Au coeur de Calais
Bon vent, une brasserie à contre courant ?
Le centre-ville de Calais compte désormais sa brasserie. Ouverte le mois dernier, la microbrasserie Bon Vent se lance avec des ambitions dans un contexte à contre courant. Rencontre avec Jérémy Blot, son dirigeant-fondateur.
À deux pas de la mairie de Calais, une grande salle derrière un hall accueille le chaland. Au fond, l’équipement de la microbrasserie Bon Vent rutile. «C’est du bon matériel d’occasion. On a alterné avec le neuf» montre Jérémy Blot, le dirigeant et fondateur. Crée en février 2022, l’entreprise, loue et rénove ce lieu rue de la Pomme d’or. «Bon vent, c’est en référence au Port, à la mer. On fait de la bière US Pale Ale, de la west-cost en Middle Pale Ale et une belge qui s’approche de la triple. On s’est dit qu’il y avait quelque chose à faire ici. En centre-ville plutôt qu’à Calais Nord» explique le quadragénaire qui travaille avec son épouse.
Diplômé d’un master de marketing international à l’Université du Littoral et de la Côte d’Opale, il a travaillé une dizaine d’année en tant que chargé de mission pour le réseau de créateurs d’entreprises Initiatives France, au bureau de Lille. Il est depuis passé de l’autre côté en dépit d’un contexte qui inspire la prudence : «une étude de la profession dit qu’un brasseur sur 10 en France pourrait mettre la clef sous la porte. On a eu un pic cette dernière décennie jusqu’en 2021 avec plus de 2 000 brasseurs. Dans les années 1980, il en restait une dizaine» ajoute-t-il.
Contexte et diversifications
En sus, il ouvre dans un contexte inflationniste difficile : verre, plantes, arômes, énergie… Tous les coûts d’exploitation sont majorés. Ses ambitions sont mesurées : 200 à 240 hectolitres par an ; ouverture d’un bar sur 90 mètres carrés (sur les 180 que comptent l’ensemble) ; rénovation de salles de stockage et aménagement d’une terrasse sur cour. Un espace enfant, une scène, des expositions décorent le lieu. Ces revenus complémentaires doivent permettre de salarier deux personnes à plein-temps.
Le déclic vient à la sortie du confinement «on a beaucoup réfléchi et on brassait déjà en amateur depuis quelques années». Le top départ coutera 200 000 euros d’investissement. Soutenu par l'association des Cigales des Hauts-de-France qui sont actionnaires, des prêts d’Initiatives France, de la BPI, encadré par des garantis, il cherche du financement participatif en attendant les premières bières qui devraient sortir dans quelques jours.