Brasserie Quentovic : investir dans plus petit pour voir plus grand
Née en 2014 lorsque le milieu de la bière était en ébullition, la brasserie Quentovic, à Beaurainville, entend poursuivre son développement. Pourtant, la conjoncture tend à freiner son projet d’investissement. Rencontre avec Grégoire Bouchez, fondateur.
![Grégoire Bouchez, fondateur de la brasserie Quentovic. © Barbara Grossmann](/thumbs/1368×1026/articles/2024/12/QUINTOVIC-Jean-Jacques-BOUCHEZ-atBarbara-Grossmann-8-websize.jpg)
50 000 litres de bière* sortent en moyenne chaque année de la brasserie Quentovic, à Beaurainville, grâce à une unité de brassage de 2 000 litres. «Nous faisons dix brassins de bière blonde dans l’année, mais seulement un brassin de bière tourbée car la quantité importante fait que nous la gardons longtemps en stock», précise Grégoire Bouchez, qui a fondé la brasserie avec son frère Jean-Jacques en 2014.
«Le rôle de l'artisan est de proposer des produits typés»
Pour avoir la capacité de tester des saveurs en plus petite quantité, les deux brasseurs souhaitent se doter d’une unité plus petite. «Nous voudrions une pico-brasserie semi-professionnelle d’une capacité de 300 litres. Nous aurons alors la possibilité de nous amuser un peu plus en prenant moins de risques». Avec une unité réduite, la brasserie Quentovic espère concevoir de nouvelles recettes. «Une bière qui ne plaît pas à beaucoup de monde n’est pas forcément une mauvaise bière !», avance le brasseur.
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Lequel précise : «Le rôle de l’artisan est d'ailleurs de proposer des produits typés qui sortent de l’ordinaire. Les industriels ont une démarche inverse puisqu’ils veulent faire du volume». Lui-même amateur de bière noire, la stout, il renonce pourtant à en produire avec ses capacités actuelles. En effet, cette saveur s’adresse à une clientèle de connaisseurs. Et quand il s’agit de trouver de nouvelles idées, les deux brasseurs donnent de leur personne. «On fait de la recherche et développement en allant déguster des bières ailleurs», sourit Grégoire Bouchez.
Oser investir
Condition sine qua non à ce projet, passer par un investissement d’environ 20 000 euros que les deux associés envisagent de réaliser en 2025 à moins que «la conjoncture actuelle, avec une situation politique et économique qui ne s’améliore pas, encourage à freiner les investissements», se désole Grégoire Bouchez. Un contexte qui n’est pas sans conséquences sur les consommateurs. «Nous proposons un produit associé au plaisir, alors la morosité ambiante n’invite pas à se retrouver autour d’un apéritif entre amis par exemple», poursuit le responsable. «Dès l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale, on a senti les ventes baisser».
Les gammes qui verraient le jour grâce à une unité plus modeste se destineront notamment à des bars et à des cavistes spécialisés en bière qui comptent une clientèle de connaisseurs. «C’est un marché à développer, mais nous voulons également en faire profiter notre marché principal en lui apportant la possibilité d’expérimenter de nouvelles choses à goûter». Si la demande s’avère finalement au rendez-vous pour des brassins de 300 litres, les frères pourront alors basculer la production sur l’unité de
2 000 litres. Ce qui leur donnera l’occasion de distribuer plus largement ces recettes nouvelles.
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La brasserie Quentovic n’exclut pas non plus de s’ouvrir à d’autres boissons, comme le soda. «En voyant que nos cuves restaient parfois vides, nous avons envisagé de faire de la limonade ou un cola», souligne le brasseur. Une idée qui répond aux évolutions des habitudes des consommateurs. «C’est aussi un projet que nous portons pour répondre au public qui cherche du sans alcool, tout en essayant de nouvelles choses».
… et ne pas regretter
Nouvelle gamme de bières ou boissons sans alcool trouveront également leur place dans l’espace bar de la brasserie, où chacun peut déjà déguster neuf saveurs de bière fabriquée dans les Hauts-de-France. La brasserie Quentovic vend également ses bières artisanales auprès d’environ 200 professionnels, dans les bars et restaurants, les boutiques de produits locaux, chez les cavistes et dans la grande distribution.
Maintenir les canaux de ventes n’est pas sans difficultés. «Les grandes surfaces voient une baisse de 25% de leurs ventes de bières. C’est une bataille d’arriver à s’y faire une place, et une autre pour y rester». Alors que le nombre de défaillances de brasseries semble croître à en croire le professionnel, le chiffre d’affaires de la brasserie a aussi vu le B to C se réduire. «Avant le covid, les ventes directes aux particuliers atteignaient près de 40%. Elles ont chuté à 25%...», regrette Grégoire Bouchez. D’abord brasseurs amateurs, les deux frères ne regrettent toutefois pas d’avoir sauté le pas pour changer de vie professionnelle. «On s’ennuyait dans nos emplois, alors on a adapté à grande échelle ce que nous faisions chacun de notre côté, à Lille et Marseille», conclut Grégoire Bouchez.
1. L'abus d'alcool est dangereux. À consommer avec modération.
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En chiffres
- 200 000 euros de chiffre d’affaires
- deux associés
- 500 hectolitres produits en 2024
- Des brassins de 2 000 litres
- 400 m² de bâtiment