« CONTINUONS DE LUTTER CONTRE LA FRAUDE ! »
La convention triennale “Les 24 heures du bâtiment” a réuni plus de 4 000 entrepreneurs au Palais des congrès de Paris le 6 octobre dernier. L’occasion de faire le point avec Jacques Chanut, président de la Fédération française du bâtiment, sur l’actualité du secteurLa convention triennale “Les 24 heures du bâtiment” a réuni plus de 4 000 entrepreneurs au Palais des congrès de Paris le 6 octobre dernier. L’occasion de faire le point avec Jacques Chanut, président de la Fédération française du bâtiment, sur l’actualité du secteur.
Picardie la Gazette : Quelle est la conjoncture actuelle du secteur ?
Jacques Chanut : Nous sommes dans une période où nous relevons la tête et reprenons espoir même si la conjoncture est contrastée suivant les territoires. Le logement neuf est vraiment reparti grâce aux mesures prises ces deux dernières années (régime Pinel de défiscalisation des logements locatifs neufs notamment) mais 80% de cette activité se concentrent sur 20% du territoire (plutôt urbain). Le logement social se maintient sur un bon rythme et la commande publique donne des signes de reprise. Seule la rénovation souffre encore.
P.L.G. : La FFB annonçait pourtant à l’époque du Grenelle de l’environnement un gisement de chantiers considérable dans l’isolation etc.…
J.C. : Ce marché n’est pas à la hauteur de nos attentes. Les économies d’énergie, réalisées, via les travaux, ne suffisent pas à financer ceux-ci et n’incitent pas les propriétaires à se lancer. Si on veut maintenir les objectifs du Grenelle, il faut passer par un accompagnement financier des propriétaires. Seule l’incitation peut maintenir l’objectif en termes de transition énergétique. L’obligation ne sera jamais une solution.
P.L.G. : Depuis 2008, le bâtiment a perdu 20% de son chiffre d’affaires et 10% de ses effectifs. Quid de la situation aujourd’hui ?
J.C. : L’impact de la reprise se fait sentir et pour la première fois depuis neuf ans, le bâtiment a créé de l’emploi au 2e trimestre 2017 ! Nous avons évidemment du mal à retrouver les salariés partis et toujours autant à recruter du personnel formé et qualifié. Du fait de la situation économique difficile, nous avons également formé moins de jeunes sur la période… Nous envisageons donc de remettre notamment en place des modules de formation continue pour les anciens employés du bâtiment ou issus d’autres secteurs. Nous allons avoir un trou d’air sinon si l’activité se maintient.
P.L.G. : Restons dans l’actualité… Les ordonnances visant à réformer le Code du travail vont-elles dans le sens que vous souhaitez ?
J.C. : Oui, sur l’aspect fonctionnement pour les entreprises de moins de 50 salariés. Nous avons enfin inversé la logique de toujours plus de contraintes et allons dans le sens de ce qui était attendu. Mon gros regret, c’est que rien ne change au-delà ce qui renforce le seuil des 50 et empêche les chefs d’entreprise de franchir ce cap. Oui, également côté Prud’hommes : le fait que les dommages et intérêts, en cas de litige, devront respecter un montant plafond et, pour les salariés de TPE, un montant plancher, permet à nos entreprises de connaître les barèmes de sanctions. L’idée n’est pas de payer moins mais d’avoir une grille à disposition. N’oublions pas que le résultat net des entreprises du secteur est compris entre 1 et 3%. Non enfin, côté licenciements : augmenter les indemnités pour tous (elles passeront à 1/4 de mois de salaire par année d’ancienneté au lieu d’1/5 actuellement) n’aide pas à l’acte d’embauche.
P.L.G. : Quelle est votre priorité aujourd’hui ?
J.C. : Lutter contre la fracture territoriale ! Je souhaite que l’environnement réglementaire permette le développement partout en France et que, surtout, on ne touche pas à ce qui fonctionne !