Tourisme

Business France veut faire voyager le tourisme national

Le secteur du tourisme représente 8 % du PIB en France, première destination mondiale. Mais pourquoi ne pas exporter ce savoir-faire, en particulier pour les entreprises innovantes ? Plusieurs dispositifs de politique publique s’efforcent d’encourager cette tendance.

L’intérêt du secteur du tourisme ne réside pas exclusivement dans ses emplois délocalisables. Le 23 mars, à Paris, se tenaient les «premières rencontres internationales du tourisme», organisées par Business France, organisme chargé d’accompagner les entreprises françaises à l’export. Sur le territoire, tout va bien. Pour Olivia Grégoire, ministre déléguée chargée des PME, du commerce, de l'artisanat et du tourisme, «le tourisme français se porte bien. Les touristes du monde entier retrouvent le chemin de notre pays. Il est et il reste une référence dans le secteur.» Il constitue une «fierté nationale», ajoutait Laurent Saint-Martin, directeur général de Business France. Sur le plan économique, les chiffres sont en effet impressionnants : le tourisme représente 1,3 million de salariés, 30 000 entreprises et 8 % du PIB. À cette importance a répondu l’ampleur du «Plan destination France» (1,9 milliard d’euros), annoncé dès novembre 2021 pour rebondir après la crise du Covid. «Le plan a pour ambition de transformer la filière», précise Christophe Strobel, sous-directeur du tourisme à la Direction générale des entreprises (DGE) de Bercy. Parmi les orientations prises en compte par le plan figure celle internationale. Des aides financières sont en particulier prévues en ce sens pour les entreprises innovantes. À ce titre, le nouveau dispositif public prolonge certains existants, à l’image du réseau France Tourisme Lab. Fondé en 2016, il regroupe huit incubateurs qui permettent aux entreprises d’innover et de croître, en explorant des technologies nouvelles (drones, intelligence artificielle…). De son côté, pour le tourisme, Business France a pour objectif d’accompagner 200 entreprises innovantes à l’export. Il s’agit de les aider à décrypter des opportunités d’affaires et à identifier les marchés potentiellement fructueux, de mettre en relation ces entrepreneurs avec des décideurs ou prospects à l’étranger. De plus, à partir de ce mois d’avril, une plateforme digitale devrait être disponible. Elle est destinée à promouvoir la filière tourisme et à faire connaître son offre auprès des décideurs étrangers. Business France engage aussi des actions spécifiques sur une quinzaine de destinations, dont le Canada et les États-Unis. Dans ce cadre, par exemple, en janvier dernier, des start-up ont pu se rendre au CES de Las Vegas pour y rencontrer des clients potentiels.

Le Graal : l’effet boomerang

Toutefois, «le trajet des entreprises vers l’export commence en France», rappelle Caroline Leboucher, directrice générale d’Atout France, l’agence chargée de promouvoir la destination France, également impliquée. Sur le territoire, elle aide des entreprises innovantes du secteur touristique à se développer. En 2023, Atout France a par exemple lancé un appel à candidatures «recherche de solutions innovantes», invitant des start-up à intervenir sur des expérimentations. L’une d’elle concerne le slow tourisme : il s’agit de concevoir une solution de rapatriement de vélos et des personnes au point de départ pour des voyages en itinérance, en aller simple... Autre exemple de promotion de ces jeunes pousses, Atout France met sur pied des corners «innovation», dans des salons comme «Destination vignobles» qui se tient à Aix-en-Provence, ou d’autres à l’international, à l’image du Salon du tourisme et de l’innovation de Séville. S’ajoute enfin un autre acteur public qui intervient dans ce domaine, en complément d’Atout France et de Business France : Bpifrance, la banque publique d’investissement. «Nous avons une action très forte dans le tourisme. Cela représente 15 à 20 % de nos investissements», confirme Serge Mesguich, directeur du pôle tourisme et loisirs chez Bpifrance. L’établissement peut intervenir à différentes étapes de la vie d’une entreprise. À commencer par son développement local et ensuite, en l’accompagnant à l’export, par exemple, avec des assurances export, des prêts, des interventions en fonds propres… Comme dans d’autres secteurs économiques, l’ambition de Bpifrance consiste d’ailleurs à créer dans le tourisme plus de licornes, ces entreprises valorisées à plus d’un milliard de dollars. «Nous nous sommes rendus compte que raisonner exclusivement à l’échelle de la France n’était pas suffisant... Nous avons donc voulu accompagner l’ouverture de restaurants à l’étranger, par exemple. D’autant qu’il y a un effet boomerang. En faisant connaître une marque à l’étranger, on fait venir des touristes en France», estime Serge Mesguich.