyé un mur. A l’époque, je me disais que je serais fermier ou maçon. J’ai pris maçon.» Sans diplôme au départ, il a décroché en 1976, en six mois, un CAP dans le cadre de la formation continue. «Mon premier emploi, ce fut chez un petit artisan, maçon et carreleur. Ensuite, j’ai travaillé pour plusieurs entreprises des environs, comme salarié.»

Pourquoi devenir patron ? «J’adore mon métier et je ne sais pas m’arrêter, même une semaine. Après avoir connu plusieurs patrons, c’était logique de me mettre à mon compte. Travailler pour soi, c’est bien. Même si le métier de chef d’entreprise est parfois compliqué, je m’y consacre totalement. Et puis, dans ce domaine du bâtiment, comme il n’y a pas de cadeau entre concurrents, il faut être vigilant, présent, foncer, prendre des décisions… ».

Il remercie au passage sa famille pour sa compréhension. Son épouse, Carole, travaille avec lui.

 

Maçonnerie et gros œuvre. «C’est une entreprise de maçonnerie depuis le début. Spécialisée dans le gros œuvre, car, en général, je sous-traite le second œuvre. Je coordonne aussi des chantiers. J’ai créé l’activité en tant qu’indépendant en juillet 1986, d’abord à mon domicile de Clairfayt, puis je suis passé en société en 1996.»

S’il a démarré seul, il a très vite embauché et, en 1993, lorsqu’il a construit un atelier en face de chez lui, il comptait déjà quinze salariés. Autre date notable : son déménagement à Solre-le-Château, rue de Trélon, en juillet 2005, où il occupe maintenant 2 000 m2.

Depuis une quinzaine d’années, il a mis de côté le marché des particuliers pour se consacrer aux marchés publics. «Le premier c’était en 1991, grâce à un architecte, aujourd’hui en retraite, que j’avais contacté pour la rénovation de ma maison. Il m’a proposé de travailler avec lui pour des mairies.» Christian Lefebvre a alors réalisé beaucoup de constructions, surtout, et de rénovations : salles des fêtes, salle des sports…

Quelques années plus tard, il est passé aux lotissements pour des bailleurs sociaux et aux bâtiments industriels. Son entreprise est restée locale : «Je réalise environ 90% de mon chiffre d’affaires dans la Sambre-Avesnois et l’Aisne voisine.»

 

Plusieurs sociétés. Christian Lefebvre n’a pas qu’une seule société. «En 2006, j’ai racheté une entreprise de Fourmies, de neuf personnes dont le patron, que j’ai rebaptisé CRBS (Construction, rénovation, bâtiment Solrézis). Elle s’est installée à Solre-le-Château.» En 1999, il a aussi créé en Belgique, à Sivry, une entreprise générale de bâtiment baptisé CTH (Constructions traditionnelles du Hainaut). «Il fallait être présent chez nos voisins», constate-t-il. Et, depuis 1993, il a lancé plusieurs SCI . «C’est là que j’ai commencé à réaliser de petits programmes que j’ai loués.»

 

Intimidé. Comment s’est-il retrouvé dans ces Victoires des autodidactes ? «De moi-même, je ne l’aurais jamais tenté. C’est Roland, le juriste de l’entreprise, qui fut d’ailleurs mon instituteur, qui m’a annoncé deux jours avant que je devais me présenter à Valenciennes. Devant le jury, j’étais intimidé, impressionné. Faut dire que je n’étais pas dans mon élément habituel.»