Biocarburant 2ème génération C’est pour bientôt ?
Bernard Bigot, l’administrateur général du CEA a fait le point, à Bure, le 18 avril sur l’état d’avancement du projet de biocarburant deuxième génération baptisé «Syndiese» en présence de nombreux élus et acteurs économiques. La phase opérationnelle est désormais actée.
Après avoir reçu le feu vert du ministre de l’Économie et du développement durable, Delphine Batho, lors du dernier Comité de Haut Niveau réuni en février dernier à Bure, le dossier «Syndiese» va enfin entrer dans une phase plus concrète. Né en 2009, ce projet expérimental vise à démontrer la faisabilité technique et économique d’une chaîne complète de production BtL (Biomass to Liquid), sur un site unique allant de la collecte de biomasse jusqu’à la synthèse du carburant. À l’heure où le débat sur la transition énergétique se présage et où l’enjeu est de trouver des alternatives aux exportations des produits fossiles, les biocarburants deuxième génération pourraient apporter une partie de la réponse avec l’enjeu de lutter contre le réchauffement climatique. En initiant ce projet à proximité du laboratoire de Bure, le CEA (Commissariat à l’Énergie Atomique et aux Energies Alternatives) répond à l’obligation faite par la loi de 2006 d’accompagner économiquement la Meuse et la Haute-Marne. Si ce territoire a accepté de stocker des déchets dans son sous-sol (en attendant la décision des parlementaires), les donneurs d’ordre de la filière nucléaire doivent s’engager localement. Porté par le CEA et soutenu par les collectivités et l’État, le dossier «Syndiese» n’a pas été épargné par les difficultés, comme l’atteste la liquidation de la société allemande Chorem, qui devait dans ce projet apporter sa compétence pour la gazéification. Il a donc fallu trouver un autre expert. La solution est venue d’Air Liquid avec qui le CEA a contractualisé en décembre 2012.
Trois étapes
Les recherches des ingénieurs se précisent actuellement du côté de Grenoble où le procédé est testé en laboratoire. La prochaine étape sera de réaliser les tests grandeur nature sur le terrain meusien et haut-marnais, dès 2013. Après avoir engagé les recherches géologiques au premier trimestre sur un terrain de cinq hectares implanté à seulement deux kilomètres de Bure, le CEA devrait lancer les travaux de construction d’un bâtiment dès le deuxième semestre. À l’intérieur, un hall d’essai de 400 m2 et un laboratoire d’analyses et de mesures seront aménagés. Cette unité pilote sera une première en France et aura la lourde charge de relever le défi d’un prétraitement biomasse d’ici à 2014. Si la démonstration est avérée, le deuxième jalon sera posé entre 2015 et 2017 autour d’une unité de gazéification avant d’enclencher la troisième phase en 2018. Ce projet mise sur la conversion à terme de 75 000 T/ an de biomasse sèche issue de ressources locales forestières pour une production attendue de 22 000 t/ an de biocarburant. Présents lors de ce point d’étape, Christian Namy, sénateur-président du Conseil général et du GIP de la Meuse et Bruno Sido, son homologue de la Haute-Marne ainsi que Benoît Bonnefoy, le secrétaire général aux affaires régionales de la région Champagne-Ardenne ont tous réaffirmé leur attachement à ce dossier. Partie prenante et financeurs, les partenaires ont signé un protocole d’accord avec le CEA. Si la phase opérationnelle est désormais actée, reste à poursuivre les recherches et à boucler les financements. La première phase est d’ailleurs estimée à 30 millions d’euros.