«Dans le système français, on est trop formatés»

Jean-Luc Leaper est rentré chez Heppner, à Lezennes, à 22 ans comme opérateur de saisie, avec un bac +2 en transport et logistique. Aujourd’hui, celui qui est désormais directeur de l’agence d’Houplines – 18 millions d’euros de chiffre d’affaires l’an dernier – manage plus de 50 salariés.

 «Dans le système français, on est trop formatés»

La Gazette : Pourquoi avoir souhaité démarrer tout en bas de l’échelle ?

Jean-Luc Leaper : J’estimais qu’il fallait d’abord connaître le terrain. Pour être crédible, il fallait passer par certains paliers pour ensuite manager une équipe. J’en suis toujours persuadé après 22 ans d’activité. Actuellement, j’ai une cinquantaine de personnes à gérer, et quasiment tous leurs postes, je les ai faits un par un. Ce qui fait que, quand je leur parle, je suis crédible.

Comment avez-vous vécu votre évolution chez Heppner, car ça avait mal démarré ?

Oui j’ai failli me faire renvoyer au bout de 15 jours. Je suis allé voir mon directeur pour savoir ce qu’il se passait, et je pense qu’il a aimé ma démarche. J’ai pris note, j’ai essayé d’accélérer, puis j’ai toujours été volontaire. A chaque fois que ça bougeait, j’allais le voir pour lui dire que j’étais prêt à relever le défi. Puis, après, il a pensé à moi naturellement, car il savait que j’étais motivé. C’est aussi une conception : quand vous voulez évoluer, il ne s’agit pas de demander combien c’est payé avant de se relever les manches, mais d’abord de se relever les manches pour, après, mériter son dû !

Vous avez grimpé les échelons assez vite…

Le tournant, c’est 2002. Notre activité logistique prenait de l’ampleur et mon directeur a décidé de me donner les clés d’un nouvel entrepôt de 4 000 m2 à Lesquin. Maintenant, je gère 25 000 m2 à Houplines. C’est monté crescendo : d’abord 11 000 m2 en 2007, puis 11 000 m2 supplémentaires, plus encore 3 000 m2 l’an dernier.

Du coup, n’étant pas issu du système, vous devez avoir des critères de recrutement un peu différents…

Oui, et je m’oppose à ce que je peux entendre parfois. Dans le système français, on est très diplômés et trop formatés. Je regarde plutôt ce que la personne a fait et ses aptitudes. Si elle n’est pas du métier, ce n’est pas grave. Je préfère une personne bien dans sa tête, rigoureuse, ponctuelle et avec des qualités humaines. Après on lui apprendra son métier. Manager, c’est savoir s’entourer des meilleurs. Après, ça ne peut que bien fonctionner.