Basée à Cucq
Bois, GNV, hydrogène : Agriopale ne manque pas d'énergie
Basée à Cucq, Agriopale est née de projets de diversification d'agriculteurs de la Côte d'Opale. Aujourd'hui, elle explore toutes les productions d'énergie à partir de biomasse.
« Nous n'avons pas de modèle de projet tout fait. A chaque fois, nous nous développons pour répondre à une demande, soit d'agriculteurs voulant se diversifier, soit d'un territoire. » En quelques mots, Camille Dusannier, chargée de mission environnement et énergie résume la philosophie d'Agriopale. Emanation d'une exploitation agricole basée à Cucq, l'entreprise familiale s'emploie à conserver le pragmatisme des gens de la terre.
Et après plus de 20 ans de diversification, l'entreprise familiale qui vient d'intégrer la première promotion de l'Accélérateur Transformation et Valorisation des déchets de BPI France. Un moyen d'aller plus vite encore vers de nouveaux projets. Et notamment vers l'hydrogène.
L'histoire de l'entreprise débute en 1999, avec la volonté de 5 agriculteurs de la côte d'Opale de créer une plateforme de compostage pour valoriser, sur les exploitations, des fumiers équins et des déchets verts. Vingt ans après, ce sont 11 plateformes, qu'exploite l'entreprise, notamment en réponse à des appels à projets lancés par des collectivités locales. Le compost est valorisé sur les exploitations des associés, ou revendu à des agriculteurs voisins.
Du compostage à la méthanisation
En parallèle au développement de cette activité, Agriopale entend monter une demande croissante par rapport à la valorisation du bois. En 2004, elle crée donc un pôle bois énergie. Celui-ci s'appuie sur la production de bûches, liée à un contrat avec l'ONF, et sur celle de pellets. « On a aussi toute une gamme de terres de jardin, avec des mélanges spécifiques, notamment pour les paysagistes, ajoute Camille Dusannier. Cela se développe depuis 3-4 ans. » Pour développer la commercialisation de ces produits, Agriopale s'appuie sur une filiale de commercialisation : Planète Terre, créée en 2005.
Sur sa lancée, Lorsque la France a autorisé l'injection de biométhane dans le réseau, Agriopale s'intéresse rapidement à la méthanisation. Un premier méthaniseur est mise en service en 2015 à St-Josse, à côté des bureaux de l'entreprise. Il injecte 250 Nm3 de gaz. « Aujourd'hui, nous avons sept unités qui injectent du biométhane dans le réseau, dont une, pour laquelle on gère juste l'épuration du gaz, à la brasserie Goudale », poursuit Camille Dusannier, qui précise aussi : « tous nos projets sont labellisés Rev3 ».
Stations-services et hydrogène vert
Souhaitant mieux gérer la chaîne de valeur sur cette nouvelle production, l'entreprise va même jusqu'à ouvrir des stations bioGNV. La première s'est ouverte à Saumur, dans le Maine-et-Loire, à proximité d'un méthaniseur monté avec un agriculteur et la collectivité locale, qui voulaient tous les deux verdir leur flotte de véhicules en les faisant rouler au GNV. Une seconde station ouvre à Arques en novembre 2020, 10 autres sont en projet, grâce à l'entrée au capital du fonds d'investissement régional Cap3RI. « Nous en avons une qui doit arriver à St-Laurent-Blangy, et une quatrième à Abbeville », détaille Camille Dusannier.
Avec son intégration à l'accélérateur de la BPI, Agriopale compte bien poursuivre son développement à un bon rythme. Les projets ne manquent pas. « Nous souhaitons optimiser nos sites de méthanisation, avec la valorisation du dioxyde de carbone. Nous voulons aussi développer la production d'hydrogène vert. L'objectif, c'est que nos stations bioGNV puissent vendre aussi de l'hydrogène. » De l'hydrogène qui serait produit sans électrolyse, à partir de biomasse, par exemple par pyrogazéification. Une technologie qui n'est pour l'instant pas mature, mais prometteuse. Rendez-vous dans cinq à dix ans...