Bigmat Delattre, de la destructionà la reconstruction
Le distributeur de matériaux de construction envisage la création d’un second point de vente sur la métropole lilloise pour renforcer son magasin d’Illies, à l’entrée de La Bassée. L’activité est passée du négoce de bois au début du siècle dernier à la vente de plus de 40 000 références de produits du BTP aujourd’hui.
Cent ans, année pour année : 2012, c’est l’année du centenaire pour Bigmat Delattre. L’existence de cette enseigne de la distribution aurait pu s’arrêter en 1914. Le site originel de l’entreprise à La Bassée avait été “complètement détruit”, raconte François- Xavier Delattre, l’actuel dirigeant, la 3e génération à la tête de Bigmat Delattre. La commune de La Bassée a été le théâtre d’opérations dès l’automne 1914. Et la bataille de La Bassée a fait partie de la course à la mer, une des ultimes phases de ce qui a été appelé la “guerre de mouvement” au début de la Deuxième Guerre mondiale. La ville avait été rasée, le site de l’entreprise Delattre avec. Car à l’origine, Bigmat Delattre s’appelait simplement Delattre. Du nom de Paul- Hilarion Delattre, le grandpère de François-Xavier, qui a créé l’entreprise en 1912. Le magasin faisait du négoce de bois importé de Finlande et de Russie et vendu à des menuisiers et charpentiers.
En 1914, l’entreprise est détruite mais pas anéantie. Après les bombardements, Paul-Hilarion Delattre décide d’installer son activité à Béthune. Ce n’est qu’en 1927 que l’enseigne retourne sur son site de La Bassée. Elle s’y développera jusqu’en avril 2009. Mais bien avant éclate le deuxième conflit mondial lequel, non plus, n’épargnera pas l’entreprise. Cette fois les bâtiments ne seront pas bombardés mais “les stocks seront perdus”. Delattre s’en relèvera assez vite.
En avril 2009, le développement urbain contraint l’entreprise à quitter la zone du port de La Bassée qui l’a vu naître. “Progressivement, le port de La Bassée est devenu le centre-ville, raconte François- Xavier Delattre. Nous ne pouvions plus nous développer en centre-ville.”L’entreprise ne s’éloigne pas de La Bassée, s’installant à Illies la commune voisine, dans la zone d’activité des Auwilliers. Le site s’étend sur 2,5 hectares avec showroom, magasin libre-service, entrepôt de stockage…
François-Xavier Delattre avait déjà pris le relais. C’est en 1981 que lui et son frère Bernard, aujourd’hui à la retraite, reprennent l’entreprise à leur père. Ce dernier l’avait luimême reprise en 1945 à Paul- Hilarion. La reconstruction de l’Europe dévastée de l’aprèsguerre va donner un coup de fouet à l’activité de Delattre.
“Tout pour le bâtiment”. En 1984, Delattre devient Bigmat Delattre. Appellation qui n’est pas sans lien avec l’essor qu’a connu l’activité. “C’est une chaîne de distribution de matériaux qui vend du carrelage, de l’isolation, de la menuiserie, de la plâtrerie, etc. C’est-à-dire ‘tout pour le bâtiment’, une enseigne de distribution de matériaux généraliste.” Environ 47 000 références de produits sont commercialisées chez Bigmat Delattre. Des “produits de qualité” importés à 30% d’Europe, le reste de France. L’exportation, très limitée, est orientée vers la Belgique. “Un négoce de matériau a un rayon d’activité de 30 km maximum”, indique François- Xavier Delattre. Le dirigeant projette de créer dans les années à venir un deuxième point de vente sur la métropole lilloise. La 3e génération de dirigeants va aussi développer la vente vers le particulier. Car avant François- Xavier et Bernard, l’entreprise ne vendait qu’aux professionnels. Bigmat Delattre emploie aujourd’hui 23 salariés pour un chiffre d’affaires de 7 millions d’euros. Un chiffre d’affaires qui, fin 2012, pourrait avoir doublé sur les trois dernières années, pense le dirigeant. Pourtant, en cette année du centenaire, l’activité ne montre pas plus d’allant que par le passé en raison “du ralentissement dans le bâtiment”. La performance aurait été meilleure encore si la crise de 2008 n’avait “freiné” le développement de la PME. Ce qui, en définitive, fait dire à François-Xavier Delattre que le secret de la réussite de l’entreprise c’est sa “capacité à s’adapter aux crises”. Mais aussi “à la qualité de nos produits”, ajoute-t-il.