Borne vante en Irlande les valeurs de la République qui restent "un combat"

La Première ministre Elisabeth Borne a vanté lundi à Dublin les valeurs républicaines communes à la France et à l'Irlande, "un combat" à sept mois des élections au Parlement européen...

La Première ministre Elisabeth Borne, le 11 novembre 2023 à Paris © Ludovic MARIN
La Première ministre Elisabeth Borne, le 11 novembre 2023 à Paris © Ludovic MARIN

La Première ministre Elisabeth Borne a vanté lundi à Dublin les valeurs républicaines communes à la France et à l'Irlande, "un combat" à sept mois des élections au Parlement européen et dans un contexte international troublé.

"La démocratie, la liberté, l’Etat de droit : toutes ces notions ont forgé l’amitié franco-irlandaise" et sont "au coeur du projet européen", a souligné Elisabeth Borne, après un entretien avec son homologue irlandais Leo Varadkar pour évoquer "les enjeux internationaux" et "les grandes négociations européennes".

"Nous devons plus que jamais défendre nos convictions, défendre la construction européenne face aux partisans de l’isolement et de l’affaiblissement. Rompre avec l’Europe, c’est rompre avec nos valeurs", a-t-elle insisté alors que l'extrême droite est donnée favorite en France pour les élections européennes de juin. 

Leo Varadkar s'est félicité que la France soit devenue, depuis la sortie du Royaume-Uni de l'Union, "le voisin le plus proche" dans l’UE, et vanté leur "engagement" européen commun pour "la paix, la prospérité et la sécurité".

Les deux dirigeants ont notamment échangé sur l'élargissement de l'UE, le cadre financier pluri-annuel (qui planifie les dépenses de l'UE) et les "grandes législations que la France souhaite voir avancer" comme la réforme du marché européen de l'électricité.

Ces questions d'habitude traitées par le président de la République ont "un impact extrêmement fort sur les sujets français" et Mme Borne les "suit de très près", souligne-t-on à Matignon.

République "attaquée

Élisabeth Borne a invité récemment son parti Renaissance à se mobiliser "dès maintenant" pour les élections européennes de juin, face au Rassemblement national présenté comme favori de ce scrutin.

Mais le parti d'Emmanuel Macron n'a pas encore choisi sa tête de liste. La Première ministre n'a jamais dit si elle était intéressée.

Elisabeth Borne a pu en tout cas oublier quelques heures ses difficultés au Parlement français, où elle est privée de majorité absolue, ce qui l'a conduite à recourir une quinzaine de fois à un outil constitutionnel controversé, l'article 49.3, pour faire adopter certains textes sans vote. 

Lundi, pour la première fois, ce n'est pas elle mais le ministre chargé des Relations avec le Parlement, Franck Riester, qui a engagé la responsabilité du gouvernement avec cet article, sur une loi de programmation budgétaire.

Les chefs de gouvernement français et irlandais ont ouvert une conférence sur les "225 ans d’aspiration à la République" pour marquer "l'année des Français" qui, en 1798, participèrent à une éphémère rébellion irlandaise inspirée de la République française.

Au lendemain de la grande marche à Paris "pour la République et contre l'antisémitisme", Elisabeth Borne a prévenu que "le combat pour ces valeurs (républicaines) n'est jamais acquis". 

La République "peut être attaquée", a-t-elle mis en garde, en évoquant les victimes des attentats du 13-Novembre, dont elle a salué la mémoire dans la matinée à Paris, et les récents attentats islamistes contre des enseignants. Elle est aussi menacée par "la guerre aux frontières de l’Europe", "l’expansion des fausses nouvelles", et "les discours populistes et la démagogie (qui) accroissent la défiance envers les institutions".

Innovation

Sur le conflit au Proche-Orient, Mme Borne a assuré lors d'une conférence de presse que la position française n'avait "pas varié" et "est partagée par l'Irlande". Emmanuel Macron a durci le ton samedi, exhortant Israël à cesser les bombardements tuant des civils à Gaza.

La ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher a de son côté signé avec son homologue Eamon Ryan "une déclaration conjointe" pour "fixer le cap de la densification" de la coopération des deux pays en matière énergétique, sur le site du projet de liaison électrique sous-marine à haute tension Celtic Interconnector, destiné à raccorder le réseau irlandais au continent européen à l'horizon 2027.

Cette coopération "a un impact sur les négociations" à Bruxelles sur le marché européen de l’électricité, car même si l’Irlande n’est pas très favorable au nucléaire, elle a une ligne de neutralité sur ces discussions, fait-on valoir à Matignon.

Devant des entrepreneurs irlandais de la tech, Elisabeth Borne a vanté "l'économie de l'innovation" parce que "c'est en Européens que nous pèserons et que nous trouverons les innovations pour relever les défis devant nous", avant de rencontrer la communauté française en Irlande.

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