Bientôt une centrale hybride dans le Cambrésis ?

Sur l’ancienne base aérienne de Niergnies, rachetée par la communauté d’agglomération de Cambrai, une centrale de production et de stockage d’hydrogène viendrait se coupler à la centrale photovoltaïque déjà prévue à l’horizon 2014.

Bientôt une centrale hybride dans le Cambrésis ?

 D.R.

L’illustration de l’invitation officielle. Un parc de panneaux et les dômes d’une centrale sont réunis.

Le 28 novembre, à l’Assemblée nationale, une «lettre d’intention» a été signée par la communauté d’agglomération de Cambrai (CAC) et l’entreprise allemande Enertrag, spécialisée dans les énergies nouvelles (voir encadré). Objet : concrétiser dans le Cambrésis, a priori à Niergnies, à la fois un projet de centrale électrique photovoltaïque composée d’un parc de panneaux posés au sol (déjà annoncé) et une centrale de production d’hydrogène, avec système de stockage. Il s’agirait donc d’une «centrale hybride» dont la partie photovoltaïque a été annoncée pour 2014.
Ce protocole a été conclu en présence notamment de Matthias Platzeck, ministre-président du Land de Brandebourg,  de Jean-Louis Bal, président du Syndicat des énergies renouvelables (voir encadré), et de François-Xavier Villain, député-maire de Cambrai et président de la CAC.
Ce projet, évalué à 80 millions d’euros, correspondrait à une première du genre en France. Encore faut-il qu’il se fasse bien. Des conditions sont en effet encore à réunir : les résultats d’une étude de faisabilité, l’obtention de fonds d’Etat et européens, l’état des tarifs de rachat de l’électricité… La phase de réalisation sera de toute façon précédée de la signature d’un contrat de coopération.

 Sur l’ancienne base aérienne de Niergnies. Ce protocole récent, qui porte sur la conception, le développement et la réalisation d’une centrale de production et de stockage d’hydrogène, est à rattacher à une promesse de bail emphytéotique signée le 11 octobre 2010 entre la CAC et la société Enertrag, en vue d’implanter un parc solaire photovoltaïque de 90 ha sur l’ancienne base aérienne de Niergnies (320 ha). Elle est située sur les communes de Niergnies et de Séranvillers-Forenville. On parlait à l’époque d’un coût de 90 millions pour l’entreprise. L’intercommunalité a acheté cette friche militaire à l’Etat en juillet 2011 et a eu déjà l’occasion de présenter ce qu’elle comptait en faire : accueillir le parc en question (dans un lieu où le pâturage des moutons serait organisé) ; le maintien des activités de l’aéroclub existant ; l’aménagement d’un golf sur 55 ha ; un petit programme de logements… Tout cela sera confirmé ou non avec l’avancement des projets.

 Un précédent en Allemagne. Pourquoi ce nouveau projet avec Enertrag ? Selon un communiqué du service de communication de l’entreprise, il intervient «après la conception réussie et la mise en service d’une centrale hybride en Allemagne, à Prenzlau, liant une centrale biogaz à trois éoliennes et une unité de production d’hydrogène». D’où ce projet, inédit en France, de la société allemande qui souhaite développer une installation semblable couplée à une centrale photovoltaïque de 60 MWc.

D.R.

Une vue de l’ancien aérodrome de Niergnies, au sud de Cambrai. La communauté d’agglomération de Cambrai a racheté les quelque 320 ha en juillet 2011. Après des années d’attente.

La base militaire désaffectée, située au sud de Cambrai, répondait aux critères d’implantation de la société.

«L’hydrogène produit, précise le service communication, pourrait être utilisé comme carburant dans le secteur des transports, être directement injecté sur le réseau de gaz naturel, ou déstocké grâce à un système de pile à combustible ou un groupe électrogène avec moteur de gaz.» Le projet demande donc encore à être affiné.
Notons que des véhicules Mercedes et BMW roulent déjà avec des moteurs fonctionnant à l’hydrogène liquide. Et notons encore que lors de la même cérémonie, Enertrag a signé également une lettre d’intention avec Sergies, une société d’économie mixte du département de la Vienne. Elle porte, précise-t-on, sur leur coopération dans le cadre des prochains appels d’offres photovoltaïques de la commission de régulation d’énergie…

Enertrag et le SER en bref

− Enertrag. Le groupe familial allemand se présente comme «l’un des plus grands producteurs énergétiques européens» avec cette particularité de ne travailler qu’avec les énergies renouvelables. Elle totalise plus de 430 collaborateurs et des filiales dans cinq pays, dont la principale en France. Elle dit exploiter environ 500 éoliennes d’une puissance totale installée de 860 MW, produisant chaque année environ 1,9 milliard de kWh, ce qui couvrirait les besoins annuels d’environ un million de personnes. Le groupe explique qu’il gère des développements de projets, construit et exploite des parcs éoliens et photovoltaïques. Son chiffre d’affaires dépasserait les 250 millions d’euros. En France, la filiale française indique totaliser et disposer de plus de 415 MW de permis de construire accordés dont 150 MW en exploitation. Le site internet d’Enertrag donne accès à d’autres informations.

− SER. Le Syndicat des énergies renouvelables a été créé en 1993. Il représente, selon son site, l’organisation industrielle française des énergies renouvelables et regroupe l’ensemble des secteurs : biomasse (France biomasse énergie), bois, biocarburants, énergies marines, éolien, géothermie, hydroélectricité, pompes à chaleur, solaire photovoltaïque (Soler), solaire thermique et thermodynamique. Il affiche la vocation de promouvoir les intérêts des industriels et des professionnels des énergies renouvelables auprès des pouvoirs publics, du Parlement et de toutes les instances en charge de l’énergie, de l’industrie, de l’emploi et de la recherche. Au 1er septembre 2012, le Syndicat des énergies renouvelables regroupait, dit le site, 480 adhérents et représentait un chiffre d’affaires de 10 milliards d’euros ainsi que 80 000 emplois dans le domaine des énergies renouvelables.